La maison des poupées [recueil de nouvelles]

13 - les ombres de porcelaine

Les ombres s'étiraient sur les murs de la pièce, tandis que la lueur mourante de la bougie vacillait faiblement. J'étais assis dans mon vieux fauteuil en velours, observant les poupées en porcelaine qui jonchaient la pièce. Leur présence sinistre me glaçait le sang, et pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'être fasciné par leur beauté macabre.

Leurs visages figés dans des expressions de joie et d'innocence semblaient se moquer de moi. Leurs yeux de verre reflétaient une lueur malfaisante, comme si un fragment d'âme maléfique était emprisonné à l'intérieur.

Un frisson parcourut mon échine lorsque j'entendis un léger murmure, presque inaudible.

« Libère-nous de cette prison de porcelaine. » chuchotèrent les poupées d'une voix faible mais insistante.

Je me levai d'un bond, parcouru par une angoisse indicible. Était-ce possible que ces poupées soient vivantes, prisonnières dans leur fragile enveloppe de porcelaine ? Je m'approchai d'elles avec précaution, mes doigts effleurant leurs joues glacées.

Soudain, une des poupées bougea. Ses bras articulés se mirent à se balancer lentement, comme si elle exécutait une danse fantomatique. Mes yeux s'écarquillèrent d'horreur alors que les autres poupées reprirent vie à leur tour, leurs membres désarticulés se mettant en mouvement gracieux.

« Nous sommes les ombres de porcelaine, emprisonnées dans un monde de ténèbres. susurrèrent-elles d'une voix éthérée. Nous avons besoin de ton aide pour rompre le charme qui nous lie à ces corps inanimés. »

Je reculai, terrifié par cette révélation. Comment pouvais-je aider ces créatures surnaturelles, piégées entre deux mondes ? Mon esprit était envahi par la peur et la fascination, un dilemme insoutenable.

« Je ne peux pas vous libérer. murmurai-je d'une voix brisée. Je ne sais pas comment... »

Les poupées s'approchèrent lentement, leurs yeux de verre fixés sur moi, semblant me transpercer l'âme.

« Trouve le grimoire ancien, caché dans les profondeurs de la vieille bibliothèque. dirent-elles d'une voix grave et empreinte de désespoir. Il contient le sortilège qui pourra briser notre malédiction. »

J'acquiesçai, résolu à les aider. Je savais que cette quête serait périlleuse, que je plongerais dans un univers terrifiant où les limites entre la réalité et le surnaturel s'estomperaient.

La nuit tomba, enveloppant la maison d'une obscurité oppressante. Je m'aventurai dans le dédale des couloirs sombres, à la recherche de la bibliothèque oubliée. Les ombres dansaient autour de moi, leurs murmures me guidant dans ma quête désespérée.

La bibliothèque était un lieu lugubre, rempli d'étagères poussiéreuses et de livres oubliés depuis des siècles. Les poupées m'avaient averti que le grimoire ancien se cachait ici, renfermant le sortilège salvateur. Je parcourais les allées sombres, éclairé seulement par la faible lueur de ma lanterne. Les ombres se tordaient et s'étiraient, donnant vie à d'étranges silhouettes qui semblaient me guetter dans l'obscurité.

Enfin, mes yeux se posèrent sur un livre au cuir vieilli, posé en équilibre précaire sur une étagère branlante. Je le saisis avec précaution, ressentant une puissante énergie s'en dégager. Les pages jaunies étaient remplies d'écriture ancienne et de symboles ésotériques.

Je m'installai à une table, scrutant les pages du grimoire à la recherche du sortilège qui pourrait délivrer les poupées de leur malédiction. Les mots énigmatiques semblaient danser devant mes yeux, se dérobant à ma compréhension.

Soudain, une voix sombre résonna dans la pièce, faisant trembler les étagères.

« Tu as trouvé le grimoire. susurra une voix inhumaine. Mais sa puissance est redoutable, et une fois le sortilège prononcé, les conséquences seront terrifiantes. »