Chapitre 44 - Les élucubrations des écroués

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"La timidité est la prison du coeur."

- Mouais c'est pas mal ! Marmonna François du bout des lèvres

- Ben dis-donc toi ! t'es drôlement avare en compliments !

- Désolé Anna ! Est-ce que tu connais celle là :

"La prison n'est qu'un espace muré qui cache les échecs de la société."

- Hé ! Bravo ! Tu te prends au jeu on dirait !

- Tu sais à quoi je pense justement Anna ? Au Joueur d'échecs de Stefan Zweig. Ce prisonnier qui a trouvé un livre sur les échecs et qui avait tellement de temps et de solitude qu'il lisait, lisait et relisait encore ce seul et unique ouvrage qu'il avait entre les mains. C'est un livre extraordinaire mais qui ....

- Je connais ! Évidemment je connais ! Mais il devient fou à la fin ! Alors ne penses pas à ça s'il te plaît !

- Mouais ! Tu crois qu'on va devenir bargeots nous aussi !? Que la solitude va nous ronger comme de l'acide et qu'on va devenir des animaux ? Des bêtes sauvages ? Des monstres ?!

- Hola ! Comme tu y vas ! T'es hyper négatif en fait ! Faut vraiment faire soigner ça mon grand ! Ça va t'entraîner vers le bas !

- ...Si c'est pas déjà fait ! Fit-il comme un condamné à mort.

- Oh mais arrête ! On dirait que tu vas au bûcher !

- Ou à la guillotine !

- François ! Ça n'existe plus la guillotine !

- Alors je serai pendu comme un gibet de potence !

- On est pas dans un western François ! Tiens ça me fait penser à "La ballade des pendus" de Francois Villon ! Décidément ! Encore un "François" qui pense à la corde !! Je l'avais appris par cœur ce poème ! Tu le connais toi aussi ?

Et elle commença à réciter ce texte mythique et macabre, très réaliste et très bien rythmé :

- Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci...

François prit le relais d'un ton solennel :

- Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

- C'est glauque de réciter ça ici non ?  François ?

- Ouais Anna c'est malsain mais ça occupe un peu l'esprit et ça empêche de flancher ! On noie sa solitude dans l'encre des poètes !

- Oh c'est beau ça ! Tu devrais l'écrire ! ...Dit-elle pleine de joie ! Puis le ton devint plus grave. On doit s'accrocher François...Tu me manques ...Je veux pas te perdre....

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