— Il utilise la peine des ombres.

Zeref m'expliqua en quelques mots qu'Egdar venait de se nourrir et de recueillir les ombres perdues qui n'avaient jamais retrouvé le chemin de la lumière. Il se nourrissait des peines, des remords et des regrets de ces âmes.

— Menteur, manipulateur et triste, proclama la bête.

Elle n'a pas totalement tort, rejoignit la voix.

Cette déclaration me souleva le cœur. Depuis le début, la voix prononçait des injures envers le roi et Julia venait de confirmer ses propos.

Les bras du monstre s'allongèrent pour venir me chercher. Zeref lança sa lance qui transperça de plein fouet son bras. Malheureusement, cela ne lui avait rien fait.

Mes mains couvertes de petites taches noires ne voulurent pas bouger. Le bras arrivait à une vitesse folle dans ma direction.

Egdar arriva en furie et me projeta contre un arbre.

Le bras transperça l'homme de plein fouet. Le sang couvrit le sol mais Egdar continua d'avancer, les pieds dans la boue.

Quel idiot.

Le bras, toujours présent dans l'abdomen, son sang coulait de plus en plus.

— Egdar ! Criai-je à plein poumon.

Le visage inexpressif, le Roi Immortel avança, marmonnant toujours des mots.

Il ne voulait pas m'écouter : je l'appelai deux ou trois fois en hurlant.

Je me sentais faible et impuissante. Egdar allait mourir s'il continuait à marcher dans la douleur.

Zeref m'aida à me relever et regarda vers le lac. Plus aucune fumée naissait dans le village.

L'école d'Eradale semblait être victorieuse de l'autre côté. Inquiet, Zeref cria de se dépêcher. Le temps était compté.

— Meï, Amira, venez par ici dit-il. Vous devez absolument partir d'ici. Ne vous inquiétez pas pour nous. Elane ne doit pas découvrir que vous étiez avec nous et encore moins avec Julia. Partez. Je vous l'ordonne.

Fais comme tu veux, le vieux est sacrément ronchon pour cette situation alors qu'il n'y a rien de grave.

Je refusais de bouger. Le corps du jeune homme semblait devenir de plus en plus faible.

Zeref garda Amira entre ses bras et m'appela encore une fois.

Je courus en hurlant son prénom. Proche de la bête, je m'aventurais à côté de son bras, où se tenait le corps du roi.

Tu es aussi une idiote.

Je lui pris le poignet. Le visage du roi, vide et dénoué de sentiments, se tourna vers moi. Il serra mes doigts entre les siens avant de me rejeter violemment vers Zeref.

Tu vois, ça ne sert à rien.

Egdar déploya ses ailes et commença à prendre la hauteur, toujours attaché à ce bras. Il essaya de le soulever mais ses deux pieds restèrent accrochés au sol. Ses mains entourèrent son bras.

Le monstre hurla. Son bras était tordu, broyé sous la pression des mains du roi. Il arracha le membre.

Libéré de son emprise, Egdar profita de cette occasion pour empoigner la mâchoire de la bête. D'un geste vif, plusieurs craquements résonnèrent.

Julia sortit du corps de la bête. L'aura malfaisante se calma. Egdar reprit son sabre, en le sortant de sa poitrine. Couverte de son propre sang, la lame pointa le visage de Julia.

— Egdar ! Cria une voix masculine.

L'Armée Blanche arriva en premier sur les lieux. Andrew jeta un œil dans ma direction et je remarquais un petit rictus au coin de ses lèvres.

La métamorphose du roi avait totalement disparu. Il semblait être le chef des Uniformes Noirs, rien d'autre.

Au milieu de sa poitrine, le sang coulait. Egdar semblait essoufflé et maintenait son regard dans la direction de Julia.

Andrew posa sa main sur son épaule, tentant de le calmer.

Le Conseil arriva peu de temps après ainsi que les différentes armées. Les Uniformes Verts étaient restés dans le village pour soigner les derniers blessés. L'armée n'avait pas beaucoup de blessures, les vêtements étaient déchirés, mais je n'observais pas de blessures graves.

Elane voulut s'approcher d'Egdar mais Andrew la repoussa. Les ailes blanches déployées, il chuchota au creux de l'oreille du roi.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Cria Elane, les yeux rivés sur Egdar.

Zeref prit rapidement la parole pour expliquer la transformation de Julia. Il ne nous mentionna pas, ni Egdar.

La dirigeante du Conseil courut vers le corps de Julia. Elle passa ses mains sur son corps puis vers son cou.

— Elle est morte.

Zeref, souriant, était le premier à applaudir. Les autres hurlèrent de joie. Personne ne semblait blessé pourtant quelques individus manquaient chez les Uniformes Noirs et Rouges, notamment Gus, qui avait disparu lors de notre combat.

La forêt retrouva son calme. Le Roi Immortel se tenait devant les deux vieilles femmes, anciennes sorcières du village. Hélène et Luce continuaient de sourire sous la cloche en verre.

Il les regardait, d'un air septique avant de s'éloigner de la forêt.

Zeref me serra doucement l'épaule avant de porter sa bouche, proche de mon oreille.

— Tu devrais le rejoindre, déclara-t-il.

Tu as raison, suis-le, dit la voix d'unton ironique. 

Le Prince Immortel (TOME 1)Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ