Une militante des droits de l'homme combat l'autoritarisme dans un monde en contexte de Guerre Froide autoritaire et nationaliste où tous possèdent un super-pouvoir
Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
La respiration est étouffée, bruyante. A trois pas d'elle un fusil automatique de la garde politique oursidaine. Ces fusils produits en masse tirent rapidement, sèchement, ils sont réputés pour être plus efficaces que les somnifères dans leur domaine. L'ennemi s'endort vite. Pour longtemps.
Ses yeux regardent partout. Difficilement, elle sort un petit objet emballé dans du papier, sans doute pour empêcher que la gomme à mâcher qu'il protège s'endurcisse et devienne dure à mâcher. Mâcher. Elle mâche. Pour oublier les cliquetis des boucles métalliques de l'uniforme gris taché de sang salit. Silencieusement.
Aujourd'hui tout le monde est mort.
La respiration est étouffée, silencieuse. La gardienne en cheffe fait un signe. Évacuation. Exécution. Le bureau fumant des impacts de balles et des copeaux de paperasse enfumés a sauvé la vie de la dernière survivante de cette tuerie au nom de la stabilité de l'empire. La gomme se fait mâcher, lentement, détendant les tendons tendus qui font entendre des craquements sous la pression craquante croissante de cette crise meurtrière. La porte reste ouverte. Le dernier homme en uniforme sort la crosse à la main.
L'appartement qui servait de quartier général à la troisième escouade du renseignement du Groupe Proletariste n'est plus que segments brisés des meubles en bois bon marché, typique de l'habitat oursidaire moyen, soit une famille nucléaire d'ouvrier pauvre, et de cadavres allongés au sol, privés de leur humanité, marionnettes révoltés face à la détermination populaire imposé du fascisme oursidaine.
Il suffirait d'entendre les "messages à caractères informatif impériaux" qui passent entre chaque émission du service de propagande impériale, c'est-a-dire l'ensemble des trois chaînes autorisés par l'Empire, promouvant l'ordre publique et la place de chaque humain dans la société que les dieux nous ont imposé par nature. La nature qui donne à l'empire sa légitimité à régner sur l'ensemble de la planète, ce que ces enfoirés hérétiques d'Olgastine et Lintharoth leur empêchent. Pourtant les oursidaires ne s'empêchent pas, eux, de négocier avec leurs pires ennemis des contrats d'import-export aussi juteux que le taille des poches du Grand Empereur Oursan III, petit-neveu du Premier empereur Oursan I, qui rend la production des ouvrier de chacun des camps plus pauvres encore et toujours.
Toujours et encore, les rêves et désirs de ces cadavres dont on a volé l'âme, prise par les canons encore fumant des gardiens à dix pas de la porte behamment ouverte du numéro 403 au 5 rue Maréchal Xunzu de Siegnar-Nord, disparaissent faute de corps vivant à témoigner de leur existence. Des rêves et désirs n'en reste que souvenirs. Zhaogui témoignera des derniers. Mais elle doit sortir vivante de ce cimetière improvisé. Elle mastique, immobile, toujours, derrière ce bureau. La gomme commence à durcir. Elle crache ce morceau devenu dur comme du plastique et sécrète de la gomme par ses doigts. Elle mâche ce produit naturel, signant l'espoir de témoigner des souvenirs des rêves des morts.
Elle se lève. Courir. Cracher. Reculer. Tirer. Un uniforme est à terre. La gomme rose jetée par terre dégoulinant de salive commence à s'étendre, gonflant tout en se durcissant. Gonfle jusqu'à complètement recouvrir l'entièreté du cadre de la porte. Elle souffle, cherche l'escalier de secours du bâtiment. La gomme, elle, est complètement pierre. Plus rien ne passera par là. Aucun tir. Aucun humain. Aucune once de désir malsain à tuer les discours différents. Zhaogui est sortie, elle court de toutes ses forces. Sa vie en dépend. Les tirs de fusil familiers, elle en a entendu pas plus tôt que dix minutes avant, qui percutent la gomme endurcie par l'assaut soutenu des armes meurtrières, l'attendent si elle ose ralentir le pas.
