Je me rappelle encore de ma voix quand j'ai hurlé. Je ne la reconnaissais pas, j'avais l'impression qu'elle ne m'appartenait pas. Je t'ai supplié de rester avec moi, je t'ai ordonné de ne pas me quitter mais tu ne m'as pas écoutée. Tu n'étais déjà plus là.

J'ai entendu un bruit derrière moi, c'était Louis. J'avais oublié sa présence mais quand mes yeux se sont posés sur lui et sur le pistolet qu'il tenait toujours et qui fumait encore, cette arme qui t'avait tué, j'ai perdu le contrôle. Tu sais à quel point il m'effrayait, pourtant je me suis jetée sur lui. Il ne me faisait plus peur. Je voulais le tuer. Il n'a pas réagi quand je l'ai poussé contre le mur et que j'ai commencé à le frapper. Il ne m'a même pas regardée une seule fois, ses yeux étaient fixés sur toi. Alors que je le tapais de toutes mes forces et lui hurlais dessus, lui réalisait ce qu'il avait fait et comme si je n'étais pas là, comme si je n'étais pas en train de déverser toute ma rage sur lui, il s'est effondré au sol. Il a glissé le long du mur et ne t'a pas lâché du regard. Je suis tombée moi aussi, à bout de forces et j'ai rampé jusqu'à toi. Je t'ai serré contre moi le plus fort possible. Je pleurais encore te suppliant de revenir mais tu ne m'entendais pas. Plus tard j'ai réalisé qu'il aurait pu me tuer moi aussi à ce moment là, il lui suffisait simplement d'appuyer sur la détente pourtant il ne l'a pas fait. Il ne m'a pas tuée. Une part de moi lui en veut de ne pas l'avoir fait.

Le pistolet, je ne l'ai vu que quelques secondes mais je serais capable de te le décrire dans les moindres détails tellement je le hais. Tu étais le garçon le plus fort que je n'ai jamais connu et je n'arrive pas à croire encore aujourd'hui qu'une simple balle, un simple bout de métal, ait pu t'enlever la vie aussi facilement. Tu n'étais pas aussi fort que je l'imaginais finalement.

Je... Je ne sais pas comment te dire ça Harry, ce n'est pas facile mais... Mais au bout d'un moment j'ai entendu Louis se relever et quitter la pièce, puis quelques minutes plus tard, un deuxième coup de feu a retenti. Il n'a pas supporté de t'avoir tué, il s'est tiré une balle dans la tête. Je suis vraiment désolée. Même s'il est l'être que je hais le plus au monde, il était ton frère et je sais que tu l'aimais. Je suis sincèrement désolée.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée allongée par terre en te serrant contre moi, j'avais cessé de te supplier de revenir. Tu sais je n'aurais jamais pu imaginer qu'un jour, je saurais ce que ça fait de tenir un être sans vie dans mes bras et j'aurais préféré ne jamais le savoir. C'était juste horrible Harry. Te tenir contre moi alors que tu ne respirais plus, que ton cœur avait cessé de battre, savoir que je ne reverrais jamais tes yeux ou que je ne t'entendrais jamais plus prononcer mon nom, c'était pire que tout. Même si je refusais de l'admettre, je savais que tu étais parti pourtant j'étais incapable de te lâcher. Je pleurais tellement que je ne voyais plus rien. Au bout d'un long moment j'ai entendu du bruit à l'étage, des voix mais je n'ai pas réagi. Une lampe torche s'est braquée sur moi et quelqu'un a crié :

"Elle est là !"

J'étais de dos à la porte, je ne me suis pas retournée pour regarder, au lieu de ça je me suis raccrochée à toi et quand j'ai senti des bras tenter de me relever, je me suis mise à hurler. Je ne voulais pas te laisser, je voulais rester avec toi. Je crois qu'ils s'y sont mis à plusieurs pour me faire lâcher prise. Bien entendu ils ont réussi. Des voix sortaient de tous les côtés, elles tentaient de me rassurer mais j'étais comme hystérique. Tout était flou autour moi, je ne les voyais pas, je ne voyais rien hormis ton corps qui s'éloignait petit à petit de moi alors qu'on me tirait hors de la pièce. Je me suis débattue jusqu'au bout, je voulais te rejoindre. Je me suis même dit que tu allais avoir froid avec ton simple t-shirt blanc. Je voulais te rendre ta chemise que je portais toujours. Tu réalises à quel point c'était stupide ? Comme si tu pouvais encore avoir froid.

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