Première partie

6.1K 282 14
                                    

Point de vue d'Hailey

Assise dans le noir à même le sol, poignets ligotés ensemble je suis terrorisée. Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis ici, 3 heures, 10 heures, un jour, une semaine peut-être ? J'ai perdu toute notion du temps. Sans voir aucune lumière hormis celle de la bougie qu'il m'apporte lorsqu'il me donne les repas ou qu'il m'accompagne à la salle de bain. Six jours. Je pense que ça fait six jours que je suis enfermée dans cet endroit délabré. Une maison abandonnée, vu l'état de la salle de bain et de la pièce dans laquelle il me retient. Un sol en terre battue et des murs en pierre nue. Un sous-sol ? J'ai l'impression que ma tête va exploser. Une grotte. Je suis enfermée dans une grotte.

Ils sont plusieurs ici, peut-être trois ou quatre. Deux. Ils sont deux je crois, je n'en sais rien. Mon esprit n'est plus capable de réfléchir correctement. Que des garçons. J'entends leurs voix à travers les murs des fois, rarement. Au début j'ai cherché à comprendre ce qu'ils disaient mais j'ai vite abandonné, c'est sans espoir. Même s'ils sont plusieurs, un seul s'occupe de moi. Je crois que l'autre, les autres, n'ont pas le droit de m'approcher. Je ne les ai jamais vus. Même lui, je ne l'ai jamais réellement vu. Son visage juste une fois. Il m'apportait mon repas et il est resté trop près de la bougie, quand il s'est rendu compte que je le regardais il m'a frappée si fort au visage que tout mon corps s'est effondré. J'ai retenu la leçon. Maintenant quand il vient, je détourne la tête ou je ferme les yeux. Même quand il me conduit à la salle de bain, j'évite de le regarder. Pourtant je me souviens que durant les quelques secondes où je l'ai vu je l'ai trouvé beau, magnifiquement et cruellement beau. Mais maintenant je ne me souviens même plus de ses traits comme si mon esprit avait voulu le chasser et qu'il avait réussi. Ou alors peut-être qu'en plus d'avoir perdu la notion du temps, j'ai aussi perdu une partie de ma mémoire. Je suis peut- être en train de devenir folle.

La porte de ma "cellule" s'ouvre laissant filtrer un peu de lumière comme à chaque fois. Je le vois se faufiler à l'intérieur avant de la refermer. Je suis de nouveau dans le noir à la différence que maintenant je ne suis plus seule. Il est là aussi. Je me recroqueville sur moi-même me faisant la plus petite possible. Je ne peux pas le voir, je ne l'entends pas non plus. Il est tellement silencieux que si je ne l'avais pas vu rentrer, je n'aurais jamais pu deviner qu'il était là. Mais même avec son silence, je sens sa présence et quand il se laisse glisser le long du mur à côté de moi, je sursaute de peur. Il m'a déjà apporté à manger et accompagnée à la salle de bain, il n'a rien à faire là. J'ai horreur de ça, de ces moments où il vient sans raison.

Au début, la première fois que je me suis réveillée dans cet endroit j'ai paniqué. Je ne comprenais pas ce que je faisais ici, j'étais hystérique, je cherchais à sortir, je hurlais, je frappais dans les murs, le noir m'effrayait. Je me rappelle encore avec quelle force il m'a immobilisée et plaquée au sol. Je ne sais plus ce qu'il m'a dit mais la colère dans sa voix m'avait tout de suite terrorisée, tout comme la gifle qu'il m'avait mise. J'ai essayé une fois de lui demander pourquoi moi, qu'est-ce qu'il me voulait, qu'est-ce que j'avais fait et qu'est-ce que je faisais là... Il s'est mis dans une telle colère qu'il a frappé le mur juste à côté de mon visage.

- La ferme !

Il a hurlé et c'est ce que j'ai fait. Je n'ai plus reparlé depuis. Je ne sais même pas si je suis encore capable de parler.

J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'il est assis à côté de moi. Il est tellement silencieux que si par moment je ne l'entendais pas respirer, j'aurais pu me croire de nouveau seule. Il vient, s'assoit proche de moi et reste là immobile sans parler ni bouger, fumant cigarette sur cigarette pendant ce qui doit être des heures puis il s'en va. Cela n'a pas de sens. Des heures pendant lesquelles je suis paralysée de peur.

ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant