Un temps de chien

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Il pleut. J'aime la pluie, elle me permet de m'abandonner à ma tristesse en se mêlant à mes larmes.

J'erre dans la rue, anonyme et sans volonté. Personne ne m'attend. J'entre dans un café. Le garçon arrive, il a l'air débordé. Il prend ma commande: un chocolat chaud. Le chocolat arrive rapidement. Il est très chaud. Je dois souffler dessus pour le boire. Je le déguste. C'est un moment de répit. Mon chocolat fini, je m'attarde un peu dans le café. Je regarde les autres clients. La plupart sont en couple.

Je finis par quitter le café et poursuis mon errance dans les rues en évitant celles qui sont trop sombres. Je ne sais pas où aller. Comment tuer le temps pour échapper à la solitude de mon appartement?

Je rentre au cinéma, ils jouent <<parle avec elle>> en VO. Les critiques que j'ai lues sur ce film n'étaient pas mauvaises. Je décide d'aller le voir. Deux heures plus tard, je ressors satisfaite de mon choix. Ce n'était pas un film particulièrement gai mais les rapports humains y sont intéressants.

J'ai déjà gagné deux heures sur mon temps de solitude. Il est temps de mettre fin à cette ambulation et de regagner mon appartement. En entrant, je suis surprise par l'odeur qui y règne, l'odeur de lessive. C'est encourageant. Je jette un coup d'œil au poste de télévision. Non, ce soir encore, je ne l'allumerai pas. La télévision ne me tient pas compagnie. Elle m'ennuie. Je n'arrive jamais à me concentrer sur une émission et à la regarder jusqu'au bout. Je file dans ma chambre. J'étends mes vêtements avec précaution et me glisse dans mon lit. Le sommeil ne vient pas.

Je repense à ma journée au boulot, identique à toutes les autres. Cette routine finit par me fatiguer, m'user. Il faut que je réfléchisse soigneusement au moyen de faire cesser cet ennui. Une reconversion serait peut-être la bienvenue. Mais dans quoi? J'ai l'impression de ne rien savoir faire d'autre. J'essaie d'oublier la piqûre de l'existence. Le sommeil va me permettre d'échapper à la journée qui se prépare dans mon dos comme un attentat. Je sombre enfin dans les bras de Morphée. Si je pouvais ne pas me réveiller ou dans une autre vie, une vie que j'aurais choisie et non qui se serait imposée à moi. Mais je suis liée à cette existence solitaire. 

MélancolieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant