Prologue

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(Note de l'auteure : vous êtes plusieurs à m'avoir demandé de vous allécher avec quelques chapitres consacrés à Declan. Comme il est sous contrat éditorial, je ne peux pas tout vous dévoiler, mais pour celles que ça intéresse malgré tout, voici quelques chapitres à venir. Bonne lecture et bienvenue, une nouvelle fois peut-être, dans la famille Mordret :) )


J'avais exercé un odieux chantage à l'égard de ma cousine pour obtenir un rencard avec sa secrétaire, ce qui expliquait sans nul doute la grimace haineuse qu'elle me dédiait depuis plus d'une heure au restaurant. J'avais opté pour un dîner au fabuleux Lancelot et Merryn avait pris le parti de me contrer en sélectionnant tout ce qu'il y avait de plus cher sur la carte. Je m'amusais de son dédain affiché tout en reluquant son décolleté encore plus fabuleux que les mets délicieux dans notre assiette. Merryn était une femme sublime et elle n'avait pas lésiné pour me le montrer. Petite vengeance pour me châtier du procédé malhonnête dont j'avais usé pour l'attirer ici. Je ne m'en voulais pas le moins du monde. Je ne regrettais pas d'avoir fait chanter Béni pour la contempler de l'autre côté de la table ce soir, moulée dans sa robe de dentelles blanches, rehaussant le faible hale de son corps. Je ne regrettais pas sa petite moue méprisante et son regard vert de jade faussement furibond, dissimulant très mal l'effet que je lui procurais. Elle n'arrêtait pas de lorgner en direction de ma chemise au premier bouton défait ou vers mes mains lorsque je saisissais ma coupe à pied. Je me demandais ce qu'elle imaginait en les contemplant de la sorte. Imaginait-elle qu'elles se posaient sur ses hanches pour l'attirer vers les miennes ou sur sa nuque pour l'entraîner dans un baiser violent et passionné ? J'ignorais ce que son esprit contradictoire pouvait concevoir, mais le mien ne tarissait pas d'imagination quant aux positions dans laquelle je souhaitais la placer. Je voulais l'admirer nue depuis des lustres. Je la désirais si violemment que je manquais à tout discernement depuis des mois.

— Merryn, vous comptez m'ignorer toute la soirée ?

— Je compte faire en sorte que cette soirée soit la plus effroyable de votre vie.

La partie était lancée.

— Dans ce cas, vous auriez dû venir vêtue d'un sac, pas d'une robe aussi sexy.

Elle baissa les yeux sur sa toilette et fronça les sourcils.

— Pour vous montrer ce que vous n'obtiendrez jamais.

— J'obtiens toujours ce que je veux.

— Vous êtes trop confiant, Monsieur Mordret.

— Declan, nous ne sommes pas au travail, Merryn. Je ne suis pas votre patron ce soir.

— Non, uniquement un infâme maître-chanteur. C'est votre façon habituelle d'obtenir ce que vous désirez ?

Je tapote mes lèvres de l'index. Merryn en suit le tracé, comme si elle était hypnotisée par mes doigts.

— Dans la mesure où vous ne me supportez guère plus de quelques minutes devant votre bureau, j'en ai conclue que c'était le moyen le plus sûr et le plus rapide de vous conquérir.

— Me conquérir ? C'est un bien grand mot.

— Pas pour moi.

— Vous êtes trop arrogant.

— Confiant, tout au plus.

— Pédant.

— Attirant.

Elle hausse un sourcil et un sourire authentique se dessine enfin sur ses lèvres.

— Agaçant, Monsieur Mordret. Vous êtes aussi désirable qu'une scolopendre.

— Quant à vous, vous êtes sublime.

J'eus au moins le mérite de lui clouer le bec les minutes suivantes, jusqu'à ce qu'elle retrouve son sens de la répartie :

— Vos flatteries trouvent sûrement écho auprès de vos Bimbos habituelles, mais je ne suis certainement pas l'une d'entre elles. Vous devrez trouver mieux si vous comptez me conquérir.

— Oh, pari tenu, Merryn.

Ce pari transforma l'heure suivante en un mélange de joutes verbales et d'allusions sexuelles à peine masquées, ce qui précipita sans doute la fin de soirée dans mon appartement où je découvris une Merryn secrète, délicieuse et apocalyptique qui me sortit de ma léthargie. Ma conscience me souffla à maintes reprises à quel point c'était une mauvaise idée de me laisser autant aller avec elle en lui dévoilant une facette de ma personnalité, mais mon corps eut raison de ma volonté. M'enfoncer en elle était si intense que j'avais la sensation d'en porter les stigmates à même ma chair. C'était trop. Trop violent, trop brutal, trop enflammé. Manier son corps, l'entendre crier, gémir, affoler mes sens, la pénétrer, en éprouvant la pression de son intimité sur la mienne, tout était volcanique.

Merryn était volcanique.

Ce fut sans doute pour ces raisons que lorsque je découvris la place vide à mes côtés le lendemain matin, quelque chose de violent et de menaçant s'insinua dans ma poitrine. Tout d'abord, je fus partagé entre la stupéfaction en comprenant qu'elle s'était sauvée, comme j'aurais été tenté moi-même d'agir avec une autre fille, et le soulagement, ma raison me hurlant que c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver, puis la colère prit le pas sur tout le reste.

Ce qui provoqua sans doute le déclenchement de mon système d'autodéfense. Et tout ou presque de ce qui allait survenir par la suite serait une odieuse manipulation pour aboutir...


Hidden Desire - Black Ink éditionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant