Peter Pan et la deuxième étoile

CHAPITRE 3

— Nous devons trouver ce trésor avant que quelqu'un ne s'en serve, qu'à dit Lily la tigresse à propos de cet objet ?

Un grand silence plane au milieu de la forêt alors que je lève les yeux vers chacun d'entre eux, ils ne semblent plus aussi bavards à présent.

— La Guigne, tu avais l'air de vouloir parler pendant des heures, je t'écoute.

Ses mains tremblantes agrippent une tasse en verre remplie d'une eau claire pour en boire une gorgée, à ses côtés, La Plume soupire.

— Lily n'a jamais dit à quoi ce trésor ressemblait, nous n'avons que des indications basées sur des rumeurs. Elle l'a vu de ses propres yeux, mais suite à ça son esprit est brouillée.

— Crochet s'en est pris à Bon Zigue pour m'attirer au Pays Imaginaire, il avait ses raisons de penser que j'ai pu obtenir une information précieuse.

Délicatement, Clochette pose ses doigts autour de mon poignet afin de tracer des cercles pour m'apaiser. Ce geste a le don de m'effrayer avec le toucher de Killian, ce que je ne comprends définitivement pas, mon corps réagit différemment en comparaison de la dernière fois où j'ai mis les pieds ici.

— Accéder à la jeunesse éternelle doit avoir un prix, il a toujours voulu te voir mort Peter, vous ne pouvez pas tous les deux vivre éternellement. chuchote l'un des jumeaux.

Je me pince nerveusement le nez en tentant de réfléchir aux nouvelles informations dites par les garçons perdus, ça n'a pas de sens, aucun de leurs mots n'a de sens, en restant à Londres je n'avais aucune chance de survivre plus de vingt ans, et Crochet n'aurait plus jamais entendu parler de moi.

— Peu importe ses raisons, il faut retrouver ce trésor avant lui. Si nous n'avons aucun indice pour chercher, vous ne me servez plus à rien.

— Peter ! s'indigne Clochette.

D'un simple regard, je m'excuse auprès d'eux avant de quitter le rassemblement autour du feu. Mes pieds pendent dans le vide de façon agacée alors que je soupire.

— Grandir doit sûrement accroître ta colère.

Les ailes brillantes de Clochette illuminent le reste de la falaise sur laquelle je me tiens.

— Tu aurais dû me dire que Crochet a un fils, je n'aurais pas été surpris de cette manière sur le bateau.

Un moment de silence me fait mordre l'intérieur de mon pouce de façon anxieuse, c'est un geste que j'ai développé en revenant à Londres après avoir passé plus de deux ans ici. Mes parents ont bien cru que j'étais mort, et lors de mon retour je n'ai pas pu expliquer ce qui s'était réellement déroulé : ils m'auraient pris pour un fou.

Je n'ose pas lever les yeux, parce que je sens son regard sur moi, je ne dirais pas qu'elle me juge Clochette ne ferait jamais ça. Je pense plutôt qu'elle analyse le Peter Painne qui est désormais âgé de dix-huit ans.

— Tu as peur que Killian te fasse du mal ? Il n'est pas comme son père. murmure-t-elle.

— Il est exactement comme lui Clochette, ressaisis-toi ! Il me manipule pour l'aider à trouver ce trésor, je ne le ferai pas.

Pourtant une voix dans ma tête me prouve l'inverse, je ne suis pas si idiot, je ne peux pas l'être.

— Tu ne peux avoir autant changé pour ne pas reconnaître le bien qui se trouve chez une personne.

Les yeux désormais fermés, j'inspire profondément avant d'observer l'eau sous nos pieds s'agiter. Je suis bien tenté de suivre le mouvement de Clochette, de faire confiance aveuglément à Killian Jones, mais un pirate reste ce qu'il est, ce qu'il restera toujours : un homme des mers prêt à tuer pour sauver son équipage, son père.

— Les gestes d'un homme ne font pas forcément de lui quelqu'un de bien, Clochette.

Ses longues boucles blondes retombent autour de ses épaules et de sa robe verte faite de feuille, je déteste lorsqu'elle prend la forme d'une humaine parfaitement capable de me faire la morale.

— Laissons-lui une chance de nous aider à trouver ce trésor, je ne sais pas les raisons pour lesquelles Crochet t'a fait revenir, mais elles sont loin d'être bonnes Peter.

Loin de lui, il était certain d'être une source de sécurité pour son équipage : j'étais susceptible de mourir à cause d'une simple grippe. Au Pays Imaginaire, je suis immunisée contre toute forme de développement, Clochette à raison, elles sont loin d'être bonnes.

— Pardonne-moi de t'avoir dit ces choses. dis-je en déglutissant.

Elle hoche nerveusement la tête avant d'enrouler ses bras autour de mes épaules, la chaleur qu'elle prodigue me fait pousser un léger gémissement de bien-être. Mes pensées sont toujours préoccupées par les mots du pirate.

je te retrouverais, même à Londres.

Si je ne connaissais pas encore l'existence de Killian jusque-là, lui en revanche avait l'air d'être parfaitement informé sur mon parcours et mon lieu de naissance.

— DROIT DEVANT !

Le hurlement de Bon Zigue fait sursauter la fée qui accourt jusqu'au garçon perdu, elle ne semble pas comprendre qu'il ne s'agit que des lance-pierre fabriqués par ce dernier. Une seule lancée suffit à blesser un adversaire plus imposant que les jumeaux ou encore Gaël.

À l'instant où mes fesses frôlent la pierre dure, un papier jaunâtre s'échappe de mon pantalon avec une écriture cursive.

K.J
nouveau combat ?
allons Peter, si je sais où te trouver, tu sauras où me chercher.

Cet enfoiré ignorant et immature a certainement glisser ça lorsque ses mains trituraient mes hanches pour me jeter par-dessus bord. Mes dents mordillent anxieusement ma lèvre inférieure alors que je relis une dernière fois ces mots dans l'espoir d'avoir une soudaine illumination : j'imagine que ce soir, je me retrouverais de nouveau face à face avec Killian Jones, et ça ne sera pas de bonne augure.

Estella.