Chapitre 19 - Le code secret

Depuis le début
                                    

Il avait trouvé son message à faire passer à la personne qui le sauverait. Il avait disséminé discrètement dans son texte, comme des petits cailloux dans la forêt- ou des pas dans la neige ! - des poèmes qui servaient d'appel à l'aide. Son héros s'appelait Tristan et aimait en secret la belle Juliette (oui il y avait du plagiat, du clin d'œil, de la référence !)

Il plaça très tôt dans son roman un premier poème codé :

[Sans vous en silence 
J'attends doucement mon deuil 
Et j'endure la souffrance
sous un grand tas de feuilles.

Loin de vous je sens 
peser sur mes épaules
Les chaines et le sang
Et la mort qui me frôle.

Vivre sans vous
c'est vivre sans air
Trouvez moi
au fond de ma tanière.

Libérez moi de ma solitude
Venez à moi ! 
J'ai....j'ai...froid.
Il fait -1°C chez moi !

Quand vous serez là
J'en ris déjà
Nous boirons enfin
De bonnes bouteilles de vin

Et notre amour 
enfin libéré de ses chaînes 
éclatera au grand jour
Et soignera sa peine.]

Il y avait glissé tous les indices pour qu'on le retrouve et le libére.

Mais il eut peur que le lecteur landa ne comprennent pas le cri du prisonnier et n'y voit qu'un poème d'amour.

Il en plaça donc un deuxième au milieu de l'histoire :

[Mon cœur et mon âme
N'ont plus de fenêtres.
Ils attendent que madame
Veuille bien apparaître

En mon humble cachot
De douleur et de fièvre
Pour respirer plutôt
Le Parfum de vos lèvres

Et s'envoler vraiment
Vers le paradis blanc,
Loin des faux dieux vivants
Devenus des Satans.]

Enfin, pour se faire entendre à bas bruit, il glissa à demi mot une troisième lueur d'espoir poétique, plus précise :

[Je suis là
Sous vos pas
Ne me cherchez pas
A votre hauteur
car je suis plus bas
Dans les profondeurs.

L'enfer est en dessous de tout
En dessous des hommes,
En dessous des livres
En dessous du sol.

Et je me sens mourir
Un peu plus chaque jour
De devoir retenir
Mon si grand amour
Pour vous

Vous qui me comprendrez
Vous qui me trouverez
Dans les abysses délaissées
Où la foi ne m'a jamais quitté

J'ai....j'ai...foi
En toi
Et je taime déjà.]

Il pensait frapper fort avec ce dernier poème qu'il avait inséré dans son texte.
Il espérait que cela lui ouvrirait les portes en grand de sa prison et lui ferait retrouver sa belle liberté.

Il n'avait mis que 10 jours pour refaire sa deuxième œuvre !

Il avait fini. Il était prêt à jeter sa bouteille à la mer.

Il appela Gérard aussi fort qu'il le put :

GéGé ! J'ai..j'ai... fini ! GéGé ! J'ai..j'ai..fini !

Sa voix tonitruante fit rappliquer le geôlier en moins de deux.

C'est pas trop tôt ! Lâcha Gérard de lassitude  T'en as mis un temps pour écrire ton histoire d'amour !

Émile se présenta également.

Il a fini ? Ah ben c'est pas trop tôt ! On a failli attendre ! Mais pourquoi que c'était si long cette fois ci ! Qu'est ce que t'as mis dedans dis donc !?"

François préféra le silence du mépris.

- C'est qu'il à oublié les bonnes manières on dirait ! Plaisanta Gérard.

Ils lui arrachèrent le manuscrit des mains et sortirent en claquant la porte.

Gerard demanda :

- Émile ? On l'envoie à la bêta lectrice avant de le publier ?

- Ben évidemment gros nigaud !
C'est obligé ! Ça doit être plein de fautes son torchon au gamin !

- OK ! je lui envoie demain ! Mais tu veux pas le lire avant Émile ?

- Bah ! Moi j'aime pas les romans fleur bleue ! Ça me rend malade les mièvreries et la guimauve ! C'est ennuyeux à mourir ! Mais si ça peut encore me rapporter de l'oseille quand je l'aurais publié sous mon nom, je prends ! Haha !

- T'as bien raison ! Et puis moi ça me fait des ventes dans ma petite boutique ! Tout le monde il est content !

Et les deux serpents du mal se félicitèrent mutuellement de leurs vices au milieu de ce paradis de la culture et de la créativité.

Dans ce jardin d'Eden, la pomme était véreuse...

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