Le Prince Immortel (TOME 1)

CHAPITRE 5

— J'espère qu'on se reverra Meï, bonne chance pour ton deuxième cours.

***

Dan était assis au fond de la classe me laissant une place à côté de lui. Il me sourit, heureux de me retrouver. Je pris une longue inspiration avant de regarder cette classe bruyante. La plupart des jeunes garçons étaient assis sur les tables et ils discutaient à propos des compétitions de football. Les filles, quant à elles, étaient sur leurs téléphones.

— As-tu bien mangé ? Demanda Dan.

— Super bon, j'ai même rencontré de nouvelles personnes. C'était chouette.

— Je suis fier de toi, chuchota-t-il.

Il me regardait, toujours le sourire aux lèvres. Il était heureux pour moi, cela me faisait chaud au cœur. Je le connaissais depuis deux jours et le feeling passait super bien. Je me sentais rassurée à ses côtés.

— Et toi, qu'est-ce que tu as fait ? Chuchotai-je.

— Rien de spécial, je suis rentré chez moi, conclut-il.

J'ouvris mon sac à dos pour sortir un stylo bleu et quelques feuilles blanches. J'attrapais la carte que j'avais trouvée avant de manger, pour la glisser sous les feuilles.

Emaïa entra dans la salle. Pour la deuxième fois de la journée, je me retrouvais avec elle pour le cours. Elle s'installa derrière son bureau en demandant aux élèves de regagner leurs places. La professeure s'assit puis elle croisa ses mains, les coudes reposés sur son bureau.

— Ne soyez pas surpris de me revoir dans ce cours. J'ai été choisi pour être responsable de ce cours puisque, comme vous le savez depuis quelques semaines, Egdar est absent. Mais bonne nouvelle, vous le reverrez demain. Il assistera vos cours de magie et de sa pratique.

— Plutôt original comme prénom, pensais-je.

J'avais hâte de découvrir un autre professeur exceptionnel. J'étais excitée à l'idée de le rencontrer.

Dan serra les dents. Ses mains appuyaient fortement sur son stylo. Il souffla avant de reculer sa chaise. Il me regarda avant de plonger sa tête entre ses bras.

— Excuse-moi, je n'aime pas ce type. Il n'est pas intéressant, paresseux et tellement hautain. Tu ne devrais même pas prendre le temps de lui parler. L'école compte sur lui pour les expéditions mais, il ramène plus de morts que de vivants. C'est pour ton bien.

Mes pensées se perdirent pendant son monologue. Dan commençait à montrer de l'affection envers moi. Je ne pouvais pas me mentir à moi-même : je n'étais pas insensible à ses paroles mais je ne connaissais rien de cet homme qui était assis à mes côtés. Dan se montrait ferme dans ses paroles, comme s'il devait me protéger.

— Fais-moi confiance, ajouta Dan, en prenant ma main.

Emaïa sourit dans notre direction. Dan s'arrêta de parler et il retira sa main.

— Dans ce cours particulier d'aujourd'hui, je vais vous parler des cursus pendant vos trois années de votre scolarité.

Deux choix étaient à notre disposition. Le premier cursus d'étude correspond à la spécialisation pour un futur travail : l'apprentissage des plantes, la fabrication de potions, spécialisation dans les minéraux pour fabriquer des armes.

— Vous pouvez devenir des alchimistes, des devins, des évocateurs mais aussi, comprendre les animaux et communiquer avec eux par télépathie. Vous pourriez choisir de travailler au Centre ou ailleurs.

Emaïa expliqua le second cursus. Nous pouvions intégrer l'Armée. Il existait cinq types d'armées, caractérisés par le type de pouvoir et d'armement. Une école possédait obligatoirement une Armée pour les envoyer dans des Expéditions, notamment à cause de Julia.

— Chaque année de votre cursus, vous aurez deux représentants d'une Armée qui feront les cours d'apprentissages théoriques et pratiques.

Elle continuait son monologue interminable tandis que Dan semblait perdu dans ses pensées. Il n'écoutait plus le cours. Il arrêta de gribouiller sur ses feuilles à carreaux depuis qu'il avait entendu le prénom du professeur absent.

Pendant que la jeune Elfe dessinait, je pris la carte qui était cachée sous mes feuilles. Elle dégageait une odeur boisée et agréable qui me chatouillait le nez, comme si quelqu'un avait vidé une bouteille de parfum sur ce morceau de carton.

La carte représentait, en noir et blanc, un pré où un chêne scindait les nuages. Derrière la carte, une inscription était marquée dans une langue inconnue.

Emaïa m'interpella et elle me demanda de rester concentrée. Je déplaçais légèrement la carte pour la faire apparaître sous ma feuille.

Dan me regardait toujours, la tête sur ses bras. Ses yeux vides étaient concentrés sur mon trésor. Ma main droite gardait toujours le contact avec cette carte, comme si je ne voulais pas la perdre.

Il ouvrit légèrement la bouche avant de s'approcher doucement de ma joue. Il tenait fermement mon poignet gauche. Il ne décrochait pas son regard du mien, nous étions comme absorbés, l'un et l'autre. Son autre main glissait derrière mes cheveux avant de la placer sur ma joue. Je sentis son souffle, proche de mon visage. Il respirait calmement.

— Qu'est-ce que tu veux Dan ?

Il ne répondit pas. Il se contentait de me regarder. Ses yeux scrutèrent chaque partie de mon visage : les yeux, le nez, les joues, le menton puis mes lèvres.

Il se recula. Ses sourcils se rehaussaient tandis que ses doigts touchèrent mes joues, essuyant le dessous de mes yeux.

Mes doigts effleurèrent le creux de mes joues. Mon regard se tourna vers le bout de mes doigts. Ils étaient humides.

J'étais en train de pleurer.