C'était très cliché de dire cela comme ça mais on vivait d'amour et d'eau fraîche, rien ne semblait pouvoir entacher notre bonheur. On se plongea dans les travaux de la maison pour la mettre à notre goût, on prit la décision de mettre mon appartement en vente, m'obligeant à passer près d'un mois à Paris pour vider tout le contenu de mon appartement dans le sien. Lénaïc avait mis ce temps à profit en invitant les garçons pour bosser à fond sur son album qu'il termina.

Thérapie, son dernier album était sorti six mois plus tard avec un long prologue explicatif de sa vie au cours de cette dernière année et de ce qu'elle deviendrait à l'avenir, cet album étant la conclusion de sa carrière d'interprète. Il n'y avait pas eu de promo, pas de tournée, rien pour faire « vivre » cet album puisque Lénaïc ne voulait pas faire de célébration de l'album dans lequel il mettait ses démons à nu et qu'il avait très vite mit en route son projet de label. Tous les garçons avaient bien évidemment signé avec lui, Guillaume lui confiant même une grosse partie de production de son nouvel album. Sa réputation de bosseur étant déjà bien connue dans le milieu, il avait vite collaboré avec beaucoup d'artistes, sans forcément les signer dans son label, s'ouvrant même pour la première fois à d'autres genres musicaux. Les critiques avaient été un peu surpris de découvrir que la nouvelle sensation de la pop avait un album entier produit par l'ancien Mister BN qui avait même composé le premier tube qui était une très jolie chanson d'amour. Les garçons le charriaient souvent et pariaient sur le temps qu'il lui faudrait avant de recevoir un grammy. Après les deux premières années à alterner entre des locaux pourris, des studios loués et le studio de son appartement parisien, il avait le projet de réhabiliter un ancien manoir de la région parisienne pour en faire des studios permettant à des artistes de vrais retraites artistiques. Le projet impliquait aussi une maison dans le parc pour sa famille.

Chaque chose se mettait naturellement en place, la vie suivant tranquillement son cours.
Je m'étais sentie un peu ridicule lorsque j'avais abordé mon projet d'écriture avec Nolwenn mais comme son frère, elle avait cru en moi, me donnant le contact de plusieurs personnes qu'elle connaissait dans le monde de l'édition. Après de nombreux rendez-vous, beaucoup de conseils, de corrections et de travail, j'avais abouti à un manuscrit qui avait été publié et à un contrat pour trois tomes de ma série policière. J'étais loin d'avoir écrit un best-seller mais mon premier tome s'était vendu dans des quantités satisfaisantes pour les éditeurs qui lancèrent le deuxième tome avec un peu plus de promotion ce qui eut pour résultats de booster les ventes. Il était étonnant qu'un deuxième tome se vende mieux qu'un premier mais je mettais ça sur le compte de l'oubli médiatique. Mon image de mannequin superficielle s'estompa doucement à mesure que ma crédibilité d'auteur croissait. Les soirées du monde de l'édition étaient moins fastueuses que celles du monde du mannequinat mais cela m'allait parfaitement. Nos sorties publiques avec Lénaïc étaient beaucoup moins médiatisées, mais on les appréciait beaucoup plus, appréciant encore plus de rentrer tôt chez nous pour regarder des documentaires de true crime blottis dans le canapé.

Malgré les quelques insistances de nos parents pour savoir quand on allait se décider à faire un enfant, on ne changea pas d'avis, aucun instinct maternel ou paternel ne se dévoilant mystérieusement lorsque les premiers enfants du groupe furent nés. Même si on adorait garder la petite de Guillaume et le fils de Julien, l'idée d'avoir un enfant à charge à vie nous donnait des sueurs froides. A la place, on avait adopté deux chiens à la SPA, deux gros pépères inséparables qui avaient frôlé l'euthanasie tant ils avaient été maltraités. Ils nous suivaient partout, nous rendant au centuple l'amour qu'on leur donnait. Lorsque je passais des journées assise à mon bureau pour écrire, ils se couchaient chacun sur l'un de mes pieds pour être certains que si je me levais, je ne partirais pas sans eux.

Notre grand mariage eut lieu cinq ans après notre passage à la mairie. On avait décidé de louer une grande propriété en Provence, capable de loger tous nos invités. La cérémonie avait été laïque puisque nous étions déjà mariés et animée par Richard qui avait tenu à porter un costume entièrement brodé d'or pour rattraper sa tenue de notre mariage à la mairie. On s'échangea des vœux plus personnels qui firent pleurer une plus grande audience, nous comprit, le clou du spectacle étant les chiens qui apportèrent des montres sur un petit coussin brodé. Ayant déjà des alliances, on avait réfléchi à un bijou symbolique pour cette deuxième cérémonie et quoi de mieux que le symbole du temps qui passait, que l'on passait ensemble et qui passerait toujours. Lénaïc ayant toujours rêvé de s'acheter une montre de collection, l'occasion était parfaite. Richard, en abusant de sa position de maître de cérémonie, fit prêter un interminable serment qu'il avait écrit lui même aux quatre témoins. La consigne avait été qu'ils apprennent leurs textes par cœur mais Raphaël semblait avoir des soucis à se souvenir des mots pompeux inventés par Richard. Plusieurs fois, il se retourna vers Eugénie, enceinte jusqu'aux yeux, qui prenait son rôle de souffleuse très à cœur. Eux aussi avaient choisi l'option du mariage sans prise de tête mais n'avaient fait aucune promesse de grande fête ultérieure ce que je comprenais parfaitement.
Au moment de jeter mon bouquet, Clem tira Eugénie pour qu'elle lui serve de garde du corps, lui donnant pour consigne d'asséner des coups de ventre à la concurrence pour que le bouquet ne lui échappe pas et mettre son chanteur au pied du mur pour qu'il la demande enfin en mariage.
A la fin de la journée, Lénaïc m'avait soufflé, lors de notre ouverture de bal, que cette journée était la plus belle célébration de notre amour. On avait aucun regret de nous être mariés à la mairie en tout petit comité mais cette confirmation de mariage avec tous nos proches était la cerise parfaite au gâteau de notre amour.
Blottie dans ses bras, c'était le seul endroit au monde où j'avais vraiment la sensation d'être toujours à ma place même quinze ans après notre coup de foudre. Et le regard que Len posa sur moi m'indiqua clairement qu'il ressentait la même chose.
On devait ressembler à deux imbéciles à tourner au milieu de la piste en se dévorant du regard en souriant mais on était des imbéciles heureux. Et on le resterait encore longtemps.


Fin

_____________
Voili voilou ! Tout le monde est heureux, tout le monde a trouvé sa nouvelle voie et nous il ne nous reste que nos yeux pour pleurer d'amour !

Ainsi se finit coup de foudre parce que j'aime que l'amour triomphe !

Le rythme des publications a été chaotique par rapport à Comète mais je vous remercie pour votre lecture et vos commentaires, votre soutien me fait toujours chaud à mon petit cœur ❤️

Je vous embrasse,
Emma

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now