SECRET SANTA,, édition 2023

❄️ 𝒕𝒐𝒌𝒆𝒗𝒓𝒂

─ 𝗘𝗖𝗛𝗜𝗞𝗢 𝗠𝗔𝗧𝗦𝗨𝗢 ─

Je vais sûrement commettre un meurtre. Je détestais les êtres humains. Il pleuvait des cordes et ce débile réussit à rouler dans la flaque d'eau. Résultat, j'étais trempée et persuadée que le conducteur n'en savait strictement rien ou qu'il se fendait la poire avec ses passagers. Je n'avais qu'une seule envie, c'était de rentrer chez moi. Ma journée avait été particulièrement fatigante, mon stage me prenait réellement beaucoup d'énergie. Une fois dans mon appartement, je pourrais enfin mettre mon casque sur mes oreilles et m'évader dans la musique. Ou même regarder la pluie tomber depuis mon balcon, ou encore, sortir mon carnet pour travailler mes personnages pour mon roman. J'avais beaucoup trop de projets à la place de faire tout ce trajet à pied, car le bus n'avait pas eu envie de passer.

Un énième soupir sortit de ma bouche. Le monde se liguait contre moi aujourd'hui, c'était la seule explication plausible. Trop concentrée à maugréer dans ma tête, je ne vis pas les motos qui arrivaient de façon rapide sur les flaques. Je ne pu m'en apercevoir que lorsqu'une d'entre elles , m'éclaboussa. Les poings serrés, je me retournais pour sortir mon plus beau majeur, réellement exaspéré par cette journée. Contre toute attente, la moto freina et son conducteur descendit pour à mon niveau sur le trottoir. Il devait facilement faire une quinzaine de centimètres de plus que moi, voire même plus. Il retira son casque, son visage affiche un air désolé.

― Excuse-moi, je n'ai vu la flaque que trop tard. Il s'inclina pour appuyer ses propos. Mais ce n'est pas une raison pour me faire de telle vulgarité.

La tête relevée, il affichait un sourire moqueur. Je fis mine de ne pas voir de quoi il parlait, légèrement gênée par la situation. Il n'avait pas tort, mon agacement ne justifiait pas d'être impoli, surtout dans cette situation.

― On se connait non ?

Cette réflexion me sortit immédiatement de mes pensées. Le jeune homme s'était redressé tout en faisant des signes pour que ses amis partent sans l'attendre. Je me permis de détailler son visage. Il est vrai que ce dernier ne m'était pas totalement inconnu. Ses cheveux noirs encadraient son visage fin. Ses pupilles de la même couleur me sondaient autant que je le faisais.

— Matsuo ? Je haussais les sourcils à l'entente de mon nom. Nous étions dans le même collège et dans la même classe ! Shinichiro Sano.

— Oh oui ! Je suis désolée, je n'avais pas fait le lien.

Un rire doux s'échappa d'entre ses lèvres. Ce dernier me fit sourire. Ce garçon a toujours été rayonnant, voire éblouissant.

— Je suis étonnée que tu aies retenu mon nom. Ça doit faire presque 10 ans.

— C'est vrai, mais tu m'avais marqué à l'époque.

Mes sourcils se froncèrent automatiquement ne voyant pas comment cela était possible.

― J'avais tenté de te déclarer ma flamme. Tu m'avais gentiment recalé. Son visage esquissa une grimace.

Des bribes de souvenirs me revinrent en tête. Durant une après-midi, Shinichiro était venu me voir dans la cour. Ses amis derrière en train de rire de lui tellement ce dernier était mal à l'aise. Gentiment, il m'avait proposé de sortir avec lui parce qu'il me trouvait jolie. Je me souvins que son compliment m'avait touché, mais ma réponse ne l'avait pas laissé paraître. D'un air froid j'avais répondu "Tu es bien gentil Sano, mais je ne te connais pas. Et on ne sort pas avec quelqu'un simplement parce que cette personne est à notre goût." Je lui avais tourné le dos avant de rejoindre mes amies.