Chap. 18

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-Cette femme est accusée de sorcellerie et de pacte avec le diable!

Les Hurlements de la foule suivent aussitôt la phrase du prêtre. Sidération de Colombe qui arrive de moins en moins à respirer. Sa poitrine se comprime tant qu'elle ne peut plus reprendre son souffle. Ses mains jointes dans son dos par une corde trop serrée la font atrocement souffrir.

-En effet brave gens! Une sorcière vivait paisiblement depuis toutes ces années dans ce village! Vous la pensiez guérisseuse et vous vous êtes laissés hypnotisés par sa magie mais c'était pour mieux vous empoissonner! Même notre bon comte a été ensorcelé! Elle lui a mangé l'esprit pour qu'il l'épouse et pour enfanter des démons! Lorsqu'elle a compris que Dieu était plus fort que tout et avait mis dans son ventre un enfant sain, elle l'a tué!

Les cris et insultes de la foule contre Colombe sont si violents et assourdissants que le prêtre doit hurler ses paroles pour se faire entendre.

-Oui brave gens! Elle a tué son propre enfant! Elle a tué l'œuvre de Dieu avec des plantes de l'Enfer! Le diable s'est alors affaibli en elle mais plus fort encore il s'est réveillé de nouveau et la voici! Vivante! Dieu nous ordonne de mettre un terme à ses monstruosité et de la tuer une fois pour toute pour libérer notre comté de sa magie des enfers! Nous devons tuez la sorcière!!!
-Oui!
-Tuons-la!
-Brûlez cette sorcière!
-Qu'elle retourne baiser le diable!

Alors, le prêtre lève encore les mains pour calmer la foule qu'il a pris tant de plaisir à galvaniser.

-Attendez! Attendez! Contrairement à ce monstre nous sommes juste! C'est un procès. Nous devons prouver sa culpabilité. Pour cela, nous avons des témoins... Monsieur Le Comte, si vous voulez bien.

Walderic se lève de son siège, moins assuré que Colombe n'avait l'habitude de le voir. Lui aussi semble chamboulé. Leurs regards se croisent un instant, la jeune femme le supplie des yeux de ne pas faire ça, d'avoir pitié d'elle. Il détourne le regard, de racle la gorge.

-Elle était enceinte, mais ne me l'avait pas dit. Lorsque je l'ai retrouvé recouverte de sang, j'ai cru à un accident. Mais nous avons retrouvé les herbes du malin à côté d'elle. Celles qui lui a permises de tuer mon enfant. Cette femme est une sorcière, je le sais, pour l'avoir vu de mes propres yeux.

Après lui, témoignent différents gardes et servantes témoins que la même scène que lui.
Et alors qu'un énième témoin s'apprête à servir le même discours, Colombe parvient à retrouver son souffle et crie à pleins poumons:

-Non! Je ne suis pas une sorcière!

Le silence se fait. Le prêtre l'observe, pas apeuré, tenant son chapelet dans sa main.

-Tu dis que tu n'es pas une sorcière? Malgré tous ces témoins?
-Je n'en suis pas une! Je le jure!
-Haha... promesse du Diable. Aussi vicieux que le sifflement du serpent!
-Je suis innocente! Je n'ai rien fait! C'était... un accident!
-Bien-sûr! Et les plantes aussi étaient un accident...
-Je n'ai rien fait! Vous ne pouvez pas me tuer! Je ne suis pas une sorcière!

Colombe ment bien-sûr. Elle avait fait exactement ce de quoi on l'accuse: elle avait décidé d'anéantir la chose minuscule dans son ventre. Mais si elle l'avoue, elle pourrait allumer le feu du bûcher elle même que ça serait identique.

-Je vous ai soigné! J'ai veillé sur les fièvres de vos enfants et recousu vos blessures! Je ne suis pas une sorcière!

Quelques murmures se font entendre dans la foule. Après tout c'était vrai: certains avaient été guéris grâce à elle. Était elle donc vraiment la putain du diable?

-Je vois que ses paroles démoniaques vous font douter braves gens! Heureusement, nous avons un autre témoin. Un témoin qui a tout vu depuis le début!

Alors, deux gardes franchissent la foule, et montent sur l'estrade avec, un leurs côtés, Anastase.
Colombe n'en croit pas ses yeux.
Il boite. Son visage est déformé. Un de ses yeux tout à fait clos. Et même sans le voir elle devine sans mal toutes les blessures sur son corps malgré tous ses efforts pour ne rien y laisser paraître.
Il a été torturé. Elle le sait. Elle le voit.

Leurs regards se croisent. Anastase a les larmes aux yeux. Il entrouvre les lèvres, comme pour lui parler, mais aussitôt le prêtre lui attrape le bras pour le tourner vers la foule.

-Ne la regarde pas! Elle va encore t'ensorceler... Ce garçon a été possédé par la sorcière! Heureusement nous avons pu sauver son âme en l'exorcisant. Il va nous dire toute la vérité. Nous t'écoutons.

Le jeune homme reste silencieux, alors un garde le bouscule brusquement. Il manque de s'effondrer, se rattrape. Anastase se met à bredouiller quelque chose, la tête basse.

-Plus fort! Nous n'entendons rien!
-Elle... elle est une sorcière. Elle... elle m'a ensorcelé pour que nous... fassions l'amour dans la forêt, souvent. A chaque fois elle... priait le diable.
-Bien. Quoi d'autres!
-Elle m'a... elle m'a avoué vouloir tué son enfant pour... pour...
-Dis-le!
-Pour le manger à la pleine lune au nom du Diable puis s'accoupler à un bouc.

Cette fois, Colombe s'effondre.
Pas physiquement, car toujours attachée à la poutre. Mais son coeur, son âme, sa vie s'effondrent. Elle fond en larmes. Elle n'avait pas pleuré ainsi depuis qu'elle était enfant, mais cette fois elle ne peut plus. Elle pleure en sanglots incontrôlables. Encore, encore, encore.

-Oh... Anastase...

Le jeune homme est trainé hors de l'estrade, et enfin le prêtre se tourne vers Colombe avant de dire d'une voix claire et calme à l'attention du bourreau:

-Brulez-la.

ColombeWo Geschichten leben. Entdecke jetzt