LA SORCIERE DE UAGADOU Tome 1

CHAPITRE 2: Le banquet des Zimar

M. Kwatebo passa la porte de sa grande demeure suivi de sa femme, son fils et enfin sa fille, Isys. Le grand manoir des Kwatebo avait de quoi rendre jaloux les passants. Situé aux frontières de la grande ville des sorciers de Kuro, perché sur une colline, le manoir surplombait la ville comme un gardien du haut de son phare. Les façades ocres se fondaient dans le décor à la fois désertique et rempli d'une végétation luxuriante. Des formes géométriques en argile rouge parcouraient les murs, délimitées par des détails dorés. De longues baies vitrées rectangulaires rythmaient le rez-de-chaussée de la demeure structurée.

Samuel Kwatebo entra dans son bureau situé en face de l'entrée, au milieu des deux grands escaliers symétriques qui menaient à l'étage. Isys ne suivit pas le reste de sa famille et s'arrêta dans l'entrée pour observer son père marmonner et gonfler ses narines. Il s'arrêta brusquement, la regarda avec un air accusateur et ferma brusquement la double porte d'un mouvement de main. Isys sursauta à l'impact. Elle sentit alors une douce caresse sur son épaule gauche.

- Laisse-lui le temps de se calmer, murmura sa mère fatiguée.

- Il me déteste, affirma Isys en fixant toujours la porte du bureau.

- Oh, mais non ma chérie, il est juste très..., Mme. Kwatebo chercha ses mots.

- Dictatorial ?, devina Isys.

- Hum, noooon, enfin très rarement..., répondit Mme. Kwatebo qui cherchait toujours son mot.

- Tout le temps, rectifia Isys en retirant la main de sa mère, pourquoi faut-il toujours que tu lui trouves des excuses ?, s'enquit la jeune sorcière.

- Ce n'est pas ç..., tenta d'expliquer la mère d'Isys.

Isys ne prit pas la peine d'écouter la réponse de sa mère et monta les escaliers à toute vitesse. Sa mère ne tenta pas de la rattraper et l'observa s'éloigner. La jeune sorcière s'enferma dans sa chambre et s'appuya brusquement sur sa porte pour essayer de retenir les sanglots qui montaient dans sa gorge. Elle ferma les yeux et se laissa tomber au sol, ne retenant pas ses larmes.

De légers pas dans le couloir s'approchèrent de sa porte puis s'arrêtèrent en face. Isys sentit cette présence se rapprocher.

- Ça va, sœurette ? questionna Majibu dos à la porte.

Isys rouvrit les yeux et renifla sans répondre. Majibu n'insista pas et s'assit à son tour contre la porte. Il fit glisser deux ou trois sucreries sous la porte. Isys les aperçut dans sa vision périphérique mais ne les toucha pas, du moins pendant les premières minutes. De son côté, après un court instant de silence, Majibu entendit les crépitements de l'emballage des "sweety snakes", de longs et épais fils gélatineux avec un cœur visqueux et fluorescent qui s'illumine dans la nuit. Il sourit et en prit un croc dans celui qu'il tenait dans ses mains.

La nuit tomba, et les enfants se mirent au lit. La ville était calme, et les habitants étaient bercés par le mélange harmonieux des chants d'animaux en tout genre. Le monde faisait une pause tandis que Samuel Kwatebo et Yarah Kwatebo se disputaient bruyamment pour imposer leur propre vision du monde.

- Tu ne vois pas que ta fille excelle dans ce domaine, regarde Majibu, il est plus intéressé par le Quiddich et par le soin aux animaux, riposta Yarah.

- Et il excelle tout autant dans ce domaine. Le Quiddich est un hobby, une activité qui le divertit en fin de journée, mais il ne va pas en faire son métier, ricana Samuel.

- Je suis leur mère, je les lis comme dans un livre ouvert, et je sais que notre fille rêve de te succéder. Majibu est un garçon très doué et intelligent, mais ses yeux brillent lorsqu'il joue au Quiddich. Tu l'aurais su si tu assistais aux matchs de temps en temps, souligna Yarah les bras croisés.