- Tu peux te plaindre au directeur non ? Me propose-t-il gentiment ?

- Si je vais encore dans son bureau aujourd'hui, c'est avec lui qu'elle va m'accuser de coucher ! M'exclamais-je ironiquement.

Un rire lui échappe.

- Si tu veux, on y va tous les deux après le ramassage des plateaux. Je témoignerai contre elle. C'est de la diffamation Sarah, il ne faut pas que tu te laisses faire. Et pas de risque de rumeur, je suis gay ! Plaisante-t-il.

- Merci Guillaume ... C'est vraiment gentil. Je veux bien. Dis-je sincèrement.

- C'est normal, à tout à l'heure alors ?

- Oui.

Je lui souris une dernière fois, avant de repartir avec le chariot.

Je n'en reviens toujours pas. Comment peut-elle faire ça ? Mes mains en tremblent encore. Mais ma colère, s'est en allée. Elle n'a laissé la place qu'à une grande tristesse. Je suis vraiment peinée de cette situation. J'ai une sensation de lourdeur dans la poitrine.

Je me sens salie.

J'ai peur aussi. Peur que mes collègues ne me jugent, qu'ils la croient, qu'ils me mettent à l'écart. Je crains également que mes supérieurs apprennent cette rumeur et qu'ils me licencient.

Je me sens accablée.

Mais je suis aussi honteuse, parce qu'elle n'est pas si loin de la vérité. Je n'ai peut-être pas couché avec lui, mais je l'ai embrassé.

Et je me sens mal.

Mécaniquement, je donne les plateaux-repas du déjeuner aux détenus. Machinalement, je les salue. Involontairement, j'arrive devant la cellule n°3.

Je m'approche de cette porte maudite. J'active la serrure avec mon badge. Ce foutu boîtier sonne et une LED verte s'allume. J'ouvre, et j'entre dans l'obscurité. Peu à peu, mes yeux s'habituent à la faible lumière, et mes pupilles se dilatent.

Je pose directement, et simplement son plateau sur le rebord prévu à cet effet. Puis, je me retourne et m'en vais.

- Même pas un bon appétit ? Me lance Lorenzo ironiquement.

- Bon appétit. Dis-je détachée, encore le dos tourné.

- Ça ne va pas, Sarah ? Me demande-t-il soudainement.

Le son de sa voix a changé.

- Si. Mentis-je.

Qu'est-ce que je devrais dire ?

« Non, ça ne va pas. Mon nom est sur toutes les bouches. Une rumeur court, on m'accuse de coucher avec toi. Alors que c'est faux, je t'ai simplement embrassé ! » C'est ridicule. Je mérite ce qui m'arrive.

- Regarde-moi Sarah. Chuchote Lorenzo.

J'inspire avant de m'exécuter.

- Quoi ? Dis-je lasse.

- Dis-moi. M'ordonne-t-il.

- Rien Angelo, je suis simplement fatiguée.

- Tu n'étais pas fatigué il y a une heure. C'est par rapport à ce que je t'ai dit ?

Il fait référence à notre précédente discussion.

- Non, non. Ne t'inquiète pas, c'est simplement qu'il y a une rumeur qui court sur nous, et ça me dérange... Dis-je honteuse.

C'est honteux de me plaindre devant lui. Lui qui revient de trois mois d'enfermement au trou. Et qui est dans cette prison depuis des années.

- Quelle rumeur ?! S'exclame Lorenzo.

- On coucherait ensemble figure toi ! Dis-je avec un faux sourire plaqué sur le visage.

Je crois voir le choc se dessinait sur son visage.

- Qui ?

- Qui quoi ? Demandais-je sans comprendre le sens de sa question.

- Qui a dit ça Sarah ?

- Je crois que c'est Milla. Je vais aller voir le directeur avec Guillaume après.

Un léger silence s'installe avant qu'il ne s'excuse.

- Je suis vraiment désolé, Sarah. Dit-il la tête baissée.

- Pourquoi tu l'es ? Ce n'est pas ta faute !

- Si. C'est moi qui t'ai réclamé, et c'est moi qui t'ai embrassé. Je n'ai pas pu résister. C'est ma faute s'il y a des rumeurs. Je suis vraiment désolé. C'est ma faute. Répète-t-il.
La dernière chose que je veux, c'est te faire du mal.
Tu le sais ?

La cellule n°3.जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें