Chapitre 9

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Dire que je n'avais pas de chance serait un euphémisme.

– Je n'ai pas de chance, affirmai-je tout de même.

Amon me lança un regard noir, qui voulait clairement dire que j'avais intérêt à la boucler. Nous étions de retour dans Paris, les immeubles démolis et la poussière noire qui était présente partout sur le sol me le confirmaient assez bien. Et pour ne pas changer de nos bonnes vieilles habitudes, nous étions en train de marcher, encore et toujours, à la recherche d'une chose toujours aussi difficile à trouver. Ô joie.

L'unique bon côté des choses étant que nous avions été téléportés exactement à l'endroit où nous étions avant, ce qui voulait dire que j'avais pu récupérer toute la nourriture que j'avais planquée ! Le plus mauvais étant que justement on avait dû abandonner notre refuge si durement trouvé...

– On est encore loin ? demandai-je pour penser à autre chose, en croquant dans une pomme.

– Je ne sais pas. Et Leg ? reprit Amon après un temps de silence.

– Ouii ? m'exclamai-je la bouche pleine.

– Tais toi, mais vraiment, dit-il d'un ton froid.

J'avalai tout rond, m'étouffant à moitié. Il pouvait vraiment être méchant parfois.

Soupirante, je me laissai légèrement distancer histoire de prendre du recule, et de le laisser tranquille par la même occasion. Je détestai marcher, c'était un fait, mais je ne supportai pas qu'il me crache toute sa haine dessus à longueur de temps. OK, je n'étais pas la partenaire la plus agréable ou la plus utile qui soit, mais j'étais là, et je ne voulais pas servir de souffre douleur à Amon, pour finir par mourir dans ce Jeu ! Mes yeux s'étrécirent et mon souffle devint plus rapide à mesure que ma colère augmentait.

Je refermai mes dents sur la pomme dans un craquement sec, gonflée par la rage qui m'animait.

Quand j'étais plus jeune, tous les autres enfants se moquaient sans cesse de la couleur orangée de mes cheveux. Combien de fois on était venu m'offrir des carottes en rigolant alors que je rentrai à peine à l'école ? Plus tard, Amon entra dans ma vie et ce fut le début de ma descente en enfer. Je ne lui avais jamais rien fait mais il décida tout seul que je serais son bouc émissaire. Les premières années je l'avais laissé faire, à seulement cinq ou six ans je n'étais ni violente ni méchante ; mais plus le temps passait et plus je me défendais, commençant même à devenir vicieuse voir mauvaise, puis râleuse à longueur de temps.

Le Amon de maintenant n'aimait peut-être pas ma personnalité, mais c'était lui qui m'avait forcée à devenir comme ça ! Lui et uniquement lui !

Je balançai le trognon de la pomme le plus loin possible, essayant en vain de faire sortir toute cette colère qui me consumait de l'intérieure. Je secouai la tête pour reprendre mes esprits, et vis qu'Amon ne m'avait pas attendu et se tenait plusieurs mètres devant. Je serrai les dents puis me précipitai à sa suite.

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Les yeux dans le vague, je continuai ma marche, d'un pas tranquille. Même si j'étais loin d'être calme. La soudaine rage injustifiée d'Amon à mon égard n'était toujours pas passée, aussi demeurai-je à ses côtés sans parler, comme il me l'avait demandé.

On marchait toujours, avec un but bien sûr. Sauf que ce fameux objectif était encore plus difficile que le premier, à savoir trouver la sortie d'une forêt gigantesque.


~ FLASH-BACK ~

Je n'avais pas écouté le discours du président, et visiblement j'aurais mieux fait vu tous les regards affolés autour de moi.

Un long soupir s'échappa de ma bouche et je me massai les tempes, essayant vainement de me convaincre que rien ne pourrait être pire que les ours. Mon esprit dériva une demi-seconde de trop sur le visage de la fille décapitée dont je ne connaissais toujours pas le nom. Peut-être ne le connaîtrai-je jamais, au même titre que son corps ne récupérera jamais sa tête... Brr.

Amon m'agrippa la manche de ma veste et me tira à sa suite un peu à l'écart des autres. Je louchai sur sa poigne, et remarquai que mes vêtements étaient encore plus moches qu'avant. A la base le pantalon en toile était marron, et le manteau d'une couleur inconnue à ma connaissance, oscillant entre le blanc verdâtre et le bleu clair. Maintenant, le tout était difforme, couvert de poussière noir et déchiré à plusieurs endroits, seul l'élastique fourni pour mes cheveux semblait tenir le choque. Je ne parlai même pas de mes chaussures qui avaient rendu l'âme depuis longtemps. Et ça ne faisait que trois jours.

– Il se passe quoi ? chuchotai-je à Amon.

– Tu pourrais écouter ! souffla-t-il en se pinçant l'arrête du nez et me dardant d'un regard mauvais.

– Mais dis ! criai-je, exaspérée de voir que tout le monde savait quelle serait la prochaine épreuve, sauf moi.

Le garçon me regarda droit dans les yeux, me faisant frissonner devant l'intensité du bleu que ses iris renfermaient.

– On va retourner dans la ville là... Paris ! commença-t-il sans me lâcher du regard et en semblant mâcher ses mots. Et le but de l'épreuve c'est de trouver le duo avec lequel on a été tirés au sort, sauf qu'eux aussi nous cherche, et ce dans toute la ville...

~ FIN F-B ~


Je soupirai une énième fois. J'avais faim, j'avais soif, j'avais mal aux pieds. Et peu importe combien nous marchions, tous les paysages se ressemblaient. Ah, et aurai-je oublié de préciser que j'en avais marre ?

Le soleil se couchait déjà, et personnellement je ne voyais toujours personne. On était encore dix équipes présentes dans cette ville, pourtant en une journée de marche... Rien. Nada. Dire que les dix autres équipes n'ayant pas réussies l'épreuve de la forêt avaient eu tout le temps de se faire fusiller...

Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale, me faisant légèrement claquer des dents. Je trébuchai sur une pierre, et m'étalai tête la première sur le sol. Je me redressai aussitôt en jurant, toussant et crachant la poussière charbonneuse que j'avais avalée.

– Pfff... marmonna Amon en me regardant comme si j'étais un insecte particulièrement nuisible.

Le regret d'avoir déjà balancé le trognon de pomme me tiraillait le ventre. Parce que là il aurait été très uti

– Oh ça va ! grognai-je en m'époussetant les mains. Puis autant se trouver un abri là, il va bientôt faire nuit.

– Ouais, bah cherche je t'en prie.

Je roulai les yeux et attendis calmement que môsieur daigne m'aider. Après tout on était censés trouver Rhymer et sa partenaire le plus vite possible... Dans cette épreuve, les deux dernières équipes à se retrouver seraient éliminées. Or pour ça, il fallait justement faire un travail d'équipe. Ce que ne semblait pas saisir Amon.

Je balançai ma tête en arrière pour pouvoir admirer le ciel grisâtre. Mes yeux se fermèrent tous seuls. On était très loin d'être tirés d'affaire...

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Salut la compagnie ! :D

Un chapitre pas super intéressant, mais tout de même important. Je sens que je vais m'amuser à les faire chercher Rhymer et sa partenaire dans tout Paris xD Souhaitez leur bonne chance, ça risque d'être dur :P Surtout avec un Amon tête à claque dans ce chapitre. 

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A bientôt pour la suite ! 


Le Jeu : SurvivreOnde histórias criam vida. Descubra agora