7 - Mises à nu

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Nous sommes au centre des regards. J'essaye de garder la tête haute.
Mais je commence à me sentir excédée.

Je siffle entre mes dents

–  Ça va, tu t'amuses bien ? JE t'amuse bien ?

Elle me répond juste par un rire cristallin.

–  Ne comprends-tu pas ? Dit-elle en se rapprochant de mon oreille. Ce n'est pas toi qui m'amuses. Mais la situation. Toi ? Tu m'intéresses. Comme d'autres.

Elle se recule et son regard azur se plante dans le mien. Comme si elle cherchait à percer tous mes secrets.

Elle ne peut pas lire les pensées, hein ? Ça fait partie des pouvoirs des aasimars ? J'en sais foutre rien !

- Tu ne te rends vraiment pas compte ? Cette soirée est un jeu. Et toi, moi, tout le monde est un pion. Pour tout le monde. Voilà la réalité. Mais contrairement à d'autres, je choisis de m'amuser avec les règles.

Je reste un instant sans voix.

–  Et donc, je suis ton pion ce soir ? Ton jouet ? Ta poupée que tu t'amuses à habiller et à exhiber ?

Un sourire s'affiche sur son visage, mais son regard est loin.

– Peut-être. Ou alors, j'essaye de comprendre.

– De comprendre quoi, bon sang !

–  Ce qui te rend si spéciale !

Puis, elle regarde derrière moi et s'exclame

– Regarde ! Père et Kalim sont juste là.

Et elle s'en va dans leur direction.
Cette fois, je la suis de mon plein gré.

L'air entre eux est chargé.
Kalim, dont l'on fête ce soir son ascension militaire, ne passe pas inaperçu avec sa présence imposante et son mètre 85, tout en muscle.
Avec ses 28 ans, il est le fils ainé du duc Filéas Basri.

Aasimar, comme le reste de la fratrie, ses cheveux sont longs et blonds. Ce soir, attachés en une demie-queue de cheval sur le haut de sa tête.
Cela lui donne l'air moins dur et féroce qu'à son habitude et plus aristocratique. Son visage, encore jeune, est tout de même marqué par quelques rides d'expressions. Celles de quelqu'un de beaucoup trop sérieux et concentré.
Et ses yeux bleus ! Il pourrait terrasser n'importe quel ennemi d'un seul regard s'il le souhaite, je crois ! D'ailleurs, lorsqu'il regarde son père, le ressentiment est presque tangible.
Kalim a toujours recherché l'approbation de son père, en vain, tandis que le duc maintenait une certaine distance inexplicable avec lui.

Je ne sais pas pourquoi. Car Kalim est quelqu'un de fort, droit. Il a toujours été excellent en tout. Ne rechigne pas sur les efforts. Et pourtant... Filéas ne l'a même pas désigné comme héritier. Et... Je crois que Kalim le vit très mal, et se cache derrière une énorme carapace. Parce qu'il était différent. Avant.

Mais c'est le verre dans la main de Filéas qui capture toute mon attention. Et alors qu'il chute, je chute aussi. Bousculant le duc.
Le bruit du verre qui se brise.

Dans ce fracas, tandis que Kalim m'aide à me relever, je croise le regard de Filéas. Et je lis dans ses yeux un maelstrom d'émotions : reconnaissance, inquiétude, et peut-être, un voile de peur.

Je rougis et lui lance :

– Quelle maladroite, je suis désolée Monsieur.


Ayanna, à côté de moi, rit de ma maladresse, inconsciente, je l'espère, de ce qui vient de se passer. Elle me glisse à l'oreille :

Harley Starclover 1 - Les ombres d'OpparaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant