Scène 2 : Retour au propriaitaire

8.8K 435 25
                                    

~Elsa~

Dans les bureaux de la maison d'édition Turner Agency, je travaillais sur la lecture d'un auteur prometteur. C'est alors que ma secrétaire m'appela à l'autre bout du fil.

- Vous avez reçu un colis Mlle Kingston. Puis-je vous le remettre ?

- Ramenez-le Abby s'il vous plait. Répondis-je intriguée.

Je n'avais rien commandé et en général les colis que je recevais été des enveloppes contenant des manuscrits épais. Abbygail me présenta une housse noire avec un mot accrochait sur le cintre.

- Merci Abby. Dis-je en la récupérant.

Sur la note était inscrit : "Voici votre dû et encore milles excuses pour votre réunion " Signé Jessie W.

Sur le point de descendre la tirette, ma meilleure amie pointa sa frimousse angelique sur le pas de la porte.

- Coucou Elsa, tu es arrivée tout juste l'autre jour à la réunion du grand patron. Depuis, je n'ai pas eu le temps de prendre de tes nouvelles.

- J'ai eu un petit contretemps ce matin là avec mon café. Rien de grave. Et comment va ta nouvelle conquête? Bobby c'est ça?

- Pour l'instant, nous sommes au stade de la découverte de l'un l'autre. Ariane baissa la tête en regardant le colis. Tu as reçu une housse? M'interrogea t-elle en passant du coq à l'âne en un claquement de doigts.

- Oui, je crois que ça vient de la personne qui m'a renversé mon café ce fameux lundi matin. Dis-je en lui tendant la carte.

- Non ce n'est pas vrai ! C'est impossible que ce soit... S'exclama ma meilleure amie en sautant quasiment sur place.

- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Tu connais Jessie W.?

- Tout le monde connait Jessie W. et tout le monde rêverait de recevoir une pluie de café de sa part.

- Ça ne me dit pas qui est cette personne.

- Oh Zaza! C'est peut être la plus grande styliste du tout New York voir même de la planète mode. Tous les fashionistas de la terre veulent se procurer ses fringues. Elle pose sa griffe partout dans les défilés et les magazines se l'arrachent.

- Elle me paraissait commune dans son jogging basket Nike et sa capuche sur les oreilles.

Parce qu'il fallait le dire ce jour là elle n'avait rien à voir avec la styliste de renommée mondiale. Elle avait le visage, le look et l'attitude de quelqu'un de normal.

- Il parait qu'elle fait toujours son footing matinal incognito pour pouvoir courir tranquillement.

- Tu as l'air bien informé dit donc.

- Contrairement à toi Elsa, je ne lis pas que des livres d'auteurs. Je lis aussi la presse people. Tu l'as déjà ouverte ou pas? Demanda Ariane en direction de la housse noire.

- Pas encore mais je vais le faire.

J'ouvrais la pochette pour en sortir mon chemisier blanc comme flambant neuf. Franchement, je me demandais où Jessie W. avait trouvé un pressing digne de ce nom. Le mien m'avait fait défaut à plusieurs reprises, un jour c'était la housse de couette qui avait rosi au lavage. Une autre fois, il me manquait des boutons à des taies d'oreillés. Mais pourquoi me posais-je cette question vu qu'il était évident que la styliste devait avoir une machine performante pour cela. Dans la poche du chemisier se trouvait deux places pour assister au prochain défilé de la grande styliste. Les agitant sous le nez de mon amie, je lui dis :

- A voir ta mine réjouie, je suppose que je t'emmène?

- Ce n'est pas une obligation mais je serais déçu si tu y allais sans ta meilleure amie.

- Imaginons un instant que je veuille emmener quelqu'un d'autre. Après tout tu n'es pas ma seule amie. La taquinais-je.

En fait, j'avais des tas d'autres amies mais c'est celle en qui j'avais le plus confiance. Nous nous étions connues dès notre recrutement dans l'agence. Et pas un seul jour me semblais ennuyeux en sa présence. Elle était et resterait la meilleure amie que je n'avais jamais eu.

- Il me semble qu'il n'y a pas foule à l'horizon pour prendre ma place. Se défendit-elle les mains sur les hanches.

- Si nous y allons ensemble c'est uniquement parce que je ne voudrais pas rendre une fan malheureuse.

- Tu es trop cool Zaza. Me serra t-elle dans ses bras. Bon comment va t-on s'habiller pour cette évènement?

Ah! Ariane et la mode c'était une grande histoire d'amour que je ne comprendrais jamais. Si elle mettait deux fois la même tenue dans l'année c'était un miracle. En la voyant se triturer les méninges pour nos tenues, je levais les yeux au ciel face à mon désespoir. Elle n'arrêtait pas de dire qu'il nous faudrait une nouvelle robe légèrement flashy pour faire sensation devant le parterre de stars qui y seraient.

Pendant près d'une semaine, Ariane élabora des hypothèses sur la prochaine collection Automne-Hiver de la styliste. Je l'écoutais attentivement ne comprenant pas son engouement pour la mode. Pour ma part, ces tenues et tissus seraient portés uniquement par des stars ou des gens mondains. Rien à voir avec de simples mortels comme nous. Alors pourquoi se donner la peine d'être élégante lorsqu'on savait pertinemment que nous ne pourrions jamais en porter une.

Mais ce n'était pas cela le plus important, ce qui m'importait été que je serais amenée à la revoir dans son élément. J'allais pouvoir admirer son travail pour lequel elle était reconnue dans un monde qui m'était totalement inconnu. Ariane était toute excitée à l'idée de voir son idole même juste au pied du podium. La voir de plus prés la rendait nerveuse sauf que je ne savais pas si je devais être dans le même état d'euphorie qu'elle. Je n'étais pas de celle qui s'intéressait aux peoples. Il pourrait y avoir le président à la table d'à côté où j'avais l'habitude de me rendre pour mes déjeuners d'affaires que je ne le remarquerais pas.

Bien que je n'étais pas facilement impressionnable, ce que j'avais vu secrètement ce matin là l'était. Ses yeux noisettes qui ne dissimulaient rien à part un gouffre de solitude. M'avais fait prendre conscience qu'on avait beau être connu, personne n'était à l'abris de l'infortune.

---------------------------------------------

Copyright 2015-2016 par Eryn Tholiem. Tous droits réservés

Une autre saisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant