2. Prince du Passé

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« Salut Chiara ! Ça fait un bail ... Du coup, je me suis dit « Et si tu prenais de ses nouvelles ? » ahah :-) Ça te dirait un café ? »
Je relis à plusieurs reprises ce message banal et pourtant totalement chou émanant de la personne la plus improbable du moment : Lucas. J'ai du mal à réaliser. Mon cœur hésite entre le ravissement et l'horreur jusqu'au moment où mes yeux croisent leur reflet. Oui, j'opte pour l'horreur. Comment lui montrer la décevante et pâle copie de celle qu'il a connue autrefois ? Avec lui, une part merveilleuse de mon passé remonte à la surface. Dans les moments difficiles, je me suis souvent imaginée comment aurait pu être la vie à ses côtés.J'avais en tête un monde parallèle où une autre moi, sublime, sûre d'elle et n'ayant fait aucun mauvais choix évoluait. Ça m'aidait à tenir mais là ...

Je me détaille un peu sous le regard des passants consternés par l'attitude d'une fille visiblement folle d'elle alors que bon, elle n'a pas vraiment de quoi. Et en effet, il n'y a vraiment rien de bien fameux là-dedans : une taille « L » qui tend à s'élargir un peu plus, un visage bouffi à peine amélioré par des cheveux auburn. Quant à mes yeux ... Ils ont perdu leur pétillement.La joyeuse Chiara a été engloutie par six années de déconvenues.

Je jette un nouveau coup d'œil à mon smartphone et la tentation devient trop forte. Il faut que je le revois, même simplement pour le plaisir des yeux, pour l'amour d'un passé révolu qui n'aboutira sur aucun avenir radieux. Mais hors de question que lui sache ce que je suis devenue. Je n'ai pas évité les réseaux sociaux depuis tout ce temps afin que personne de mon lycée ne voit qui je suis à présent pour tout foutre en l'air sur un coup de tête. J'ai conscience que le stratagème qui germe dans mon esprit détraqué ne semble pas viable mais c'est le seul que j'ai alors advienne que pourra !

Comme dans ces films romantiques peu réalistes, je me mets à courir le plus vite que je peux pour rejoindre la bouche de métro la plus proche. Malheureusement, je n'ai rien à voir avec ces héroïnes fantastiques car si leur course continue jusqu'au moment où elles tombent pâmées dans les bras de leur âme sœur, moi j'atterris lamentablement sur le bitume froid, le souffle court. Je récolte même des ricanements et commentaires moqueurs d'un groupe d'étudiants au passage. Je hais ma vie. Je me relève malgré tout parce que le ridicule ne tue pas - ça vaut mieux pour moi –et me remets en route plus calmement pour retourner à mon appartement.

Arrivée devant chez moi, j'hésite. J'en viens même à prier pour que ma colloc' ne soit pas là ou me dissuade de faire ça. C'est complètement fou ! J'inspire profondément, finalement ferme dans mes résolutions, et ouvre la porte en trombe, la main restant sur la poignée comme une caricature théâtrale de moi-même. La déception de ne voir personne répondre à mon entrain fait bientôt place à de l'incrédulité. Le salon est vide. Non, elle ne peut pas ne pas être là alors que je suis décidée. Ne prenant même pas la peine de refermer derrière moi, je me précipite dans sa chambre avec une certaine sauvagerie qui lui fait lever les yeux de ses ongles de pieds qu'elle vernissait, surprise. La joie m'envahit et je lance d'une voix de stentor :

- J'ai besoin d'un service !


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Chapitre 3 débloqué sur Fyctia, alors je poste le 2 ici.

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Double Je SMSWhere stories live. Discover now