Prologue

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La rentrée universitaire était à présent passée de quelques jours et il aimait déjà se retrouver dans la bibliothèque du campus. Le silence et l'odeur des livres avaient toujours eu sur lui un pouvoir d'attraction. Mais le plus important surtout, c'était qu'elle était là. Ils avaient seulement quelques cours en commun. À chaque fois, il était assis deux rangs derrière elle, un peu en décaler. Il pouvait donc l'observer. Son visage devenait sérieux quand elle se concentrait, elle se frottait le front quand elle ne comprenait pas les explications du professeur. Ou encore quand elle remettait une mèche de ses cheveux derrière l'oreille quand elle était en pleine réflexion.

C'était l'occasion pour lui de se jeter à l'eau et d'aller lui parler. Il se planta devant la table où elle était assise. Il ignorait comment l'aborder pour attirer son attention. Sans prononcer un seul mot, son vœu fut exaucé. Elle leva les yeux vers lui, cependant son regard était méfiant.

― Salut, je m'appelle Arnaud. On est ensemble en cours d'histoire, je suis assis deux rangs derrière toi. J'ai raté le cours de jeudi. Est-ce que tu pourrais me passer tes notes ?

Ce n'était vraiment pas terrible comme entrée en matière et son excuse était complètement bidon mais...

― Euh oui, bien sûr, accepta-t-elle finalement. Excuse-moi d'être aussi méfiante mais tu n'oublieras pas de me les rendre ?

― Pas de problème, c'est promis, lui jura-t-il.

Elle lui tendit un bloc notes.

― Moi c'est Louise Cardonnel, lui dit-elle en souriant.

― Enchanté Louise, lui répondit-il en prononçant son prénom pour la première fois.

― Tu peux m'appeler Lou.

― D'accord. Alors tu fais des recherches pour le cours ? lui demanda-t-il en désignant le petit tas de livres posé devant elle.

Tous traitaient de légendes et mythologie.

― Non, ça, c'est personnel, lui expliqua-t-elle visiblement gênée.

Elle essaya de cacher comme elle put, la page à laquelle le livre était ouvert.

― Sur la lycanthropie ? s'empressa-t-il de la questionner.

― Oui, lui répondit-elle en rougissant.

Il se mordit l'intérieur de la joue et regrettait amèrement sa curiosité. Il ne voulait pas la mettre plus dans l'embarras. Il prit ses notes, lui demanda son numéro de téléphone portable, qu'elle lui donna sans rechigner, et la laissa à ses recherches.

Il trouvait étrange qu'une fille comme elle s'intéresse aux légendes sur les loups-garous. Peut-être aurait-il dû lui filer un coup de main, lui, les loups-garous ça le connaissait et c'était peu dire.

Dans sa famille, on est chasseur de loups-garous de père en fils. Le grand spécialiste dans la famille, c'est son grand-père. Il n'y a qu'à regarder son tableau de chasse pour comprendre. Il lui avait d'ailleurs raconté chacune de ses parties de chasse, ainsi que celles de leurs ancêtres.

Une hypothèse peu probable s'insinua dans son esprit, et si elle était un loup-garou. Impossible se disait-il, Louise n'a ni la carrure d'un loup-garou, ni leur caractère lunatique, pour ce qu'il en savait. Dans le doute, il appela le seul qui pourrait avoir la réponse et lui enlèverait ce terrible doute.

― Salut Grand-père, salua-t-il dès que son aïeul décrocha.

― Bonjour Arnaud, comment se passe ta vie d'étudiant ?

― Bien mais j'ai une question importante à te poser. Est-ce qu'il est possible qu'un loup-garou puisse vivre en communauté ? le questionna-t-il sans perdre de temps.

― C'est très rare. Ils sont tellement lunatiques que les hommes ne supportent pas leurs changements humeurs. Ils sont par nature solitaires.

― Même quand ils sont jeunes ?

― Particulièrement quand ils sont jeunes et qu'ils viennent d'être mordus. Ils sont incapables de se contrôler. C'est pour cela qu'ils sont exécrables, invivable. Non, il ne pourrait pas supporter de suivre des cours dans une université si c'est ta question.

― Ils ne supportent jamais l'argent même sous forme humaine ? lui demanda-t-il tandis qu'une idée germait dans son esprit.

― Jamais. Pourquoi toutes ces questions ? s'impatienta le vieil homme.

― Tu me dis toujours de suivre mon instinct. Et j'ai un doute sur une fille mais elle parait si humaine, normale.

Son grand-père émit un grognement.

― Il y a bien une vieille histoire sur une espèce mi-loup mi-homme mais cette famille a été éradiquer, il y a plusieurs années maintenant. C'était bien avant ta naissance.

― Tu en es parfaitement sûr ?

Son grand-père soupira.

― Renseigne-toi sur cette fille. Et si c'est bien le cas cette fille est un monstre, une erreur de la nature. Tu m'entends ? Si c'est vrai, tu dois la tuer mon garçon, lui ordonna-t-il sans équivoque.

― Merci grand-père.

Le jeune homme raccrocha. Il était encore plus troublé qu'avant son appel.

Demi Lune * sous contrat d'édition*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant