no body no crime - jjk;kth

Chapitre 1 : locked and loaded

ACTE I : Departure

Note #1 : Les assassins vont à l'école jusqu'à leurs vingt-et-un ans. Une fois diplômés, ils reçoivent leur première mission.

Note #2 : Les élèves n'ont pas le droit aux longues lames, comme les épées ou les katanas. Ils les utilisent plus tard, une fois diplômés.

« And I can go anywhere I want, anywhere I want, just not home. »

Quand Taehyung fut transféré à l'école de Baekje, ce n'était pas par pure conviction. Taehyung n'était pas un être de conviction, à vrai dire, il n'était convaincu par rien. Il arborait à longueur de journée une expression renfrognée et souriait peu. Rien ne semblait le perturber ou l'émouvoir. Le son de sa voix était le même quand il disait bonjour, quand il s'exprimait en classe ou quand il se disputait avec quelqu'un. Les enseignants le qualifiaient de stoïque. Ses anciens camarades avaient un autre avis sur la question. Taehyung aussi avait un autre avis sur la question mais savait très bien que le monde était fait de sorte à ce que la vérité ne puisse pas toujours être connue de tous. Il se contentait d'accepter le qualificatif de stoïque et songeait qu'on aurait pu trouver pire. Il y avait une forme d'admiration dans cet adjectif, une gloire que certains réservaient aux anciens philosophes grecs ou à ces guerriers légendaires qui peuplaient les contes et les mythes, ces géants indestructibles qui avaient accepté la mort, la douleur, la colère. L'élève en question était loin d'avoir atteint ce stade. Il en serait devenu inhumain.

Seulement, il y avait bien une chose que Taehyung avait accepté, dans ces trois expériences terrifiantes. Il s'agissait de la douleur. La mort et la colère le côtoyaient encore au quotidien et il n'avait pas trouvé le moyen de les chasser ni de les laisser faire. Elles rôdaient autour de lui, faisaient peser un nuage noir au dessus de sa tête sans qu'il ne parvienne à s'en défaire ou à s'en faire des amies. La douleur, pourtant, faisait partie de Taehyung. Il en était imprégné. Ses traits, ses expressions, sa manière de s'exprimer, ses réflexions, tout en lui était plein de douleur. À tel point qu'il avait élevé cette souffrance à un rang presque magnifique : elle faisait partie de lui et il ne l'avait jamais combattue, comme ces héros de tragédies grecques. Taehyung avait souffert et il le savait, il ne tentait pas d'y résister. Là où, chez d'autres, la douleur aurait créé des cicatrices, elle semblait avoir laissé une sorte de lumière chez lui, comme un négatif : le noir devient blanc et le blanc devient noir. Il brillait, comme ces philosophes-là qui avaient arrêté de résister avec hargne aux souffrances et les avaient tout simplement laissées passer. Pour cette raison, la qualification de stoïque lui convenait.

En arrivant dans cette nouvelle école, Taehyung n'avait pas peur. Après tout, il n'avait pas choisi Baekje car elle lui plaisait ou parce qu'elle était la plus utile pour ses projets d'avenir. Il n'y avait donc aucun risque que ce grand bâtiment d'apparence lugubre le déçoive. Les rares visiteurs y arrivaient par un long chemin de pierres irrégulières, qui faisaient trembler les roues des diligences et secouaient les passagers. Il fallait ensuite s'arrêter dans l'immense cour d'entrée, couverte de graviers blancs, et c'était en général à ce moment-là que l'on voyait réellement l'école pour ce qu'elle était. C'était un véritable enchevêtrement de pierres, de poutres, de plusieurs matières qui n'auraient, en temps normal, pas pu être associées, mais l'ensemble avait pour résultat un bâtiment majestueux. Parce que l'on se trouvait sur le continent asiatique, on reconnaissait dans cette architecture beaucoup d'influences de la culture, allant de la forme sophistiquée du toit aux épaisses poutres rouges. Il y avait cependant des traces du monde des assassins ça et là, car Baekje évoquait bien plus ces vieux bâtiments européens, de pierres épaisses, aux hauts plafonds, que les maisons de la dynastie de Joseon. Cet impressionnant mélange de cultures fit peu d'effet à Taehyung qui se contenta d'y jeter un coup d'oeil avant d'entrer dans le bâtiment.