Chapitre 1

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EZIO

« Ezio Barbieri déchu de son trône !

Salut les comploteurs ! Pour ceux qui me lisent depuis longtemps désormais, vous savez que je ne supporte pas l'ex pilote Ducati. Et aujourd'hui, j'écris cet article justement pour parler de son licenciement par les rouges. Prévisible ou véritable surprise ? Ça ne vous étonnera pas si je vous avoue que pour moi, c'était plus qu'attendu. Après un bon début de saison, mais une mi-année plus que médiocre avec des résultats en berne, un abandon inexplicable et, pour finir des rumeurs de dopage qui se sont avérées « fausses », il était évident que Ducati n'allait pas le garder. Et vous voulez que je vous dise ? J'en suis ravie ! Il a voulu jouer, il a perdu : c'est le karma et, mes chers lecteurs, ce n'est pas moi qui vais le plaindre ! Franchement, il ne méritait pas Ducati.
Mais quid de son avenir ? Eh bien, mes chers lecteurs, il semblerait que Barbieri ait une bonne étoile puisqu'il a signé avec Aprilia et aura désormais Francesco DeLuca comme coéquipier, champion du monde 2025 après une saison folle ! Erreur d'Aprilia ? Pour moi, oui. Qu'est–ce que cette signature cache ? Est-ce DeLuca aurait forcé la main à son équipe pour qu'ils accueillent Barbieri et qu'il ne se retrouve pas sans guidon cette saison ? C'est plausible, mais totalement farfelu, quand on connaît leur rivalité depuis des années.
Pour moi, ce contrat obscure est une belle bêtise et Aprilia s'est tiré une balle dans le pied. Pourquoi lui permettre de continuer alors qu'il a triché ? C'est incompréhensible ! »

Avec rage, je verrouille mon téléphone après être tombé sur cet article putaclic de « la complotiste du paddock » qui, visiblement, adore dire des saloperies sur moi depuis quelques mois. En revanche, je la rejoins sur une chose : pourquoi, soudainement, Aprilia m'a proposé un contrat quand ils ont su que Ducati m'avait dégagé ? Parce que Francesco les a suppliés, ou bien parce qu'avoir deux champions du monde au sein d'une même team, c'est très bénéfique pour leur rayonnement ? Je suis content d'avoir un contrat et d'être le coéquipier de DeLuca – ce qui n'empêchera pas notre rivalité car je compte bien prendre ma revanche – mais je ne peux m'empêcher, tout au fond de moi, d'être déçu. Passer de Ducati, la meilleure équipe, à Aprilia, une team qui commence seulement à être en haut de l'échelle, c'est un rétrogradage dur à accepter, que je ne cesse de voir comme un échec.

— Quand est-ce que tu récupères les petits ? m'interpelle soudainement la voix de Vittoria, qui entre dans le salon.

Je lève mon regard vert sur elle, qui me sourit légèrement. Une bouteille à la main, elle avale une longue gorgée.

— Camilla me les ramène dans une heure.

Elle acquiesce, me rejoint sur le canapé puis elle fronce les sourcils quand elle me surprend à me gratter le plie du coude, là où de l'eczéma est apparu depuis que les papiers du divorce d'avec mon ex-femme ont été signés. À la vitesse de l'éclair, elle attrape mes mains et les emprisonne dans les siennes. Ses orbes plus clairs que les miennes me fixent intensément.

— Arrête de te gratter, m'ordonne-t-elle. Tu as rendez-vous quand chez ton dermato ?

Ce qu'elle ne sait pas, c'est que je n'ai appelé personne. C'est débile, j'en suis conscient, mais éprouver les démangeaisons typiques de ce problème de peau m'aide au moins à ressentir quelque chose. Car depuis le divorce, j'ai l'impression de ne plus avoir conscience de rien. Mes émotions sont comme... éteintes. Et ça l'est davantage depuis que j'ai dit au revoir à cinq ans d'un mariage d'exception avec Ducati, et leur coup de poignard en plein cœur.

— Je sais plus, faut que je regarde, mens-je.

Ce n'est que maintenant que je remarque qu'elle a le t-shirt d'Aprilia sur le dos. Puisqu'elle est mon assistante, elle m'accompagne sur tous les Grands Prix et contrairement à moi, elle est plus qu'heureuse d'arborer les couleurs noires et violette, puisque c'est aussi dans cette team que se trouve son copain. J'espère que j'arriverai à me faire à cette nouvelle équipe et que l'ambiance sera bonne. Et surtout, que je ne serai pas flipper à l'idée de remonter sur une moto, après mon grave accident dans lequel j'aurais pu mourir. La bécane a l'air facile à piloter, je m'y suis déjà habitué lors des essais hivernaux en février, et je n'ai pas été terrifié, mais en course, ce sera totalement différent.
Mon écran de portable s'allume, c'est un message de mon meilleur ami, Tony, qui vit la plupart du temps en Australie et ne revient que très rarement en Italie.

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