14. Le passé

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Devant l'imposante porte en bois foncé, je déglutis en apercevant les gravures qui ornaient le pourtour des deux battants. Ils représentaient de jeunes enfants prostesrnés devant un groupe d'adultes à l'air féroce. Rappelez-moi, on est bien dans une école, non?
Je toquai d'une main tremblante, et attandis que l'on me réponde.
-Entrez! clama une douce voix de l'autre côté.
Je poussai l'un des battants et entrai dans une salle aux dimensions exagérées. Elle était plus grande que mon dortoir entier! Au centre de la pièce, un large bureau du même matériau que la porte détonnait sur le marbre blanc qui recouvrait le sol. Assise derrière le bureau, une femme à la chevelure dorée me souriait de toutes ses dents. Je me souvins d'elle, c'était la femme de l'orientation, celle qui m'avait conseillé de garder secret mon étrange mélange de pouvoir.
-Bonjour, Ivy. Que puis-je faire pour t'aider?
-Je voudrais voir la directrice, répondis-je en posant mon regard sur l'étiquette boutonnée sur le chemisier de la grande blonde.
Lyra Adena. Elle prit un air désolé.
-Navrée, mais Mme. Fayronn ne peut recevoir pour le moment.
-Dîtes-lui que c'est urgent, répliquai-je en montant le ton.
Je n'étais vraiment pas de bonne humeur, il ne valait mieux pas pour elle qu'elle ne me fâche, même si elle avait été très gentille avec moi et qu'elle était une adulte.
-Mme. Fayronn n'est pas joignable, répéta-t'elle en ouvrant de grands yeux devant mon changement d'humeur.
Je grognai de mécontentement.
-Je dois la voir maintenant, alors soit vous allez la chercher, soit je le fais moi-même!
Lyra, ou Mlle Adena, se pétrifia sous mes menaces. Mais une voix semblant sortir de nulle part nous interrompit.
-Laissez-la entrer, Lyra. Je m'en occupe.
-B-Bien, madame.
Je regardai autour de moi, cherchant d'où pouvait provenir cette voix. Une porte apparut sur un des murs immaculés, comme si elle se détachait de celui-ci.
-Mme. Fayronne t'attends, dit Lyra en me désignant la porte.
Je me tournai sans un regard et me dirigeai vers cette porte qui semblait presque flotter à ras du sol. Je l'ouvris, et vit un long escalier se perdant dans l'obscurité. Je refermai le battant derrière moi et m'enfonçai dans les ténèbres, remettant en question mon idée de venir voir cette directrice assez mystérieuse. Non, il ne fallait pas que je me dégonfle maintenant! Je devais y aller, pour moi, pour mes parents, pour découvrir enfin ma véritable identité.
J'arrivai enfin dans une deuxième pièce minuscule, enfin, d'après ce que l'on pouvait distinguer dans la faible lueur des bougies qui parcouraient une table. Un fauteuil trônait derrière cette dernière, vide. Je fronçai les sourcils et essayai d'apercevoir Mme. Fayronn, mais non, rien n'y fit. Une main se posa alors sur mon épaule et je sursautai.
-Pardon de t'avoir fait peur, j'étais juste aller chercher un livre dans la bibliothèqe qui se trouve derrière toi.
Je me retournai et découvrit la même femme au chignon strict que celle de mon premier jour ici. Je cherchai la bibliothèque en question mais n'y vit strictement rien.
-Asseids-toi donc là, dit-elle en levant distraitement une main.
J'entendis un grincement, puis un deuxième fauteuil sortit de l'obscurité. Je marchai prudement jusqu'à lui, la lumière des bougies ne me suffisant pas assez pour voir où je posais les pieds. Mais je réussis quand même à me les prendre dans quelque chose. Je me rattrapai à la table et me redressai en pestant contre l'objet inconnu.
-Désolé, j'aurais du te prévenir qu'il y avait un tapis. J'oublis souvent que les gens n'ont pas forcément la même magie de prédilection que moi.
Je haussai un sourcil, la cherchant du regard.
-Je peux augmenter mes sens, m'expliqua-t'elle en entrant dans le rayon lumineux. Comme la vue, l'ouïe ou encore le toucher. Mais je ne pense pas que tu es venue ici pour savoir ça.
Elle me montra la chaise du menton, et je m'assis sans discuter. Elle fit de même de l'autre côté de la table, et posa ses yeux bridés dans les miens.
-Je t'écoute.
Je pris une grande inspiration, comme pour me donner du courage, et me lançai:
-Pourquoi m'avoir mis chez les sorciers alors que j'ai passé toute ma vie chez les magiciens et que même mes parents en étaient?
Elle me fixa quelques secondes, puis sourit en coin.
-Je savais bien que cet instant ne tarderait pas à venir.
Dubitative, je ne compris pas ce qu'elle voulait dire par-là. Elle se pencha au-dessus de la table, les yeux fermés, comme si elle essayaut de se souvenir de quelque chose.
-Je vais tout te raconter, rien que la véritée, mais tu ne devras pas m'interrompre. Est-ce clair?
Je hochai gravement la tête, perplexe devant sa réaction. Que pouvait-elle bien vouloir me révéler?
-Je connaissais tes parents. Nous étions des amis de longue date, jusqu'à...
-Leur assassinat, finis-je.
-Comme tu le savais, ton père est bien un magicien. Mais pour ta mère, c'est une autre histoire.
-C'était une sorcière?
-Oui et non. Elle était une Demie.
Avant que je ne demande la signification de ce mot, elle me coupa.
-Les Demis sont des êtres à moitié sorciers et moitié magiciens. Lors des Guerres des Astres, ils étaient chassés, si bien que ta mère a du cacher sa réelle identité.
Elle s'arrêta un court instant, cherchant ses mots.
-Ils sont déja plus puissants que les personnes "normales". Mais leurs enfants, appelés Quarter, le sont encore plus. Ils possèdent le don de retourner dans le passé.
Je réfléchis sur ce qu'elle venait de me dire. Si ma mère est une Demie, cela veut dire que je suis une Quarter?
-Contrairement au reste du monde, je sais qu'il s'agit d'une personne qui a entraîné les guerres.
-Quoi?
-Une personne assez malveillante pour vouloir la mort de nombreux innocents a déclenché les guerres. Et il s'apprête à recommencer à notre époque.
-Comment savez-vous cela?
-Lyra possède une magie de voyance hors-norme. Elle a été si choquée par ce qu'elle a vu qu'elle n'a plus parlé pendant plusieurs jours. Malheureusement, elle n'a pas pu apercevoir le visage de notre ennemi.
-"Notre" ennemi?
-Ivy, nous avons besoin de toi. Il nous faut retourner dans le passé. Là-bas, ta mère a créé une potion permettant d'annuler la magie d'un adversaire pour un court instant. Cette fiole est perdue de nos jours, mais elle y est toujours à environ une vingtaine d'année dans le passé. L'ennemi est un Demi, c'est tout ce que nous savons. Ta mère n'a pas pu le battre, il nous faut un Quarter. Tu en est une, mais tu es encore jeune. C'est pourquoi il te faut cette potion.
-Et qu'est-ce que je dois faire?
-Retourner dans le passé et battre notre ennemi.
-Vous croyez vraiment que je vais tout croire, comme ça, dans un claquement de doigt? ricanai-je.
-Tu es aussi impertinente que tes parents, soupira-t'elle. Si tu ne me crois pas, tu n'as qu'à penser très fort à l'époque où tu souhaites te rendre. Laisse juste ta magie se libérer.
-Je ne ferai pas...
-Fais-le, m'ordonna-t'elle froidement.
Pétrifiée, je finis par obtempérer.
-Mais attention! En échange de ton passage dans le temps, plusieurs personnes te suivront, même si c'est contre leur gré. Ce seront des personnes à qui tu tiens beaucoup.
Un violent vertige me prit sans prévenir.
-Bonne chance, Ivy Kerrid. N'oublie pas ce que je t'ai dit.
Je me sentis tanguer et heurter le sol. Les dernières paroles de Mme. Fayronn résonnèrent dans ma tête tandis que je tombais dans l'inconscience.

Solun Academy Tome 1: Le passé d'une sorcièreWhere stories live. Discover now