Petite Uma

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Les bombes frappaient le sol, et le bruit mortel des balles cinglait les oreilles de la petite Uma. Sous ses yeux, un spectacle d'horreur. Elle voyait ses frères et sœurs s'entretuer pour un morceau de pain, ou encore pour une graine de maïs. Certains étaient muselés, d'autre enchaînés aux pieds. Ils hurlaient tous, le visage torturé par la douleur et leur corps meurtri. Elle avançait alors en cette vision cauchemardesque. vêtue d'un linceul blanc : celui ci, fin comme la soie recouvrait ses seins, et, tel un voile, s'étendait jusqu'à son ventre effleurant ses chevilles. Les explosions sourdes tourmentaient mon être. Une autre femme non loin se tenait là, ensanglantée les yeux noyés par les larmes du chagrin et de la haine. Aussi, s'approcha-t-elle d'elle doucement. Celle-ci pointa sa dague vers son vulnérable corps. Surprise, elle s'exclama :
《Que fais-tu là, ma chère sœur ? Serais-tu prête à toucher la vie de ta semblable?》
Les yeux vides, elle baissa sa garde, puis lui murmura quoiqu'éssoufflée :
《L'on dérobe mon maïs sur ma propre terre !
- La terre est-elle devenue possession à tel point que têtes et corps jonchent le sol sacré? Fit-elle calmement.
- Si je me bats pour mes biens, je tuerai aussi ! Lui répondit-elle farouchement.
- Nous foulons la même terre, nous sommes nés de la même mère laquelle nous offre abondamment ce dont nous avons besoin : pour grandir, pour se nourrir, pour vivre pleinement..., rétorqua-t-elle.
- Ne te dresse point sur mon chemin, avant que je ne te tue sur ce champs. Déclara-t-elle sèchement, les yeux haineux.
- Je viens te tendre ma main d'amour. L'amour est richesse infinie. Et t'offrir ma maison : mon cœur. Comme l'eau qui coule depuis la nuit des temps, l'amour ruisselle au plus profond de notre âme afin d'abreuver notre prochain, commença-elle. je suis vulnérable et pauvre : pauvre de biens. Je ne vis nulle part : je marche continuellement car je sais par devers moi que ma maison c'est la terre. Ma famille, c'est toi, c'est vous. Et lorsque je vois ces véhicules dont on a volé violemment la vie : je suis triste. Finit-elle par dire.》
La jeune femme demeura silencieuse un instant avant de reprendre :
《Cela m'attriste tout autant que toi...Mais j'ai peur de perdre mes biens.
- Pourquoi t'accrocher à des biens si moindres? Ce que nous offre la vie à chaque instant n'est-il point plus beau et précieux que de piètres épis de maïs? Gronda-t-elle, avec une pointe d'amusement. Vois-tu, la peur enracine la violence. Regarde autour de toi...Cette même peur te divise de notre famille. La terre ne nous appartient nullement : pas même ce maïs que tu tiens au creux de la main. Cette croyance nourrit la haine, et ce que tu tiens là, dans ce poing serré : c'est la graine de la guerre.》
La jeune femme lâcha son arme soudainement.
-Ce que je veux signifier, c'est que la peur engendre la haine laquelle nous rend aveugle. Cela en devient une obsession synonyme de démence ; sémence maudite pour notre famille, finit par déclarer Uma.
- Mais qu'entends tu donc par famille? Questionna la jeune femme.
- J'entends l'humanité, répondit Uma, une larme à l'œil.

~Nora Isis

un jour, la Vie m'a raconté...Where stories live. Discover now