Chapitre 1

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Chapitre 1

Point de vue de Ambre

Cinq heures. Déjà cinq pénibles heures que nous étions dans cette salle d'attente lugubre à essayer de nous occuper.

Pour une fois de plus, je jetai un coup d'œil vers l'horloge, y découvrant qu'il était 1h du matin. Le temps avançait tellement lentement: même les cours passaient d'habitude plus rapidement que cela. Nous n'étions pas beaucoup dans la pièce: une dame était sur son téléphone, un homme lisait, une autre femme fixait le vide sans rien dire. Il y avait aussi une dame qui semblait vide, qui laissait des larmes couler sur ses joues silencieusement: cette femme, c'était ma mère. Mon cœur se serra brutalement en la regardant. Incapable d'en prendre plus, je me levai brusquement, attirant son attention.

-Je vais au toilette, maugréais-je sans lui jeter un regard. Préviens-moi s'il y a quelque chose.

Je pressai doucement sa main avant de m'éloigner vers les toilettes. Je sentais mon cœur battre à une vitesse folle, résonnant avec l'écho de mes pas. Je n'étais jamais vraiment entré dans un hôpital auparavant, et maintenant que j'y étais, j'aurais voulu décamper le plus tôt possible. Lorsque je pénétrai finalement dans les toilettes, je fermai la porte et je pris appuie sur le comptoir. Je sentis toute la pression sur mes épaules, tel un poids, et je levai lentement ma tête pour m'observer dans le miroir. Mon visage était si fermé qu'on aurait pu me comparer à une statue. J'expirai lentement en serrant les poings. Mes yeux bruns foncés n'exprimaient aucune colère, aucune tristesse, contrairement aux émotions qui baignaient dans mon esprit. Je décidai finalement de laisser tomber mon masque pour me mettre à pleurer. J'essayais en vain de sortir l'image de mon père dans sa chambre d'hôpital de ma tête: c'était pourtant une cause perdue. C'était comme un vidéo dans mon esprit, sur lequel il n'y avait pas de bouton "stop" au "replay". Je ressentis une nouvelle bouffée de chaleur et je décidai de ré-ajuster ma queue de cheval de manière à ne plus sentir trop de mèches sur ma nuque. Passant mes mains dans mes cheveux blonds cendrés, je sentis plusieurs larmes rouler sur ma joue. Je pris ma tête entre mes mains fermant les yeux. J'enfonçai légèrement mes ongles dans mon cuir chevelu pour m'éviter de crier.

"Tout est de ma faute", je chuchotais péniblement.

Tout avait commencé quelques heures plus tôt, un jour des plus normaux. C'était dans la première semaine de vacances: j'avais passé mon BAC tout récemment, et tout s'était parfaitement déroulé. Nous étions un mardi: ma mère travaillait, ainsi que mon père. À chaque après-midi depuis le début des vacances, je  sortais avec des amis dans un petit café pour faire passer le temps et pour m'amuser et mon père venait me récupérer à la fin de son boulot: seulement aujourd'hui, la température avait été trop mauvaise pour sortir à l'extérieur: la pluie et le vent frappaient plus fort que jamais. Cependant, je n'avais pas averti mon père que je ne sortais pas: donc au lieu de rentrer directement après le travail, mon père avait dû se taper le détour sous la température affreuse... La prochaine chose que j'avais su, c'était qu'il avait fait un accident de voiture.

Pour la première fois depuis mon arrivée ici, je me permettais de pleurer. Je n'avais pas voulu le faire plus tôt: ma mère était du genre sensible et du genre à exprimer ses sentiments. Si je me mettais à perdre le contrôle comme je me permettais de le faire présentement en sa présence, je savais que ça dégénérerait. Mon ventre était affreusement noué, et je n'arrivais pas à penser clairement. Lorsque j'essuyai mes larmes, je remarquai que mes mains tremblaient follement. On avait la tendance à dire que j'étais comme mon père: à garder mes sentiments à l'intérieur, évitant de les montrer. Je supposais qu'ils avaient raison, mais pour l'instant rien ne me paraissait clair. J'avais l'impression de ne plus être personne, mais seulement un mirage de la vraie personne que j'étais. Je me ressaisis avec empressement lorsqu'on toqua à la porte.

Ambre Carter ~ Un roman de 'Les Contraires Font Paire'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant