Elle était heureuse de pouvoir enfin rentrer au domaine. La chaleur du foyer lui réchauffait les os. Le froid de l'hiver s'annonçait sur Paris. Dans un geste fluide, elle détacha sa cape blanche et la pendit au porte-manteau. Le calme du châtelet la surprit. D'ordinaire, Marie se hâtait de dresser la table pour le dîner du soir, déferlant comme une tempête de vent. Or, elle n'était pas présente. En réalité, le grand hall était plongé dans le noir maintenant qu'elle y portait attention. Tout semblait bizarre. Sur ses gardes, Alexandre avança vers le salon. Sa paume de main sur le pommeau de son épée, elle était prête à se battre en cas d'attaque. Ce calme ne lui disait rien de bon. Elle n'en fut que plus persuadée lorsqu'elle arriva dans le salon. La pièce était plongée dans le noir, seul le feu de cheminée crépitait éclairant partiellement le fauteuil et ses alentours. L'adrénaline monta dans ses veines. Rien ne laissait entendre une intrusion. La grille du domaine était fermée à son arrivée et aucun de ses biens n'avait été brisé. Elle progressa dans le salon, l'acier de sa lame réfléchissant le feu de bois. Elle s'en servit pour observer l'angle du mur, cherchant un possible intrus dans la salle à manger. Cette dernière était également plongée dans le noir le plus total. Lorsqu'elle y pénétra, sa curiosité grimpa en flèche. Que se passait-il donc ici ? Et où étaient donc Marie, Clarke et Bastien ? Un sentiment de panique s'empara d'elle. Elle espérait que rien ne leur soit arrivé. L'incident dans les jardins de Versailles vint la troubler. Si son assaillant était présent dans sa demeure, cela ne signifiait rien de bon. Alors qu'elle pénétra véritablement dans la pièce, les lumières furent soudainement allumées. Des cris de joie retentirent la faisant sursauter.
- Joyeux anniversaire !
Alexandre ne cacha pas sa surprise. La confusion était présente sur ses traits si bien que les domestiques et son palefrenier eurent un moment d'arrêt dans leur euphorie. Elle réfléchit alors. C'était bel et bien le jour de sa naissance en ce monde. Avec tous les problèmes à Versailles, elle ne s'était pas rendu compte de la date. Un sourire naquit sur ses lèvres en comprenant alors l'intention de ses amis. Ils lui avaient organisé une fête d'anniversaire. Ils étaient adorables. Tout en les observant, elle rengaina son épée.
Marie montra la table avec engouement. Elle l'avait soigneusement décorée et dressée : la nappe blanche immaculée, le service en porcelaine ainsi que les différents plats couverts d'une cloche afin de les tenir au chaud. Ses yeux verts délaissèrent la table afin de se poser sur le visage heureux et satisfait de la paysanne. Elles échangèrent un sourire. Les prunelles océan se posèrent sur quelqu'un présent dans le dos de la militaire. Par réflexe, cette dernière se tourna. Sa mère était là.
Gabrielle de Trieux avait retenu sa robe afin de s'approcher de sa fille. Elle n'eut pas besoin de faire beaucoup de chemin. Le colonel la rejoignit à mi-distance, l'étreignant avec amour. Sa mère lui avait tellement manqué. Ne plus la voir aussi souvent, ne faire que la croiser quelques secondes à Versailles, elle avait du mal à le supporter. Pourtant elle comprenait les obligations de sa génitrice, elle en avait aussi. Son cœur rempli de joie, elle relâcha sa mère qui sourit attendrie par le geste de son enfant.
- La Reine m'a laissé ma soirée. Je dois néanmoins repartir pour Versailles dès que cette fête est terminée, s'excusa Gabrielle à l'attention de sa fille.
- Votre présence me comble de bonheur.
Ensemble, elles s'installèrent à la table dressée pour l'occasion. Marie commença à servir les plats alors que Clarke servait le vin. Bastien, lui, s'excusa et partit en direction de la cuisine des domestiques. Le dîner se déroula dans une ambiance bonne enfant. Gabrielle et Alexandre discutaient et se ressassaient des souvenirs de l'enfance de cette dernière. Alors que la femme de chambre et la blondinette s'affairaient à débarrasser les assiettes, le palefrenier revint dans la pièce. Son sourire malicieux lui laissa entendre qu'une autre surprise se préparait. Elle avait vu les regards complices de Marie et Clarke, ainsi que les sourires en coin de sa mère.
YOU ARE READING
Lady Lexa Vol.II
FanfictionÀ l'aube de la Révolution française, la blessure d'Alexandre l'oblige à rester au domaine et à découvrir ainsi de nouveaux sentiments. Alors que son cœur joue les cupidons des idéaux se créent, une révolte s'installe et le pouvoir absolu joue les av...
