Juste un collègue...

Un peu plus qu'un collègue

Damian

Elle a accepté.

Elle m'a officiellement accordé une dernière chance, neuf ans après mon carnage.
Je n'aurais jamais pu la laisser reprendre le cours de sa vie sans moi, après ces trois jours passés quasiment exclusivement dans les bras l'un de l'autre.

La retrouver... La sentir contre moi, à nouveau... La voir sourire, rire à mes conneries... Danser, m'appeler, me réclamer...

Ma Carolina.

C'était tellement inespéré, dingue... J'ai rêvé d'elle des milliers de fois, elle a hanté mon esprit pendant toutes ces années. Je m'accrochais à un infime espoir...

Et elle est là, à côté de moi, pendant que je conduis pour l'emmener chez moi. C'est si incroyable que j'ai peur qu'elle me fuit encore, à chaque instant.
Je veux qu'elle ait confiance en moi, je vais tout faire pour, mais je n'ai rien de plus à faire que de continuer à lui montrer qui je suis devenu.

Je sais qu'elle est heureuse avec moi, d'avoir retrouvé ce qu'il avait de meilleur en moi... qu'elle ne m'a jamais oublié.

Même après toutes ces années, ce jour-là, je l'ai sentie mienne, comme si nous n'avions jamais été séparés.

Cette chose indescriptible qui nous lie encore... Elle ne pouvait pas l'ignorer.
J'aurais attendu.

Je l'aurais attendu une année ou plus, s'il avait fallu. Mais, elle est là, avec moi, et finalement décidée à le rester.

Nous arrivons dans le parking souterrain de mon immeuble.

Nous montons par l'ascenseur avec nos bagages.
"Pourquoi tu souris comme ça ?" Me demande-t-elle, souriant aussi.

"Parce que, c'est un truc de fou...
Tu ne te rends pas compte de ce que ça me fait. T'amener chez moi, c'est symboliquement te faire entrer dans ma vie, à nouveau, et cette fois, réellement.
J'ai tellement voulu ça... Je ne te laisserai jamais rentrer chez toi !
- J'admets que je suis aussi sur un petit nuage...
J'ai très envie d'y croire, Damian... Je t'en prie, ne gâche pas tout...
- Aucun risque.
Caro, ça n'arrivera jamais."

Lui dis-je, prenant son petit visage dans ma main pour le guider vers le mien, et l'embrasser encore.
Je vais pouvoir passer ma vie à la prendre dans mes bras, à l'embrasser... Putain de miracle.

Arrivés à mon étage, je la précède pour ouvrir ma porte, puis la laisse entrer en premier.
Je la regarde pénétrer lentement dans l'appartement, observer tout autour d'elle. Elle ne peut pas la louper.

"OOooh !" ...Elle l'a vu.
Elle détache la photo du tableau aimanté pour la garder en main, la contempler, et laisser le souvenir de cette journée refaire surface. Elle pose l'autre main devant sa bouche, émue.

"Tu as gardé cette photo de nous... Damian... Je n'en reviens pas !
- J'adore cette photo, bien sûr que je l'ai gardé. Comme toutes les autres. Mais celle-là, c'est ma préférée.
- Je n'en ai plus aucune...
Je les ai déchirées il y a bien longtemps, en pleurant toutes les larmes de mon corps..."

Aïe... Ce n'était pas tout à fait l'effet escompté.
Ne sachant pas quoi dire, je ne dis rien. Elle comprend alors mon malaise, et pose sa main sur ma joue.

"Je suis heureuse que tu les aies gardées, et cette photo est géniale.
Cette journée d'hiver à Montmartre est un de mes plus beaux souvenirs avec toi."

Ce soir-là, nous sommes allés boire un chocolat chaud derrière le Sacré-cœur, après une froide journée dans les hauteurs de Paris, sur la fameuse butte aux allures festives de noël. Et nous avons pris cette photo.