- Je ne cherchais pas à être mature.

Il sourit.

- Allons, milady.

- Ce n'est pas une lady ! cria Lady Persley en tapant du pied. C'est une gouvernante ! Pas une lady ! Vous ne devriez pas lui parler ainsi ! Vous devriez la faire fouetter pour m'avoir giflée !

- C'est vous que je vais faire fouetter si cela vous fait taire.

Je lui avais rarement entendu un ton si glacial et coupant. Je souris à Persley avec un miel et une moquerie apparents.

- Vous n'êtes pas en position de me parler sur ce ton, poursuivit Ryker. Vous mentez sans vergogne à mon propos et agissez comme une fille de joie abandonnée par son protecteur ! N'avez-vous donc aucune honte ? Aucune fierté ? Lorsque vous agirez à nouveau comme une véritable lady, peut-être vous considérerai-je comme telle. En attendant, faites profil bas.

Elle fondit en larmes et j'eus une terrible envie de rire. Jedrek devrait ressentir la même chose parce qu'il se détourna en toussant.

- Vous venez marcher dans les Jardins avec moi, milady ? me demanda-t-il avec douceur. J'ai bien besoin d'air et votre compagnie me ravit toujours.

- Avec plaisir, Votre Altesse.

Je glissai ma main dans le creux de son coude et le laissai me guider dans les Jardins. L'air était frais, vivifiant. Il inspira à plein poumons.

- Quand êtes-vous sorti ? le questionnai-je dès que nous fûmes à l'écart. Nous pensions descendre ce soir.

- Ma mère a enfin eu gain de cause auprès de mon père. Elle lui a promis que je ne lui répondrais plus de façon aussi impolie et virulente et que je ne m'opposerais plus à lui.

- Comptes-tu le faire ?

Ryker regarda Jedrek, un sourcil haussé, l'air las et agacé.

- Ai-je le choix ? Si je lève encore la voix sur lui ou si je prononce une opinion contraire à la sienne, il me fera pendre.

- Il vous tuerait alors que vous êtes son seul héritier ?

- Il me passera la corde autour du cou lui-même s'il le faut.

Je frémis.

- Ne vous en faites pas. Je me contenterai de me taire face à lui.

- Je n'en attendais pas moins de toi, se réjouit Jedrek.

Le Prince roula des yeux. Nous entrâmes dans la Serre où il faisait bien plus chaud qu'à l'extérieur. Il faisait presque trop chaud pour moi, en fait.

Nous nous assîmes sur un banc. Jedrek s'excusa et nous laissa seuls. Un malaise naquit, nouant mon estomac. Ma gorge s'assécha et je devins affreusement consciente de notre isolement. De sa proximité. C'était bien la première fois que la promiscuité avec un homme me mettait dans un tel état.

- Retrouver la lumière du soleil me fait un bien fou, soupira le Prince en offrant son visage aux rayons amplifiés par les vitres de la Serre.

- Vous avez su dormir ces dernières nuits ?

- Un peu. Ils se sont mis dans la tête de chanter sans cesse. Ce n'est plus aussi terrifiant quand ils ne hurlent plus comme des harpies.

Je souris.

- J'ai fait des recherches sur eux mais je n'ai rien pu trouver, avouai-je. Je n'ai pas pu m'aventurer trop loin, toutefois. Je crois que votre mère me fait surveiller depuis quelques jours.

L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)Where stories live. Discover now