Je ne sais pas pourquoi mais je lui partageai mon inquiétude vis-à-vis de Railey. Je n'avais vraiment pas pour habitude de me confier. Mais avec lui, c'était différent : il éclipsait toutes mes peurs. Je lui racontai aussi l'altercation avec les trois connards du bus. Son visage était impassible, mais ses yeux parlaient pour lui. Au bout d'un long silence il me demanda : « Peut-être que ces mecs ont réussi à la contacter par un autre moyens et qu'ils l'a blesses autrement ?

-Je n'y avais pas pensé. Ça se tient. Je me disais plutôt que s'était un décès dans sa famille ou quelque chose dans le genre... mais sa mère m'en aurait parlé. Qu'est-ce qu'il faut faire ?

Il réfléchit puis me proposa : On devrait aller la voir, lui en parler, essayer de mettre ses potentiels bourreaux hors d'atteinte et lui remonter le moral.

-C'est un bon plan. On en parle à Iza ?

Je me levai pour descendre du bus. Il me suivit et on sauta sur le trottoir tapissé de feuilles mortes.

-Oui, je pense.

Nous longeâmes la poste et le chêne, arpentâmes les rues de Juilly. On voyait déjà fleurirent des citrouilles et araignées dans les vitrines des boutiques. Cette petite ville était vraiment un havre de paix. Pas de grands immeubles ni d'immenses boulevards saturés.

Au détour d'une rue, mon odorat me pris en fourbe : l'odeur de brûlé. Devant moi se dressait une maison en flamme. Saëlia grimaça. La chaleur me montait aux joues. La sirène des pompiers retentissaient aux loin. Une famille pleurait à quelques mètres devant leur logis rongé par le feu. Des colonnes de fumés dansaient sous mes yeux. Et moi je ne pouvais pas bouger.

Comme cette nuit-là. Ma vision se brouilla, les pleurs de la famille me rappelaient ceux de ma mère, ma notion du temps se troubla et je fus de retour le 22 février 2022. Mon corps tétanisé me criait de courir. Je revoyais les livres brûler, le lit en feu, des langues de braises léchaient le plafond. Des larmes salées roulèrent sur mes joues. Le monde tournoyait autour de moi. J'entendis Saëlia m'appeler puis mes jambes me lâchèrent. Je plongeai dans l'obscurité. Je tombais, encore et encore. Ma tête rebondit sur le bitume mais mon cœur chutait toujours.

Des bras jaillirent des ténèbres et m'enveloppèrent.

Maëlle ? Maëlle tu m'entends ? J'ouvris les yeux. Mes sens se remirent en marche. J'étais porté, dans les bras de mon ami, devant chez moi. Une douleur vive à la sur le crâne se fit sentir. Il posa mes pieds par terre tout en continuant à me tenir. Il me regarda, vit que j'étais consciente et sourit. Pas un sourire banal, non, un sourire de soulagement, qui vous apporte le soleil et le baume au cœur. Son sourire brisa une digue, j'éclatai en sanglot, des larmes de crocodiles sortaient de mes yeux, je n'avais jamais pleuré comme ça. Je ne pleurai même pas, je me vidai, de tout mon soul. Je n'osais pas regarder Saëlia dans les yeux. Il ferma les siens puis m'attira contre lui. Son étreinte était douce et chaude. Une fois que mes larmes se tarirent il se décolla de quelques centimètres et me chuchota.

-Maëlle... je t'ai ramené près de chez toi. Je me disais que tu avais fait un malaise mais... ce n'est pas ça n'est-ce pas ?

J'essuyais mes yeux et me mouchai en réfléchissant à ma réponse. Je ne pouvais pas lui dire, non. Mais inventer une excuse avec lui, ça ne fonctionnerai pas. Il attendait, patient, que je lui explique. Je pris le risque de lui mentir.

-Je...je ne ... non, laisse tomber... j'ai fait un malaise, je n'ai pas assez mangé, sûrement.

-Bon, et bien sache que je découvrirais ce que tu me cache, petite menteuse ! Tu as dévoré devant moi tes frites ce midi. Tu m'en as même piqué !

Je levai les yeux au ciel puis mon visage s'empourpra en me rendant compte de la proximité. Il dû se faire a même réflexion car il s'écarta brusquement. Le vent fouettait mon visage et séchait mes larmes. Le silence était roi. Je l'interrompis en me rappelant la première raison de sa présence devant chez moi.

-Il faudrait qu'on aille se mettre au travail.

- Ah, oui c'est vrai.

J'ouvris la porte et le laissai entrer. Je lui fis rapidement la visite guidé et appelai mes parents, dans le bureau. Ils descendirent dire bonjour.

-Oh, tu dois être le fameux Saëlia dont Maé parle sans arrêt ! s'exclama me mère.

Oups !

Mon visage dû devenir écarlate tandis que le sourire de mon ami s'élargis.

-Le fameux ? me souffla-t-il, l'amusement dans la voix.

Mes parents discutèrent avec Saëlia puis retournèrent vaquer à leurs occupations. Nous montâmes dans ma chambre.

-C'est vert dis donc ! s'émerveilla-t-il.

Je sortis ma tablette et chercha les vidéos à voir. Il prit des feuilles et des crayons pour prendre des notes. Je lançai les vidéos. Les précédents candidats du concours avaient bien réussi leurs objectifs : le rendu était bouleversant et le message vous retournait. Ajoutez ça à mon évanouissement et vous obtenez un état mental proche de zéro. Après en avoir regardé une quinzaine, nous décidâmes d'arrêter. Mon binôme me proposa de manger un peu. Je vis bien que Saëlia essayait de me changer les idées. Je voulais lui rassurer alors accepta.

-Tu sais faire des crêpes ? je le questionnai.

-Oui ! Ma sœur en raffole. Je fais les meilleurs en plus, t'a de la chance.

Je le dévisageai, surprise. C'était la première fois qu'il parlait de sa sœur. Je feignis de ne rien savoir.

-Oh... Tu as une sœur.

Ses yeux se remplir de tendresse. Je ne l'avais jamais vu comme ça.

-Ella à dix ans, elle s'appelle Eli. Je ne connais pas de personne aussi mignonne qu'elle. Même si parfois elle m'étonne. Les enfants sont plus perspicaces qu'on le croit... Bon, on va les faire ces crêpes ?

Je n'insistai pas, de peur qu'il se referme.

On s'amusa pendant une bonne heure en cuisine. On fit même une bataille de farine. Je fus forcée d'admettre que ces crêpes étaient divines. Bien sûr, il m'aida à tout nettoyer avant de partir.

La nuit était tombée, nous étions devant ma porte, sur le perron. Seule la lumière pâle de la lune éclairait nos visages. Les coins de ses lèvres remontèrent quand je lui dis :

« C'était chouette, merci beaucoup.

-De rien, puis il hésita et au final il lâcha, Tu sais, si tu as besoin de parler, je suis là.

Sa phrase me déstabilisa. Je tombai des nues. Comment avait-t-­il deviné que ça n'allais pas ? Suis-je une si mauvaise actrice ? Me laissant avec mes questions, il me salua et me tourna le dos.

-Attends ! lui intimai-je,

-Oui ?

Comme à chaque fois, sous son regard je perdais toute contenance.

-Heu... Je...j'ai trouvé un surnom...

Il me sourit pour m'encourager à continuer.

- Se sera... tout simplement... Saé. 




Voilà ! Ce chapitre est très intense en évènement mais je ne voyais comment le développer autrement. J'espère que ça vous à plu ! (Je sais même pas si des gens me lisent mais c'est-on jamais).

A bientôt ! 

Myrtille Wolf

<3

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⏰ Last updated: May 19 ⏰

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