Chapitre 1

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J'étais là, assis autour de notre table habituelle, dans le hall du lycée, quand ça s'est produit. Clara, je crois que c'est comme ça qu'elle s'appelle, passait devant notre groupe pour aller à son casier.

Notre groupe ? C'est Thibault le glandeur professionnel, mon meilleur pote, Louise la collectionneuse de copains, Mathieu le tombeur et son meilleur ami James, Laura et Constance. Et puis il y a moi, Arthur. J'ai 17 ans et je suis en première. On peut le dire, nous sommes le groupe populaire de notre lycée, tout près de Bordeaux. Enfin, à ce qu'il paraît. Personnellement, je m'en fous pas mal, mais bon, on ne peut pas dire que je m'intéresse à grand chose.

Donc, ce matin là, quand Clara passa devant nous pour aller à son casier, elle était toute seule, comme la plupart du temps d'ailleurs. Je pris à peine le temps de la regarder. Elle pourrait être mignonne, c'est vrai, mais il faut dire qu'elle s'habille vraiment comme un sac à merde, sans vouloir être vulgaire. En plus, c'est une grosse intello, elle a 18 de moyenne quoi. Soudain, elle s'écroula par terre, à cause d'un croche-patte de Mathieu, je crois.

Rouge de honte, les cheveux en bataille et le visage fulminant, elle se releva aussi vite que possible. Elle jeta un regard furieux à notre groupe et s'apprêtait à repartir lorsque James lui lança :

- Alors Carla, on ne fait pas attention où on marche ?

- Moi, c'est Clara, répondit-elle sur un ton de défi.

Mais Mathieu, bien décidé à l'humilier, décida de la remettre à sa place :

- Tu fermes ta gueule et tu dégages le passage, merci.

- Tu n'es qu'un fils de pute, Mathieu Dominguez.

Alors là, je dois avouer que j'étais stupéfait. Clara n'était pas dans ma classe et je ne l'avais jamais entendue parler. D'habitude, lorsque le groupe s'attaquait à elle, elle restait silencieuse et faisait comme si tout ça lui passait bien au-dessus. Mais là, répondre à Mathieu comme elle venait de le faire, je dois avouer que c'était plutôt surprenant de sa part.

- Répète ce que tu viens de dire espèce de sale intello ?! S'énerva Mathieu.

- Je sais que tu as très bien entendu, et je ne répéterais pas. Sur ce, je te souhaite une très mauvaise journée, à toi et à toit ton groupe de petits crétins.

De plus en plus surprenant... C'est très étrange que cette fille ait réagit comme ça. Je ne la connais pas, presque personne ne la connaît, en fait. D'après ce que je sais, elle n'a qu'une amie : Elise. Qui a l'air aussi chiante et cul-cul qu'elle d'ailleurs. Je sens qu'on va parler longtemps de cette scène, et heureusement pour elle que les grandes vacances sont dans deux semaines, sinon Mathieu lui en aurait fait baver toute l'année je pense. Enfin, encore plus que ce qu'il ne le faisait déjà.

- Petits crétins ?! Mais pour qui elle se prend cette fille ? S'indigna Louise.

- C'est clair, d'où elle se permet de nous parler comme ça ? Renchérit Laura.

- Ça t'a calmé, hein mon gars ? Rigola Thibault.

- C'est vrai que je ne m'attendais pas à ce qu'elle réagisse comme ça, poursuivit Mathieu. Il faut que je trouve comment me venger, un truc qui lui ferait vraiment du mal. T'en penses quoi Arthur ?

- Franchement ? Je sais pas et je m'en fous. Tu peux pas la laisser tranquille, il reste que deux semaines quoi! Répondis-je.

- Ouais mec on sait, tu t'en fous de tout, mais si t'as une idée t'en parles OK ?

- Ouais, ouais.

- Allez, assez parlé de cette fille, elle n'en vaut pas la peine ! S'exclama Constance.

- T'as raison Stan. T'as parlé à tes parents pour la soirée chez toi le vendredi des vacances ? Demandais-je.

- Ouais, normalement c'est bon ça va se faire !

Constance, que tout le monde appelait Stan, était ma meilleure amie. Enfin, elle était un peu plus que ça, disons qu'elle m'offrait quelques avantages. Je veux dire par là qu'on sort ensemble pendant les soirées, par exemple...

- Ok cool, tu nous redit la date dès que tu sais !

A l'instant où je prononçais ces mots, la sonnerie retentit, nous obligeant à retourner en cours.

Le vendredi, à la fin de la semaine, tout le monde était déjà reparti chez soi et j'attendais le bus avec Thibault, qui devait passer le week end chez moi. Clara était là elle aussi, on prenait le même bus puisqu'elle habitait juste en face de chez moi, mais nous ne nous adressions pas la parole pour autant. Il y avait aussi quelques secondes qui attendaient en jouant comme des gamins.

A force d'attendre, l'épaule endolorie, je jetai mon sac à dos à terre et Thibault fit de même, et commença à se déplacer de quelques pas vers la droite. Vers Clara.

Tomber le Masque [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant