Quand on me parle du futur, je m'imagine toujours un monde obscur, où les libertés ont été enlevées, où les régimes totalitaires sont les seuls à être autorisés. Je m'imagine un monde dans lequel la Terre n'est plus que cendres, un monde dans lequel les humains n'ont plus réellement leur place...
Nous sommes en l'an 2124, et une ère de noirceur s'est abattue sur la Terre. Le monde n'est plus qu'obscurité, la lumière est prohibée. La moindre flamme a été interdite, les lampes ont été désintégrées par des machines implacables, et les Hommes vivent dans la peur.
Dans la peur du lendemain, la peur de la prochaine loi qui sera décrétée.
Les gouvernements ne font désormais plus qu'un, unis par la terreur qu'ils inspirent au peuple, immense bergerie prise dans la gueule de loups sans pitié. La Terre a été réduite à un seul et même pays, une seule et même nation pour des centaines de langues, qui communiquent comme elles le peuvent entre elles.
Les revendications sont étouffées, les rassemblements interdits. Les gens sont épiés, fouillés, utilisés pour construire un monde de plus en plus métallique et informatique, de plus en plus cruel.
La perte de la lumière du jour a anéanti tous les rebelles et insoumis.
Car avant cette année d'horreur, avant l'an 2124, l'obscurité n'existait que dans les plus sombres nuits. Le soleil se levait tous les matins pour se coucher le soir, tel une sphère de feu rougeoyante et céleste.
Mais cette clarté, si lumineuse, posait problème aux dirigeants du monde. A la lumière, pensaient-ils, il était plus simple de réussir à se rassembler, plus facile de se procurer des livres interdits ou d'organiser des trafics.
C'est un des dirigeants du monde les plus féroces qui trouva la solution. Si le rayonnement du soleil posait problème, il suffisait de le masquer derrière une construction suffisamment grande, une construction gigantesque qui se positionnerait autour de la Terre et cacherait toutes sources de lumière venant du ciel.
Satisfait de son idée, il fit débuter un chantier titanesque, le plus grand chantier de tous les temps. Les plus grands scientifiques et les meilleurs ingénieurs étaient rassemblés, tous alliés pour créer un dôme immense, entièrement fait de verre opaque et insondable.
Cette enveloppe impénétrable fut élevée tout autour de la Terre, attachée à d'énormes satellites afin de filtrer les rayons du soleil. Entre cette chose effrayante et notre planète ne subsistait plus qu'une fine atmosphère de quelques kilomètres.
Quand le monde entier vit de quoi était capable le gouvernement, quand on vit avec effarement l'impossibilité qu'il avait accompli (priver de lumière un monde entier), tout espoir conservé jusque là disparut. Sans rien pour s'éclairer, pour voir et essayer de se révolter, les vies des Hommes étaient condamnées, et soumises à ce terrible gouvernement.
Aujourd'hui, en l'an d'épouvante 2124, plus personne ne croit en l'avenir, ou en un renouveau pour le bien. Seul le désespoir s'est installé, ne laissant aux gens qu'une infinie tristesse.
Mais même les orages les plus torrentiels ont une fin, même les nuages les plus compacts finissent par se disperser pour laisser apparaître les étoiles.
Récemment, une prophétie est apparue.
On dit qu'une femme sortira bientôt de l'ombre.
Elle rétablira l'ordre du soleil et de la justice. Grâce à elle, les étoiles brilleront plus fort et avec elle, les Hommes pourront de nouveau viser la Lune. C'est elle qui mettra fin à ce régime autoritaire et sans pitié, elle encore qui brisera la coupole de verre nous écartant des rayons lumineux du plus grand des astres. Cette femme est appelée Laelynn, « fleur d'espoir » en langues anciennes.
Elle nous sauvera. C'est elle qui réalisera la prophétie.
C'est grâce à Laelynn que l'espoir renaitra de ses cendres.
