Pas un mot

4 0 0
                                    


Tu es l'instigatrice qui a suscité en moi l'écoulement le plus prodigieux d'encre. J'ai versé des larmes de mots, des mots que je tentais d'extraire de moi-même, qui jaillissaient maladroitement, qui suintaient avec une affliction que je projettais. Par moments, je te les susurrais, je t'en développais la signification, mais peut-être demeuraient-ils encore trop arcanes pour ton entendement. 

Quelle absurde singularité se niche dans mes nécessités, pour que tu n'aies daigné les considérer avec la moindre solennité ? Mes yeux parcourent à nouveau les messages, ces torrents déraisonnables de justifications, de pleurs, de doléances.

Ton langage étrange m'échappe, et mes efforts pour en percer le mystère se sont dissipés comme les brumes matinales. J'ai arpenté les dédales de ton discours, cherchant la clarté comme un voyageur égaré cherche la lumière céleste. Hélas, mes tentatives se sont avérées vaines, et ton verbe demeure pour moi une énigme insaisissable. 

Je suis coupable d'avoir essayé de t'aimer. 

J'y ai cru, tout y est. 

Aujourd'hui encore, je supporte les retombées de ton âme indisciplinée, où les conséquences de tes caprices imprévisibles pèsent sur mes épaules. Les séquelles de ton esprit rebelle, tels des tourments persistants, continuent de me hanter, répandant leur ombre sur le fil fragile de mon destin. 

Ne crois tu pas que j'en ai déjà bien assez ? 

En l'instant où l'éclat de ma vie se brise à nouveau, ta présence ne se dessine ni comme un pilier solide de réconfort, ni comme une moqueuse figure, riant de mon malheur. Pire encore, ta présence se dissipe dans une absence totale, une vacuité où ton être semble se dérober, laissant derrière lui un vide poignant. 

Les souvenirs de tes paroles et de tes expressions demeurent gravés en moi quand je te relatais les épreuves de mon passé. Nous étions sur ton canapé, l'ancien, probablement l'une des premières fois où je te visitais. Les larmes te fuyaient, tout comme l'ombre évite la lumière; tu t'interdisais cette douce faiblesse, cette exhibition de pitié. Ton regard empreint de considération s'est gravé en moi, tout comme ton interprétation éclairée de mon récit. Chacun de tes mots résonnait comme une mélodie poignante, une partition délicate de l'orchestre de mon histoire. 

Parfois même, j'ai traversé certains de ces tourments avec toi, te dévoilant les aspérités de ma vie, les affronts de l'impolitesse, l'abus, l'indélicatesse des gens, l'insolence des gens infligés par autrui. Tu fus témoin de mes moments de détresse, contemplant avec moi les ombres dansantes de l'amitié, une danse lugubre qui se jouait à mon encontre. Ta soeur, mes cousines, nos connaissances en commun. Tu connais ces personnes, toi qui as été le témoin des échanges de leurs paroles sanglantes. Pourtant aujourd'hui, tu me traites comme eux.

Qu'ai-je fait pour mériter ça ? 

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Nov 16, 2023 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Doléance d'une âmeWhere stories live. Discover now