Dans l'Archipel de Manéran, on raconte que les sirènes sont des créatures sournoises et monstrueuses. C'est ce que croyait Cerise, une adolescente esseulée... jusqu'à découvrir sa bouteille à la mer entre les mains de l'une de ces créatures.
Contre...
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Quelques minutes plus tard, Gwen réapparut dans l'encadrement de la porte :
« Tu viens déjeuner ? Il est déjà quatorze heures. »
Je hochai la tête, rattachai mes cheveux, et le suivis dans le couloir sinueux. Il ouvrit une porte écaillée et m'invita à entrer dans une petite salle qui comportait deux tables rectangulaires et des tabourets.
Une odeur d'œufs flottait dans l'air. Mon ventre gargouilla.
« Oh, voilà la petite nouvelle ! lança une grosse voix. Bienvenue ! Cerise, c'est ça ? Moi, c'est Mart ! »
Je me tournai sur la droite où se tenait un homme immense, tout en muscles, vêtu d'un tablier de cuisine.
« Venez, je vais vous servir, sourit le gaillard en arborant fièrement une assiette. »
Le colosse me regardait avec gentillesse. Moi qui pensais que la plupart des hommes tenaient les femmes en horreur sur les navires, je n'en avais pas vraiment l'impression depuis mon arrivée ici.
Une fois servis, nous nous installâmes en face à face, et je plantai ma fourchette dans les œufs tout juste chauds, dévorant le repas avec appétit.
« Eh beh, on dirait que t'étais mal nourrie dans ton village... »
Je lui lançai un regard noir. Il ne savait faire que ça, des remarques à tout va ?
« Au moins, tu manges bien, ici. Tu te sens mieux ?
— Hm. »
Je n'avais vraiment pas envie de faire la conversation avec lui.
« Et du coup, tu es partie de ton village quand ? Avant-hier matin ?
— Je crois. Je ne sais plus trop. »
Il acquiesça.
« Il y avait beaucoup de vent ?
— Euh... la nuit a été compliquée.
— Et t'as pagayé ?
— Non, j'ai laissé le navire dériver, je n'étais pas en état. »
Il acquiesça à nouveau. Pas de moqueries ni de remarques, voilà qui était curieux de sa part.
Après le repas, je remerciai Mart, et Gwen me proposa de prendre l'air. Cette fois, pas de difficultés à emprunter l'échelle de cordes. À peine sortie, une bourrasque manqua de me faire trébucher.
« Vraiment, j'sais pas comment t'as fait pour survivre dans la vie de tous les jours vu comme t'es douée... »
Je poussai un soupir exaspéré. Gwen, toujours présent pour taper sur les nerfs.
Je le dépassai, laissai les quelques autres hommes de l'équipage me dévisager avec méfiance, et je m'approchai des bastingages en bois pour m'y pencher et observer la mer qui valsait. Je me demandais si Cerise nous suivait toujours.
![Les Embruns de la Vérité [TERMINÉ]](https://img.wattpad.com/cover/355385107-64-k654577.jpg)