Le Millénium

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La soirée s'annonçait parfaitement bien. La discothèque était prête à accueillir les noctambules et la piste de danse avec son DJ brillait grâce aux lumières des spots de toutes couleurs.

J'étais la responsable de ce lieu convoité par la jet set et par une clientèle triée sur le volet. Le propriétaire du « Millénium » était un ami de la famille depuis de nombreuses années et habitaient loin sur les îles. Il me déléguait donc la responsabilité de son affaire en tant que gérante.

Depuis plusieurs années, cet endroit offrait les plus beaux espaces pour danser et s'amuser. Il y avait une grande salle composée d'un bar en marbre et de table décoré avec goût. La piste occupait la plus grande partie de la pièce. A l'arrière, il y avait une salle VIP, plus intime mais avec décor luxueux et une vitre teintée qui ne laissait rien filtrer de la salle principale. Le matériel audio et vidéo était à la pointe de la technologie pour répondre à chaque exigence de la clientèle sélecte.

Les serveuses avaient une tenue sobre mais sexy. Chacune avait une robe portefeuille mettant en valeur leur poitrine et bien au –dessus du genou. Le barman était un spécialiste des cocktails recrutés à New York. Il avait une barmaid qui l'aidait et l'assistait dans la distribution et la caisse au comptoir. Elle était habillée avec un pantalon de cuir et un top décolleté pour attirer les clients tout en gardant le côté rapide et réactif en cas d'affluence. Les talons étaient une obligation. Les filles devaient être féminines, tout devait être parfait pour recevoir cette clientèle triée sur le volet.

L'équipe comptait également deux videurs, deux colosses, qui devaient filtrer la clientèle et éviter tout débordement dans la soirée. J'étais le chef d'orchestre de toute cette équipe.

Plusieurs chanteurs ou acteurs avaient élu domicile dans cette discothèque pendant tout l'été et les médias tentaient par tous les moyens d'y accéder. Le mystère et la discrétion, c'est ça que recherchait le client. Il voulait s'amuser en toute tranquillité, sans être épiée.

Je devais donc leur offrir ce confort. Cette boite occupait une grande partie de ma journée pour la gestion et les préparatifs. La nuit, je restais une grande partie de la soirée mais je ne fermais pas forcément. Mon appartement était à cinq minutes, donc s'il arrivait quoique ce soit, j'étais là rapidement. J'avais un adjoint qui prenait soin de la clientèle en mon absence. Il se nommait Eddy. Il restait présent toute la nuit pour assurer les prestations et un service irréprochable.

Eddy, était un ami depuis maintenant dix ans. Je l'avais connu au lycée, c'était un play-boy, un vrai don juan. Déjà à cette époque, le milieu de la nuit l'attirait. Dès l'âge de dix- huit ans, il travaillait comme danseur et barman dans les boites. Il avait le physique pour et les filles l'adoraient.

Notre première rencontre était marquante. J'étais en seconde, et j'avais quinze ans. Je venais d'un collègue où je connaissais tous les élèves mais suite à un déménagement, j'arrivais en territoire inconnu.

C'était dans un beau quartier et les vêtements de marques étaient donc monnaie courante. Je n'étais pas forcément dans le stéréotype de la fille chic et fille à papa. C'était nouveau pour moi .Mon père avait eu une promotion et du coup, j'accédais à une autre vie.

J'étais en jeans et basket, bref, une tâche dans le décor. J'attendais près du bureau du proviseur, assez tendue et nerveuse à l'idée d'intégrer cette nouvelle école. Un élève entra en trombe dans le bureau suivi par le concierge.

-« Où as-tu mis les clés de la porte ? »

-« Je ne sais pas de quoi vous parler. »

-« Inutile de mentir, je t'ai vu me les piquer. Tu commences mal l'année. »

Le concierge entra dans le bureau du proviseur après avoir frappé à la porte.

J'étais seule face à ce garçon aux yeux bleus qui me dévisageaient.

-« Tu es nouvelle ici ? »

-« Oui. J'attends de voir le proviseur. »

-« Il est assez sympa, tu verras. »

-« Pourquoi as-tu volé la clé ? »

-« Qui te dit que c'est la vérité. »

-« Tu mens mal ! »

-« Ok, je suis démasqué. Je voudrais faire un double pour pouvoir entrer même si je suis en retard. »

-« Il te suffit alors d'être à l'heure. »

-« Disons que je suis un couche-tard. »

-« Tu risques gros. »

-« Tu veux m'aider ? »

-« Dis toujours. »

-« Tu ne ressembles pas aux filles d'ici. »

-« Bien observé. »

-« De ma part, c'est un compliment. Bon, disons que je te donne cette clé, tu me la redonneras après ? »

-« Ok. »

-« Tu ne réfléchis même pas ? »

-« Non, mais en contrepartie, tu m'aides à m'intégrer dans le lycée. »

-« Marché conclu »

Et c'est ainsi qu'une amitié sans faille nous lia jusqu'à aujourd'hui.

Eddy arrivait plus tard .Il commençait en général son service vers vingt heures.

Quand Trevor, l'ami de mon père, m'avait confié son affaire, je ne connaissais pas grand-chose aux affaires de ce type. Disons que j'avais étudié la gestion et le droit des affaires mais pas le milieu de la nuit.

Je n'avais pas véritablement de travail sérieux, je sortais de l'école, j'avais vingt-trois ans et après une année sabbatique fortement mouvementée, je cherchais quelque chose de stable et bien payée. Bref, un boulot idéal pour n'importe quel nouveau diplômé.

Trevor, me connaissais depuis ma naissance, c'était mon parrain. Il voulait m'aider à sa façon et en même temps, il savait qu'il pouvait me faire confiance. J'ai donné mes souhaits mais aussi mes limites.

Il a accepté d'emblée et m'a donné carte blanche. J'ai donc recruté Eddy, qui lui maîtrisait parfaitement les rouages des activités nocturnes. Il était enchanté. Il avait un boulot bien payé, qu'il connaissait et qui lui donnait de nombreux avantages. Il pouvait faire des connaissances et les filles tombaient comme des mouches, car elles étaient facilement séduites par son physique.

Pour une fois, depuis de nombreuses années, j'étais à l'aise et rassurée. Ma vie n'avait pas toujours été facile et désormais, je voulais une vie stable.

A vingt-cinq ans, je voulais une vie tranquille et paisible. Pourquoi pas un petit copain, mais un homme « normal ». Ce que j'entends par normal, c'est un homme sérieux, et qui peut être calme et posé avec une vie stable mais pour moi, c'était un signe de fiabilité.

Je n'avais pas encore étudié la question depuis ces deux dernières années, mais je voulais oublier toutes mes expériences avec les hommes qui m'avaient réduit le cœur en miette lors de mes années de futilité et d'insouciance.

Jusque- là, j'avais réussi, et je comptais bien m'y tenir.

Ce soir, un important groupe d'affaire venait diner dans le salon VIP et il fallait que tout soit parfait.



Opération spécialeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant