Dévoué corps et âme à obtenir la garde de sa fille, Minho s'est bien trop souvent oublié. Une page se tourne, les façades tombent et petit à petit, la promesse de jours heureux semble se profiler. Seulement, parviendra-t-il à saisir cette opportunit...
« Je suis pas sûr mais je crois qu'Hajoon m'avait dit finir plus tôt aujourd'hui. Ça vous dirait de vous joindre à nous ?, proposa le pompier.
— Oui, pourquoi pas. Envoie lui un message mais je pense pas qu'il sera contre.
— Super ! Alors à toute-à-l 'heure, salua-t-il en disparaissant entre deux rayons. »
Chan était le meilleur ami d'Hajoon. Depuis la primaire, ces deux-là faisaient la paire. L'un ne venait jamais sans l'autre ; c'était un lot. Dans un sens, Chan faisait un peu partie de la famille. Avec le temps, même leurs parents s'étaient rapprochés et ils n'étaient pas rares qu'ils organisent des dîners au sein de leurs foyers. Tous se réunissaient autour d'un bon repas et passait un bon moment, adultes comme enfants.
Après le lycée, leurs chemins s'étaient un peu séparés. Chan et Hajoon étaient restés, l'un avait continué sa carrière de sapeur-pompier, l'autre avait entrepris des études de communication qui l'ont mené aujourd'hui au poste de community manager. Minho, quant-à-lui, s'était lancé pour la capitale, prêt à devenir enseignant en petite enfance. Puis il avait rencontré son ex-femme et avait fondé une famille. Il n'était jamais rentré au cocon familial hors vacances et visites.
Parfois, quand ça n'allait vraiment pas, il culpabilisait. Lui, qui toute son enfance avait été sous l'aile de son frère — et d'une certaine manière, de son meilleur ami —, avait l'impression de les avoir abandonnés. Pourtant, il n'avait fait que prendre son envol et ces derniers ne lui en voulaient pas le moins du monde.
C'est donc dans la bonne humeur que ces « retrouvailles » improvisées s'étaient déroulées. Hajoon avait sauté sur l'occasion pour ramener ses biscuits préférés, Minho avait emporté une bouteille de jus de fruit supplémentaire pour compenser et Solhee avait revêtu son beau chapeau de pirate. Les collègues de Chan étaient tout aussi sympathique que lui et les avaient accueilli à bras ouverts.
Solhee avait même été traité comme la reine de la fête. Du camion de pompier en passant par le casque jusqu'à la rampe, elle avait tout essayé et Minho n'avait pu s'empêcher de prendre des photos pour tout immortaliser. Les rires et plaisanteries aussi étaient au rendez-vous et le coucher de soleil ne tarda pas à arriver. Cela faisait bien longtemps que la petite famille ne s'était pas autant amusée.
Toutefois, il fallait bien une ombre au tableau. Quelques jours plus tard, alors que sa fille glissait pour la énième fois sur le toboggan du parc, Minho reçut un coup de fil. En pleine discussion avec Hajoon, assis sur le banc à ses côtés, il interrompit sa phrase et jeta un coup d'œil à l'écran. Puis se remit à parler.
« Je disais, faut pas que tu te laisses marcher dessus. Tu leur a déjà demandé trois fois de faire leur travail. Je veux bien que tu sois gentil et que tu leur donnes un coup de main mais en attendant, c'est toi qui te retrouve à faire tout le boulot. Ça peut pas continuer comme...
— Minho, ça me touche beaucoup mais tu devrais peut-être répondre, non ? Ça pourrait être important. »
Le téléphone sonna une seconde fois. La photo de leur mariage le narguait. La belle robe blanche qui l'avait fait tant rêver, la main dans sa nuque et leurs bouches, l'une contre l'autre, appuyées... Il ne s'était toujours pas résolu à l'enlever. Pourtant, dans son ventre, plus aucun papillon ne s'envolait.
D'un geste sec, il décrocha. Une respiration lourde résonna à l'autre bout du fil. Ensuite, rien d'autre qu'un sanglot.
« Oui ?, interpella-t-il pour susciter une réponse.
— Minho ?, sa voix semblait désespérée.
— Oui. Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Je suis, elle eut un hoquet, je suis désolée... »
Elle fondit une nouvelle fois en larmes. Le père de famille soupira. C'était toujours la même rengaine.
« T'es où ?
— Chez moi. Je suis... Je suis vraiment désolée. Je suis rien d'autre qu'une, renifla-t-elle sans finir sa phrase. J'ai mal à la tête. C'est ma faute, je suis désolée. Je te jure, je t'aime. »
Une boule se forma dans sa gorge. Solhee était passée sur la balançoire et n'arrivait pas à se déplacer. Il fit signe à Hajoon d'aller l'aider. Son frère se leva, d'un accord tacite.
« Je demande à ta sœur de venir te chercher, attends. »
Il fit défiler la liste de ses contacts pour retrouver son ex-belle-sœur et lui rédigea un message concis. Seohyun a encore bu. Elle est chez elle. Minho.
« Je lui parle plus. On... On peut faire comme si de rien n'était. C'est du passé maintenant.
— C'est pas comme ça que ça fonctionne Seohyun. On sait tous les deux que ça va recommencer.
— Je suis trop bête... Tout est de ma faute. Tu dois me trouver ridicule, pas vrai ? »
Minho ne répondit pas. J'y vais. Merci de m'avoir prévenue. Bonne fin de journée. La sachant à quelques minutes à pieds de chez elle, il raccrocha dès qu'il entendit quelqu'un toquer à la porte à travers le combiné. Il n'avait pas répondu à sa question. Pour être honnête, il ne la trouvait pas tellement ridicule. Il était juste déçu et inquiet. C'était un mélange âcre qui ne faisait pas bon ménage et le rendit morose. Cet appel l'avait vidé de son énergie.
Il resta une bonne dizaine de minutes perdu dans ses pensées, le regard rivé sur la prunelle de ses yeux. Puis quelqu'un s'installa à côté de lui. Ce n'était pas son aîné. La personne à sa gauche émanait une vague odeur fruitée, quelques chose comme de la fraise ou de la framboise. Il reconnut immédiatement Chan.
« Ils sont mignons tous les deux, remarqua ce dernier sans même lui jeter un regard. »
Minho n'émit qu'un petit son corroboratif.
« Ca me fait plaisir de savoir que vous êtes de retours. Même si ce n'est pas pour longtemps, poursuivit le blond. »
Puis, il fit signe à son ami sur l'aire de jeu et ce dernier ainsi que Solhee s'approchèrent. Il se saluèrent de la main et s'échangèrent quelques banalités. Enfin, Chan risqua un regard vers Minho, encore hagard.
« Ça vous dirait de passer à la maison ce week-end ? Ma mère n'a qu'une hâte, c'est de nous revoir tous ensemble.
— Uniquement si elle nous fait sa tarte citron meringuée, s'empressa de répondre Hajoon. »
Et c'est ainsi que Minho n'eut pas son mot à dire. De la même manière qu'il ne put piper mot quand Madame Bahng pinça ses joues sur le pas de la porte.
Si la journée avait mal commencé, elle s'était, en revanche, bien terminée. C'est avec l'esprit apaisé que Minho se coucha ce soir-là. Les yeux rivés sur le plafond, il repensa aux sourires de ses proches, aux éclats de rire de Solhee, aux délicieuses nouilles sautées de Madame Bahng. Au final, rien n'avait bien changé. C'était comme si, ici, le temps s'était figé en attendant patiemment son retour...
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C'est un chapitre de transition alors un peu boring mais le plot des suivants m'inspire un peu plus ! :)