Partie 1 - Chapitre 1 (rééditer)

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1 juin 1944 :

Cher journal,
Les bombes des Allemands atterrissent en masse sur ma belle côte normande. Gaston, mon petit frère, garde espoir et m'affirme que les Américains vont débarquer et nous sauver. Il devient impossible d'avoir une once d'espoir, de croire en la fin de cette insupportable guerre. Je lui ai répondu quelque chose comme : « Écoutes, petit frère, c'est beau de rêver, mais là c'est trop. » Il s'est contenté de faire une moue triste et a rejoint sa chambre sans demander son reste. Après cela, Karl est descendu de sa chambre. Karl, c'est l'allemand qui nous a été assigné, il vit avec nous. Je dois avouer que ce jeune officier Allemand est très doux, avec nous du moins, à plusieurs reprise il m'a complimenté, m'a fait du charme sans jamais me forcer à quoi que ce soit, il a également ramené quelques fois des jeux pour Gaston, de la nourriture pour ma mère. Il a détruit ce premier regard que j'avais jetté sur les allemands, ces préjugés que j'avais battit. Je sais que de nombreux viols ont été commis par des Allemands envers des Françaises, mais à mes yeux Karl est quelqu'un de très respectable et je ne veux connaître les actions qu'il commet pour Hitler. J'ai entendu parler de nombreuses histoires d'amours nées entre Allemands et Françaises et jamais je ne pourrais blâmer cela, on ne choisit pas de qui l'on tomber amoureux. Enfin, celui-ci m'a salué et est parti. Me voilà alors seule, à écrire sur ce vieux cahier d'école que je tiens comme un journal depuis mes douze ans. Jacques, mon grand frère, est parti en 1940 pour échapper au STO et mon père est mort à la guerre cette année là. Ma vie n'est que morose, je passe mes journées à la maison et la seule distraction que je m'accorde est le piano ou même quelquefois je laisse libre court à ces notes s'échappant de ma gorge. Je ne suis plus l'Alice d'il y a cinq ans, heureuse et souriante. Je me suis renfermée et laisse plus aucun de mes sentiments me surpasser. Au fond... Il y a quand même une partie de moi qui aimerait que Gaston ait raison... J'en ai assez de toute cette guerre, ces bombes qui deviennent trop habituelles à mon goût, cette angoisse permanente. Je veux que tout cela se finisse. Je n'ai que trop souvent envie de crier de dire stop à tout cela, mais je ne peux tout simplement pas ce serait tellement égoïste de ma part, pour maman et pour Gaston. Maman qui se bat chaque jour pour que malgré tout nous ayons une vie quelque peu agréable et Gaston qui nous apporte sa bonne humeur et son espoir qui tout deux n'ont jamais faillit. Cette guerre me tue à petit feu, elle va m'achever d'une balle dans la tête. Je cherche le bonheur partout, et dès lors où il montre le bout de son nez, je le déchiquette. Je refuse ce bonheur, tant que Jacques ne sera pas revenu, tant que maman ne sourira pas de nouveau, tant que Gaston n'ai pas raison, tant que personne ne viendra nous sauver.

Débarquement - Juin 1944Où les histoires vivent. Découvrez maintenant