Chapitre 2

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En rentrant chez moi ce fameux jeudi, je prenais vraiment conscience de ma décision et de l'impact de celle-ci sur ma vie et mon avenir. Voir l'appartement vidé des affaires de Pablo me fit un drôle d'effet. Je ne reconnaissais plus cet endroit d'ordinaire si familier et chaleureux. Je n'y trouvais plus mes repères, j'étais comme perdue.

Mon salon était blanc, étonnamment blanc étant donné que j'étais habitué aux couleurs vives des tableaux d'Andy Warhol que Pablo avait accrochés sur presque tous les murs de cette pièce. A présent, la seule chose qu'il me restait de ce salon était le canapé rouge en forme de bouche. Selon Pablo, ce canapé était la touche glamour et féminine de la maîtresse de maison, autrement dit, moi.

Dans notre chambre, seuls les vêtements de Pablo n'étaient plus là. A part cela, tout était resté à sa place. Cette pièce était la préférée de Pablo. Il adorait passer des heures au lit blotti contre moi. En regardant les placards vides, j'eus un pincement au cœur.

Pablo avait également débarrassé l'étagère de la salle de bain de ses produits : plus de déodorant, de brosse à dent, de rasoir, d'after-shave ni de parfum musqué, plus aucune présence masculine...J'aimais passer des heures dans cette salle de bain surtout lorsque Pablo me préparait mon bain en mettant des bougies tout autour de la baignoire. Il savait qu'il n'y avait rien de mieux qu'un bon bain bien chaud pour me détendre après une journée harassante et stressante. Nous partagions souvent ce moment de détente ensemble.

Dans la cuisine il manquait quelque chose ce soir-là mais quoi...Les meubles rouges encastrés, le plan de travail en inox, le bar à l'américaine, tout était là. Enfin presque tout...Ce qui manquait à cette cuisine n'était pas un objet mais une personne, Pablo. Il adorait cuisiner pour moi, il avait de réels talents culinaires et savait ravir mes papilles.

Dans chacune des pièces de cet appartement nous avions partagé, Pablo et moi, de merveilleux moments, des moments inoubliables. Tout cela était bel et bien fini à présent. Nous devions maintenant vendre cet appartement. Cette tâche lui étant trop pénible, Pablo m'avait chargée de m'en occuper. Même si me séparer de cet appartement m'attristait, aussi bien pour les souvenirs qu'il comportait que pour sa situation géographique, je savais que cela était nécessaire.

J'avais changé et il me fallait prendre un nouveau départ. De ma relation avec Pablo je n'en gardais que de bons souvenirs mais nous ne voulions plus la même chose désormais. Nous n'avions plus la même conception de la vie et nos projets d'avenir n'étaient plus les mêmes non plus. Je devrais à présent avancer seule.

L'appartement se vendit en deux semaines seulement. Si vite ! Peut-être même un peu trop vite à mon goût. D'un point de vue pratique, cela arrangeait bien mes affaires puisqu'il me fallait partir en voyage d'affaire prochainement. Cependant, d'un point de vue personnel, la vente expéditive de notre appartement me ramenait à la brutalité de ma décision et à la rapidité d'exécution de Pablo. Je comprenais alors qu'il était bien plus facile de se défaire d'un bien matériel que de se délier des souvenirs d'une relation amoureuse.

Confidences Entre AmiesWhere stories live. Discover now