Chapitre 38 - Tourner la page

Depuis le début
                                    

Ou alors la deuxième option :

- Option 2 : on oublie !

Je passe à autre chose ! je mets un mouchoir sur cet "incident" et j'avance sans me retourner en espérant chaque jour que le passé ne ressurgisse pas et ne m'éclate à la figure !

Le silence d'Anna parut durer des heures pour le pauvre François, qui ne savait pas à quelle sauce il allait être mangé. Elle était encore à gamberger dans sa tête et à se torturer l'esprit... Elle ouvrit la bouche et prit la décision la plus folle qui soit. Elle aurait pu regretter son geste mais elle prit son courage à deux mains et se lança les yeux fermés.

...

Elle se jeta sur lui et l'embrassa comme si elle ne l'avait pas vu depuis des jours, comme si elle allait le perdre, là, maintenant, sous ses yeux, ou comme cette femme qui voit revenir son mari de la guerre et qui, ayant cru le perdre, qui chaque jour pleurait sa peine, se jette dans ses bras d'un amour décuplé.

Elle était pendue à son cou et lui chuchota à l'oreille :

- François. Il faut que je t'avoue quelque chose. Et il se peut que tu veuilles me quitter après ce que je vais te dire...

- Oh mais non ! C'est impossible ! Je t'aime trop pour te quitter tu sais !

- Rien n'est impossible ! Et j'ai bien peur que tu ne changes d'avis après ce que je vais t'avouer...

- Anna ! Tu n'es pas obligée de...

- écoutes moi François. Laisse moi tout te raconter. Je m'en remets à toi. Je te confie une chose explosive qui m'a rongée..qui m'a détruite pendant si longtemps. Je ne peux plus porter ce fardeau aujourd'hui. Fais-en ce que tu veux. Après que je te l'ai confié et que je me sois ouverte à toi avec tout mon cœur et toute ma franchise...déteste moi ! fuis moi ! efface moi si tu veux !
Je comprendrai.
Je m'y attends même !
Mais je suis prête à endurer ta haine, ta colère, ta déception, même ta peur de moi. Je m'y suis préparée depuis que je suis tombée amoureuse de toi, de tes mots, si charmants et si puissants, si drôles et si créatifs, mais surtout de toi, juste toi, l'homme derrière l'écrivain, beau, fragile, écorché vif, désarmé devant la vie mais qui s'est créé une carapace, une bouée de survie, un palais intérieur si extraordinaire, un monde si magique que je voulais en faire partie, faire partie de de ta vie, y être acceptée et y être aimée...

Et là je vais tout gâcher avec ce que je vais te dire...

- Alors ne le dis pas Anna ! Ne dis rien ! Je ne dois pas tout savoir ! On a tous le droit d'avoir un jardin secret. S'il te plaît ! Le silence est d'or...

- ...et la parole est d'argent François ! Je veux vider mon sac, soulager ma conscience. Je ne pourrais pas continuer avec toi si je ne te le dis pas. Tu comprends ?

(Lourd silence de François)

- François ? Tu comprends ?

- Oui Oui ! Vas-y alors  ! Dis moi tout ! Je t'écoute. Vide ton sac ! Comme tu dis ! Soulage ta  conscience ! Mais si tu savais que les deux compères étaient responsables des corps dans la cave, je comprends que tu aies gardé le silence. Si tu savais qu'ils étaient dangereux, je comprends que tu n'aies rien tenté contre eux. Tu étais sous la menace. Tu devais être tellement détruite de savoir que tel écrivain qui t'avait plu par sa plume était passé entre les chaînes puis les mains de Gérard. Tu devais vivre dans la terreur permanente, quotidienne. Tu étais leur prisonnière, mais à l'extérieur. Ils te tenaient, et te torturaient toi aussi, comme les autres. Tu étais leur chose. Ça devait être horrible ! Ma pauvre Anna ! Ne te donne pas la peine. Je crois que j'ai compris.

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