Quatrième partie

Comincia dall'inizio
                                    

- Tourne-toi.

Je lui obéis, je me tourne vers lui. On est maintenant face à face en tailleur, la trousse pharmaceutique est posée entre nous, on se fixe. Je suis incapable de décoller mes yeux des siens. J'ai l'impression qu'on attend tous les deux quelque chose ou alors qu'on attend rien du tout justement. On se regarde et je crois que je comprends le sens de ses mots quand il me disait qu'il avait besoin de mon sourire, car à ce moment même j'ai besoin de son regard sur moi. Comme pour me rassurer. Me rassurer de quoi je l'ignore, mais j'en ai besoin. On reste un long moment comme ça, silencieux à ne rien dire et quand il baisse les yeux, j'ai envie de protester. Je veux qu'il me regarde encore. Il étend une serviette sur ses jambes croisées avant d'ouvrir la trousse.

- Donne-moi tes bras.

Je les lui donne, il les pose délicatement sur ses cuisses et déroule lentement les bandages. Je sais que j'aurais dû regarder mes plaies, regarder l'ampleur des dégâts si douloureux causés par le verre du miroir, causés par moi mais je suis incapable de quitter ses mains des yeux. Ce sont elles que je regarde, elles sont belles. Je n'y avais pas fait attention avant mais elles sont vraiment magnifiques. Je les imagine glisser sur les touches du piano que j'ai vu dans sa chambre. Quand il a fini de dérouler tout le tissu, il passe ses doigts lentement, doucement, sur chacune de mes blessures comme pour les caresser. Il ne me regarde pas, il est concentré sur ce qu'il fait, tête baissée. Une mèche de cheveux tombe devant ses yeux. J'aurais pu deviner même si je ne les vois pas, que ces prunelles sont grises là tout de suite. Grises et profondes. Plus ses doigts frôlent ma peau, plus je suis parcourue de frissons. J'en tremble presque. Il prend son temps, il les caresse une par une comme s'il cherchait à les redessiner. Je ne sais pas pourquoi il fait ça mais ça ne me déplaît pas. Il y en a une dizaine au total, quand il arrive à mon poignet, sa main s'immobilise et il fronce les sourcils. Je me sens coupable et quand je tente de retirer mon bras, il le retient mais pas brusquement. Avec douceur. Il le serre à peine et je cède. Il lève lentement les yeux vers moi et quand je vois son regard brisé je m'en veux encore plus. J'avais raison. Ses prunelles, j'avais raison, elles sont grises.

- Ne refais plus jamais ça Hailey... S'il te plaît.

Il l'a juste murmurée, mais ce n'était pas une simple demande, c'était une supplication. Je suis incapable de lui répondre. J'ai perdu mes mots, j'ai honte. Il ne parlait pas seulement des blessures que je me suis faites avec le miroir, mais de toutes les cicatrices que j'ai sur les bras. De tout le mal que je me fais depuis la mort de Liam, je le sais, je l'ai senti dans son regard. Il attrape un produit.

- Ça risque de piquer un peu.

Il me regarde désolé, avant d'appliquer un coton imbibé de désinfectant  sur chacune de mes entailles. Il a raison, ça pique, je serre les dents, je ne veux pas me montrer faible comme une enfant. Quand le produit touche mon poignet c'est plus fort que moi, je ne peux retenir un gémissement et je retire brusquement mon bras.

- Pardon, je suis désolé.

Il a parlé précipitamment. Je trouve attendrissant cette façon qu'il a de s'inquiéter pour moi, puis je me rappelle que si j'ai cette coupure et que si j'ai mal, c'est en partie de sa faute. Totalement de sa faute même. Je le regarde un peu plus froidement que je ne l'aurais voulu, il baisse légèrement la tête et murmure :

- Donne-moi ton poignet Hailey, je dois terminer.

Après plusieurs secondes d'hésitation, je lui retends ma main et il continue de désinfecter la plaie. C'est vrai qu'elle est profonde, je ne m'étais pas rendu compte que j'avais appuyé autant. Il fait le plus délicatement possible je le sais, mais je ne peux pas m'empêcher de grimacer et je me mords la lèvre pour me retenir de gémir encore. Une fois terminé, il sort de nouvelles bandes de la trousse et commence à les enrouler autour de mes bras, des poignets jusqu'aux coudes. Il fronce les sourcils et souffle, je sens qu'il a envie de dire quelque chose mais qu'il ne trouve pas ses mots ou qu'il ne sait pas comment s'y prendre.

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