Chapitre 2 : se relever

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~Josepha~

Il me fallait un moyen de protéger mon terrain car ce n'est sûrement pas demain que je vais commencer les travaux de construction. Tonton Ruben m'a donc aidée à trouver un bon deal : un briquetier va louer une partie de ma terre puis me payer en nature. J'ai donc commencé par la barrière, juste quatre rangés histoire d'éviter les problèmes de délimitation avec les voisins.

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Les filles sont à ma charge à 100%. Heureusement tonton Ruben me soulage en les transportant le matin. Soraya apprend dans le quartier, l'après-midi un des enfants de la maison la récupère. Daniella prend le taxi après les cours tout simplement.

Je contribue aux charges dans la maison. Sauf que lorsque tu achètes un paquet de biscuits c'est pour tout le monde. Ça me dérange mais pour le moment c'est le mieux que je puisse offrir aux filles. J'ai confiance, les choses finiront par s'arranger.

J'ai essayé de demander de l'aide à Côme. Il m'a répondu que si j'étais incapable de m'occuper des filles, je n'avais qu'à les lui rendre. Je me suis tournée vers mon père et sa réponse n'a pas été mieux. "N'es-ce pas toi qui criais à qui veut l'entendre que tu t'occupais seule des enfants ? Qu'est-ce qu'il y a de nouveau ?" Après ça j'ai décidé de ne plus me plaindre, ne plus rien demander à qui que ce soit.

Les relations avec mes parents sont toujours aussi tendues. Ma famille pour la plus part rit de moi. J'ai voulu me réfugier à l'église mais là encore j'ai été rejetée. Je n'ai pas d'amis, quelques collègues avec qui je m'entends bien mais pourront-ils m'accepter, me comprendre, lorsque ma propre famille me rejette ? Sans m'en rendre compte je me renfermais sur moi-même.

Et vous savez le comble ? Un mois après la réunion chez mon père, Côme a mis une autre femme dans sa maison. Un mois seulement a suffi à faire effacer nos 18 ans de relation. Personne ne peut comprendre, personne ne peut imaginer ce que je ressens à moins de l'avoir vécu.

Ma mère s'en est prise à moi.

"Tu vois les hommes ? A peine partie il t'a remplacée, mais toi ? Tu vas finir vieille fille à cause de l'orgueil."

J'ai besoin d'air, besoin de partir. Mais où ? Avec quel argent ? Je laisse mes enfants avec qui ? Lorsqu'on me disait que quitter un homme n'était pas facile, je n'en avais pas encore pleinement conscience. J'ai l'impression d'être retournée à la case départ. C'est frustrant, c'est douloureux.

Daniella ? Je ne sais pas comment elle vivait la situation, elle ne disait jamais rien. Je n'ai jamais essayé d'aborder le sujet avec elle. J'étais trop submergée par mes problèmes pour réaliser qu'elle aussi souffrait. Je me disais qu'avec elle tout allait bien contrairement à Soraya qui s'exprimait. Cette dernière se levait certains matins et se mettait à pleurer jusqu'à ce qu'elle puisse parler à son père. Elle ne savait pas. Elle ne savait pas que son père est un irresponsable, un égoïste, un gamin. Lui c'était le parent cool qui fait des cadeaux, qui joue avec eux plutôt que de les nourrir. A sept ans c'est tout ce qu'on demande à son parent. Daniella par contre comprenait. Elle comprenait mais ça ne l'affectait pas moins, je ne le réalisais juste pas encore.

Elle est si intelligente, elle avait l'air si mature, si forte, j'ai oublié que ce n'e qu'un bébé. Un bébé de 13 ans.

J'étais dans ma chambre lorsque quelqu'un se mit à frapper à ma porte en appelant mon nom. J'ai reconnu la voix de ma cousine Sandrine. Je n'avais aucune envie de parler surtout pas à un membre de ma famille. Je n'avais pas envie de me faire sermonner, je n'en étais pas d'humeur.

Mais lorsque la porte s'est ouverte et que j'ai pu voir le visage de ma cousine, j'ai de suite compris qu'elle n'était pas là pour ça. Après avoir tourné autour du pot un bon moment, elle s'est lancée.

Female 1 (merci de ne pas spoil svp)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant