Elle semblait être une femme convoitée mais également très puissante. Pourquoi provoquait-elle aujourd'hui, toutes ces disparitions ?

Les autres éléments que je souhaitais savoir, étaient sur cette histoire mythique. Parmi la pile de journaux que j'avais choisie, je ne tardais pas à tomber sur les premiers articles mentionnant "la fin du monde".

Plusieurs images défilèrent sous mes yeux. Des photographiques, des dessins ou encore des peintures représentaient des scènes abominables. J'observais des villes sous les cendres, des corps empilés dans les rues, des créatures immondes occupées les régions du monde.

Les articles affichaient de nombreux témoignages d'enfants orphelins, des adultes ayant perdu leurs maisons. Leurs mots étaient si durs, ils reflétaient tous leurs sentiments. La peur, le froid, la faim étaient les termes les plus utilisés. Le Prince Immortel était un homme cruel : il détruisait des vies entières sans le moindre but.

Les yeux plongés dans mes recherches, quelqu'un prononça mon nom. Je levais ma tête pour constater que tout le monde était rivé sur leurs devoirs. Mon regard se tourna vers les étagères lorsque j'aperçus un homme.

Vue de côté, l'homme semblait avoir quelques années de plus que moi, trois ou quatre ans de plus. Ses cheveux bruns étaient bien coiffés. Ses yeux violet et vert étaient plongés dans une grande encyclopédie qu'il tenait avec ses mains. Mes joues rougissaient devant cet inconnu. Il avait un charme transcendant bien que toutes ses bandes de tissus blancs cachaient sa musculature. Il ne tournait pas la tête vers moi ni au moindre bruit qu'il pouvait y avoir autour.

Une vieille femme, sans doute une bibliothécaire, avançait rapidement dans la direction du jeune homme. Son chariot, rempli de livres, fonçait droit devant lui.

L'inconnu remit le livre à sa place pour prendre la direction opposée de la bibliothécaire. Au moment de disparaître, le livre tomba de son étagère. La vieille femme poussa ses lunettes sur le haut de son nez, avant de regarder le manuel qui bloquait les roues de son chariot. Elle contourna son véhicule pour le ramasser puis, elle leva sa tête dans ma direction.

— Jeune fille, au lieu de regarder ce livre par terre et d'attendre que quelqu'un le ramasse à votre place, ne venez pas dans cette bibliothèque.

— Excusez-moi, bredouillais-je, je comptais prendre ce livre de toute façon.

Je lui pris des mains pour m'éloigner de cette femme. Elle continua son travail comme si de rien n'était. Le mystérieux inconnu avait disparu de la bibliothèque. Quel dommage de l'avoir perdu de vue.

Assise sur une chaise au rez-de-chaussée, j'ouvris le livre que l'homme lisait quelques minutes auparavant. L'ouvrage racontait des histoires pour les enfants. Surprise de ma découverte, je regardais attentivement les illustrations. Tournant les pages, je remarquais qu'une partie du livre était déchirée. Quel abruti a bien pu bousiller un livre pour enfant ?

Je décidais de ranger le livre dans une étagère quelconque puisque je ne savais pas où se trouvait le rayon enfant. Même, ce rayon ne devrait pas exister dans cet endroit.

Une carte tomba du livre. Agenouillée, je l'enfouis dans mon sac à dos. Je n'avais plus une minute à perdre sinon j'allais être en retard pour mon prochain cours. Je regarderais mon trésor plus tard.

Je me dirigeais vers la sortie. Mes mains sur le bois, je poussais la porte pour partie de la bibliothèque. Au même moment, mon corps percuta quelqu'un.

Son regard me foudroya. C'était elle, la fille aux boucles blondes que j'avais vu ce matin mais aussi hier, à la gare.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? S'interrogea la jeune femme.

Elle me regarda, les sourcils froncés. Je m'excusais si je l'avais bousculé sans avoir fait exprès. J'avais l'impression qu'elle me suivait, peu importe où je mettais les pieds, je me retrouverais en face d'elle.

— Rien, je sors de la bibliothèque, affirmai-je. Emaïa nous a demandé de jeter un œil si nous n'étions jamais venus ici. Je suis nouvelle.

Ses yeux scrutèrent mes bras comme si elle pensait que je mentais. Ses pieds rejoignirent le sol et elle me tendit sa main. Son teint pâle faisait ressortir les os de ses mains. Elle portait plusieurs bagues, aussi jolies les unes que les autres.

— Je m'appelle Elane, poursuit-elle. Je ne m'attendais pas à voir des nouveaux à cette période de l'année. Je te souhaite la bienvenue.

Elle me sourit, toujours la main tendue vers moi. J'empoignais sa main pour la remercier de son hospitalité. Je me sentis mal à l'aise. Je ne connaissais pas cette personne qui semblait me suivre depuis le début. De plus, le froid qu'elle portait dans sa main était désagréable. J'avais l'impression de me retrouver dans un amas de neige dans lequel mon corps était plongé.

Elle défia, encore une fois, les lois de la gravité puis elle balaya ses cheveux de son autre main. Elle frôla mon épaule pour rejoindre la bibliothèque.

— Tu n'as pas encore mangé ? Va au réfectoire avant la reprise des cours, à moins que tu ne veuilles rien manger.

Elle n'avait pas tort. Depuis ce matin, je n'avais rien mangé à cause de mes vomissements quotidiens. Je commençai à mourir de faim. J'espérais qu'une seule chose : que les plats soient meilleurs que dans mon ancien établissement scolaire.

J'entendis les portes se refermer. Je lâchais un soupir de soulagement : elle m'avait effrayé par le charisme qu'elle dégageait. Elane semblait être vraiment furax après l'avoir percuté.

Elle dégageait des choses que personne ne pouvait transmettre. Grâce à sa voix, douce et rassurante, elle possédait comme un pouvoir de persuasion où tu ne pouvais pas lui mentir. Notre rencontre n'était pas un hasard, j'en étais sûre.

La porte de la bibliothèque s'ouvrit derrière moi. La tête de la jeune femme aux boucles blondes passa l'encadrement de la porte. Ses yeux bleus s'écarquillaient dans ma direction avec une expression troublante.

— Tu n'es pas encore partie ?

— Notre conversation venait juste d'être terminée, ripostais-je. J'étais juste... Perdue dans mes pensées.

C'était la seule question qu'elle me posa. Elle patientait dans le creux de la porte, comme si elle attendait quelque chose. Elane échappa un gloussement entre ses dents. Ses yeux pétillaient de joie et se plongèrent dans les miens.

— Si tu as besoin de moi, je serai là. Bon courage.

Elle referma la porte et elle disparut. 

Le Prince Immortel (TOME 1)Where stories live. Discover now