5. Nouvelles Règles

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Devant la poêle à pancakes, je bâillais à m'en fissurer la mâchoire. J'étais épuisée. J'avais à peine eu le temps de prendre ma douche. J'étais tellement pâle que j'aurais pu être figurante sur le tournage de Walking Dead, avec mes yeux cernés. Et que dire de ma tenue vestimentaire... legging noir et débardeur blanc. Je faisais peine à voir !

Et pour cause : j'avais eu autant de mal à m'endormir qu'à me réveiller. Ma nuit avait été plus que perturbée, au point de penser qu'un rouleau compresseur m'était passé dessus. Chaque fois, c'était la même chose. Le même rêve érotique (et là, il ne s'agissait plus du rouleau, mais de Rick !). La même impression qu'il tenait toujours mon poignet. Si bien que j'étais allée jusqu'à toucher l'endroit même où sa main m'avait brûlée. Des dizaines de fois !

Il ne m'avait pas fait mal. Pas comme la première fois. Là, c'était aussi possessif que tendre. Et j'avais aimé.

J'aimais toujours. À cause de ce rêve. J'avais tant fantasmé sur son geste, toute la nuit, que ma tête s'était persuadée que tout avait été bien réel. Ses lèvres dans mon cou. Sa main libre sur ma nuque. L'autre maintenant mon poignet au-dessus de ma tête enfoncée dans son oreiller. Son bassin pressant le mien. L'odeur de brûlé du dernier pancake.

Merde... Ça, ça ne faisait pas partie du rêve. Je m'agitai soudain. Le pancake rejoignit la poubelle. Si quelqu'un m'avait surprise à cet instant, la bouche ouverte, les yeux fermés, la tête rejetée en arrière, accaparée par mon fantasme, j'aurais été comme ce pancake... GRILLÉE !

Tant pis. Pas le temps de préparer une autre pâte. Il n'en aura que cinq ce matin.

Déjà 9 h 30, soit une heure et demie de retard...

Le plateau. Sirop d'érable. Café avec une larme de lait.

Je fis la moue devant son mug. Perchée dans mes pensées (sacrément bonnes pensées), j'en avais oublié de déjeuner.

Trois gorgées. Juste trois petites gorgées...

Je me tapotai doucement les joues pour me réveiller et surtout paraître moins blafarde, et je pris le plateau.

Devant la porte de sa chambre, je marquai une pause. Réfléchissant à ce que je devais faire après la discussion vraiment très intime de la veille au soir. Devais-je continuer à ignorer ce truc qui me faisait orgasmiquement bien rêver ? Ou le laisser m'offrir du plaisir ? Juste s'amuser ? Simplement vivre trois mois différents de ma routine new-yorkaise ?

Et après ? Tout oublier et repartir comme si de rien n'était ?

Bizarrement, nos jeux de réponses et d'aveux me plaisaient, comme d'excitants préliminaires.

Alors, nous allions jouer.

Sans frapper, je pénétrai dans ce qui commençait à devenir mon ring de boxe préféré. La lumière du soleil m'éblouit, je plissai les yeux. Pas longtemps. Ils s'écarquillèrent à la vue de son sexe dressé.

— Bonjour, articula-t-il d'une voix pâteuse. Je ne vous ai pas entendue frapper.

Il s'étira lentement en bâillant.

Mes mains ne savaient que faire du plateau. Ma tête s'évertuait à trouver une solution pour mes mains. Mes pieds gigotaient au bout de mes jambes pour aider ma tête. Ma bouche se manifesta enfin.

— Bon sang, Rick, couvrez-vous !

Il s'exécuta tout en bafouillant :

— Oh. Désolé, c'est... Je ne le contrôle pas. C'est comme ça tous les...

Brisé(e) (BlackMoon Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant