Chapitre 23 Luisa 3/3

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Je désire avant tout aider Maria. Elle ne mérite pas que son fils se comporte de la sorte avec elle, il faut absolument que je sache. Mais je ne pourrais l'aider, que si, je suis loin de cet appartement. Car pour la soutenir, il faut d'abord que je sois bien, pas constamment nerveuse de croiser son gamin de deux ans d'âge mental.

Il faut vraiment que je reprenne ma vie en main et surtout mes émotions. Ici, tout se mélange dans ma tête. Je n'arrive pas à déceler le vrai du faux, au point de m'en rendre malade.

Fabio est néfaste à mon bien-être. Il m'empêche d'être heureuse. Je dois partir. C'est dur, mais il n'y a pas d'autre solution. Je perds tous mes moyens avec cet imbécile, je ne suis pas assez résistante face à lui. Je redeviens la petit fille fragile d'il y a deux mois, qui se sentait dépasser par sa propre existence. Je veux revivre, et pour cela je dois me trouver un autre coin dans lequel je ne croiserais pas systématiquement mon impétueux et exaspérant voisin du second.

— Je vais être franche avec toi, poursuit-elle. Quand l'agence m'a appelé pour te recommander pour l'appartement, j'ai fait des recherches sur toi. J'ai découvert ce qui t'était arrivée et je me suis dit que tu pourrais faire du bien à mon fils, mais aujourd'hui je le regrette, car je n'ai pas pensé à toi.

Je ne m'étais pas trompée, certaines personnes savent qui je suis dans le quartier. Et Avo en fait certainement partie. J'aurais dû m'en douter. Il y avait bien trop de coïncidences.

— Maria, ne te sens pas coupable, tu croyais bien faire. Mais quelque soit la douleur, chacun la vit différemment. Le deuil est très aléatoire. Sur quelques personnes, il sera immédiat, et chez d'autres, il sera éternel. On ne peut rien y faire.

— Je sais mais...

— Il a besoin de temps, mais moi, je ne peux pas continuer ainsi. Il faut vraiment que je me remette au travail, ou sinon, je vais perdre la seule chose qui a encore un sens à ma vie, l'écriture.

Avec les nerfs en vrac, il m'est impossible d'avancer dans mon récit. Hier soir, quand je suis remontée à mon étage, je n'avais qu'une obsession en tête, trouver un moyen de faire payer Fabio pour son manque de tact et son impolitesse légendaire. Je ne parvenais pas à me concentrer sur mon roman. Je n'ai écrit aucune ligne depuis mon flagrant et surnaturel phénomène où mes doigts pianotaient sans que j'ai à les forcer. Ils étaient possédés. Une cinquantaine de pages sont sorties de cette incroyable et incontrôlable prestation. Et plus rien.

Je dois absolument récupérer mon calme intérieur, et pour cela, il me faut quitter mon appart, même si celui-ci m'apporte un peu de sérénité et de paix. Je m'y sens bien, comme à la maison. Tout ça, si je ne suis pas tourmentée par les sarcasmes et les insultes de mon voisin du second. C'est de lui que viennent tous mes déboires. Et pour les éliminés, je dois partir.

— J'ignorais que c'était à ce point là ? Tu nous as aidé à trouver une solution pour la boutique, alors que toi aussi tu as besoin qu'on te tende la main. Comment peut-on t'aider ?

— Me laissez partir, se sont les mots qui sortent de ma bouche, cela sonne à mes oreilles, telle une évidence.

— Tu vas beaucoup me manquer.

— Toi aussi. Mais je ne suis pas encore partie ? Il faut que je trouve un autre lieu ? l'informé-je avant de rester figer sur son doux visage quelques secondes, il me fait du bien. Bon, il faut que j'y aille !

Quitter cet appartement va me déchirer le cœur, je m'étais fait de réelles amies.

— Entendu ! Je dois également rouvrir la boutique, je ne vais tout de même pas la laisser fermer toute l'après-midi, même si la nuit dernière on a fait un bon chiffre.

— Je suis très contente. Mais je me demande, ce qui a fait que tant de gens se retrouvent, dans un même endroit, à la même heure ?

— L'important est que nous avons tout vendu. Le pourquoi, du comment, ce n'est pas ce qui m'intéresse, m'annonce t-elle avec son sourire habituel.

Je préfère la voir ainsi, même si c'est juste son visage de façade. Je le sais maintenant qu'elle cache sa souffrance derrière ce magnifique sourire, et ça lui va bien. Je ne m'attendais pas à moins venant d'elle. C'est une femme très forte ! Je l'admire.

— Tu as entièrement raison, dis-je en me levant du banc.

— A tout à l'heure ma belle.

Je la salue à mon tour et suis ma route, avant de faire marche arrière.

— Ah ! Tu pourras dire à Carla que ce soir j'ai un dîner, que je ne serai pas là à vingt heures, mais plus vers vingt deux heures ?

— Tu dînes avec Manu ?

Décidemment, les nouvelles vont bon train par ici.

— Oui, il est très charmant.

Je ne sais pas pourquoi mais je me sens mal à l'aise de lui parler de mon rendez-vous avec ce séduisant Manu.

— Bonne soirée. Et ne t'inquiète pas pour Carla, je resterais avec elle le temps que tu arrives, profite de ton dîner.

Ma gêne s'est soudainement envolée. Incompréhensible ! Mais elle est remplacée par un autre sentiment bien plus préoccupant.

— Merci. A ce soir, dis-je en partant en direction de la supérette, et sans rebrousser chemin cette fois-ci.

Pourquoi je me sens si mal tout d'un coup ?

J'ai l'impression de décevoir tout le monde en baissant les bras, mais il faut bien que je pense à moi, non ?

Ce n'est pas car j'ai décidé de partir que j'ai mis un terme à mon enquête. Je dois découvrir ce que cache Fabio derrière tous ses mauvais mots. Il se refuge dans sa colère pour ne pas sombrer. Je l'ai tout de suite deviné, après qu'Avo m'ait dévoilé quelques trucs le concernant. Il est sans arrêt mal à l'aise en ma présence, comme s'il me reprochait quelque chose et en même temps il ne savait plus quoi. Il donne l'impression d'être perdu !

Il est systématiquement sur la défensive avec moi, pourquoi ?

Il n'est pas ainsi, à y voir de plus près avec les autres, il se contente juste de les ignorer. C'est uniquement avec moi qu'il se comporte en véritable salopard.

Qu'est-ce que je lui ai fait ?

Je ne quitterais pas l'appart du troisième sans connaître le fin mot de l'histoire. Je n'ai pas supporté sa mauvaise humeur pour rien. Il faut à tout prix que Manu me confie son histoire. 





Publié le dimanche 10 septembre 2023

Voilà, c'était la fin de ce chapitre, comment l'avez vous trouvé ? 

On se retrouve la semaine prochaine pour la suite. 

Bon dimanche ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now