My Shadow. Tome 1

I. L'accident

Les écouteurs dans mes oreilles, la tête posée sur ma peluche qui me sert d'oreiller, je tire sur ma ceinture qui me serre le coup. Il faisait nuit et je pars avec ma famille en vacances. J'aime beaucoup rouler de nuit, je pose ma tête sur le rebord de la vitre, puis lève les yeux et fixe une étoile, que je suis du regard. Ma mère me dit souvent que si on regarde une étoile longtemps, cela fait rêver. Et c'était exactement mon cas. Puis des fois je pose mon regard sur les paysages qui défilent devant mes yeux. J'adore la nuit. Comme si tout était devenu brusquement calme. Comme si la vie avait quitté le monde le temps d'une nuit. J'aime tellement cette tranquillité, cette obscurité qui m'enveloppe parfois dans des réflexions. Je n'aime pas trop le bruit. Je me sens heureuse, enveloppée dans une bulle de bien-être, sentant la présence d'Ombre occuper cet espace aussi. Je ferme les yeux lentement et les rouvris. Quand j'allais m'endormir une voix me retint sur terre :

- Les enfants, nous sommes bientôt arrivés, murmura doucement ma mère.

Je hoche la tête, enleve mes écouteurs et tournent les yeux vers mon frère qui dormait.

- Enfin ! Crie une voix à l'intérieur d'elle.

Je sursaute.

- Arrête de me faire peur comme ça, dis-je à mon ombre.

- Excuse-moi, j'en avais un peu assez de ce voyage.

- Oui moi aussi.

- Qu'est-ce que..., commença son père soudainement.

Je redresse ma tête et le dévisage. Il l'avait dit sur le ton d'alerte.

- Oh merde, continua-t-il en tournant le volant violemment.

- Papa ! Hurle-je.

- Je ne...

Les mains de mon père glissèrent violemment du volant. J'écarquille les yeux d'horreur. Tout le monde se réveille en sursaut mais trop tard. La voiture avait brusquement obliqué vers le côté de l'autoroute.

- Maman ! Crie-je de nouveau.

Ma mère tourne la tête vers sa vitre et hurle aussi. Tout va trop vite. Je me mets à paniquer. La voiture fonça dans une autre. Mon ombre eut tout juste le temps de me baisser la tête et de rabattre mes mains sur sa tête en une maigre protection. La voiture percute l'autre voiture. Je décolle du siège et bascule vers mon frère puis me fit balancer de l'autre côté. Par réflexe, je plaque ma main sur la fenêtre pour éviter que ce ne soit pas ma tête qui la heurte puis la voiture s'arrête brusquement et je m'avance brutalement vers le siège devant moi pour finir la tête dedans. Ma ceinture me retint et le choc fut d'une telle violence que je reçois un coup sur la tête et s'évanouit.

Je me réveille. Je vois flou. Quand ma vue s'adapte, j'ai besoin de regarder autour de moi pour me remémorer ce qu'il venait se passer. J'ai la tête à l'envers. Les jambes qui descendent vers ma poitrine, la ceinture qui me retient par la taille, je mets un temps à comprendre que je suis dans ma voiture mais retournée à l'envers et moi avec. Ils avaient eu un accident. J'essaye de me dégager mais une douleur fulgurante me traverse le bras. Je hoquète et m'arrête de bouger maintenant paralysée par ce que je vois. Toute ma famille, ils avaient les yeux clos, ils saignaient tous gravement. Mon teint devint pâle comme la mort, livide je me mise à crier. Crier de chagrin, crier de douleur, crier de peur qu'il ne soit arrivé quelque chose de grave à quelqu'un. Soudain, j'entends un bruit de porte claqué et je sens le froid s'engouffrer dans la voiture. Ce fut là qu'un bruit aigu et perpétuel vint s'installer dans mes oreilles. Je sens des mains m'empoigner, me prendre par-dessous les bras et entend des paroles sourdes. Des gens qui criait. Une sirène d'ambulance. Des ordres et hurlements. Tous ces bruits se confondent et se bousculent dans ma tête qui les entendaient sourds. Je me laisse tirer de la voiture et regarde la femme qui me tient fermement avant de sombrer dans l'inconscience.