Recherches

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Prévalence:

L'échelle de Kinsey, créée par Alfred Kinsey après la seconde guerre mondiale, permet de placer les personnes sur une échelle de 0 à 6 et ceci en fonction de leur orientation sexuelle. L'échelle incluait l'hétérosexualité, l'homosexualité et différentes nuances de bisexualité. Kinsey mentionna aussi une catégorie qu'il nomma « X » pour les personnes qui n'avaient « pas de réactions ou de contacts socio-sexuels ». Selon les recherches de Kinsey, 1,5 % de la population masculine entrait dans cette catégorie. Dans son second rapport, consacré à la sexualité féminine, il mentionna à nouveau la catégorie « X » et il donna les chiffres suivants : femmes non mariées = 14-19 %, femmes mariées = 1-3 %, femmes qui avaient été mariées = 5-8 %, hommes non mariés = 3-4 %, hommes mariés = 0 %, hommes qui avaient été mariés = 1-2 %.

Des données empiriques supplémentaires sont apparues en 1994, lorsqu'une équipe de chercheurs a conduit une enquête approfondie par questionnaire sur 18 876 citoyens britanniques pour obtenir des informations sur leurs sexualités dans le contexte de l'épidémie de SIDA. L'enquête incluait une question sur l'attirance sexuelle, question à laquelle 1,05 % des enquêtés ont répondu qu'ils n'avaient « jamais été attirés sexuellement par quiconque ». L'étude de ce phénomène a été poursuivie par le chercheur canadien Anthony Bogaert en 2004 qui a repris les données de l'étude de 1994. Il a ensuite étudié les données démographiques de l'asexualité dans plusieurs études. Bogaert estime que le chiffre de 1 % ne reflète pas adéquatement la réalité et qu'un plus grand pourcentage de la population générale pourrait être identifié comme asexuel. Il appuie sa conclusion sur deux faits. D'abord, les personnes les moins expérimentées d'un point de vue sexuel ont tendance à moins répondre aux questionnaires sur la sexualité. Ensuite, 30 % des personnes contactées ont refusé le questionnaire dans le cadre de l'enquête en Grande-Bretagne. Bogaert conclut ainsi qu'il est probable que les asexuels étaient surreprésentés dans ces 30 % et donc sous-représentés dans les 70 %[13],[6]. À titre de comparaison, dans la même étude, le pourcentage de personnes homosexuelles et bisexuelles s'élevait à 1,1 % de la population, ce qui est bien plus faible que ce que d'autres études indiquent. Il faut noter cependant que d'autres recherches d'Anthony Bogaert ont été contestées dans le passé[réf. nécessaire] en raison de son implication dans une étude qui établissait un lien entre la race et les comportements sexuels sur une base évolutionniste. Cette étude qui a été largement débattue par la communauté scientifique a été décrite comme constituant un cas de racisme scientifique[réf. nécessaire].

Activité sexuelle et sexualité:

Tandis que certains asexuels se masturbent ou ont des relations sexuelles dans le cadre d'une relation intime, ce n'est pas le cas de tous. Les résultats d'une enquête parrainée en 2007 par l'institut Kinsey fait état d'un désir plus faible pour les relations sexuelles, ainsi que d'une plus faible excitabilité et excitation sexuelle chez les personnes qui s'identifient comme asexuelles. Cependant, leur degré d'inhibition sexuelle ainsi que leur désir de se masturber ne diffère pas de façon significative de la population non asexuelle.

Une étude de 1977 intitulée « Asexual and Autoerotic Women: Two Invisible Groups » de Myra T. Johnson est sans doute la première étude consacrée à l'asexualité chez l'être humain. Johnson définit les asexuels comme les hommes et les femmes « qui, indépendamment de leur condition physique ou émotionnelle, histoire sexuelle réelle, statut marital et orientation idéologique, semblent « préférer » ne pas s'engager dans une activité sexuelle ». Elle établit une différence entre les femmes autoérotiques et asexuelles : « Les femmes asexuelles [...] n'ont pas du tout de désir sexuel [alors que] la femme autoérotique reconnait un tel désir mais préfère le satisfaire seule ». Johnson utilise des lettres envoyées à des magazines féminins pour soutenir son propos. L'auteur estime que ces femmes sont « opprimées par le consensus selon lequel elles n'existent pas » et ignorées à la fois par la révolution sexuelle et le mouvement féministe. Soit la société ignore ou nie leur existence, soit elle insiste sur le fait que ces femmes doivent avoir choisi l'ascèse pour une raison religieuse ou neurologique, ou qu'elles sont asexuelles pour des raisons politiques.

Dans une étude publiée en 1979 dans Advances in the Study of Affect vol. 5 et dans un autre article utilisant les mêmes données, publié en 1980 dans le Journal of Personality and Social Psychology, Michael D. Storms de l'université du Kansas présente sa propre échelle, inspirée de celle de Kinsey. Il place l'hétéro-érotisme et l'homo-érotisme sur des axes séparés plutôt qu'aux deux extrémités d'une échelle. Cela lui permet de distinguer entre la bisexualité (qui présente à un degré égal les deux caractères homo-érotique et hétéro-érotique) et l'asexualité (qui présente un niveau faible ou nul de chaque attirance). Storms a conjecturé que des chercheurs suivant l'échelle de Kinsey pourraient catégoriser de façon erronée des sujets asexuels comme bisexuels, compte tenu de leur absence de préférence pour l'un ou l'autre genre.

La première étude qui a apporté des informations empiriques à propos des asexuels a été publiée en 1983 par Paula Nurius, dans une étude consacrée à la relation entre l'orientation sexuelle et la santé mentale. À la différence des études précédentes, elle utilise un modèle bidimensionnel pour caractériser l'orientation sexuelle. 689 sujets (la plupart d'entre eux sont des étudiants en physiologie ou sociologie dans des universités américaines) reçurent plusieurs questionnaires, dont quatre échelles de bien-être clinique. L'un de ces questionnaires demandait avec quelle fréquence ils s'engageaient dans diverses activités sexuelles et avec quelle fréquence ils souhaiteraient le faire. À partir de ces résultats, les personnes ayant répondu aux questionnaires se sont vus attribuées un score entre 0 et 100 d'hétéro-érotisme et un score entre 0 et 100 d'homo-érotisme. Les répondants qui ont reçu, dans les deux cas, un score inférieur à 10 entraient dans la catégorie « asexuel ». Il s'agissait de 5 % des hommes et de 10 % des femmes. L'étude a montré que les asexuels étaient plus enclins à avoir une faible estime d'eux-mêmes et à souffrir de dépression. 25,88 % des hétérosexuels, 26,54 % des bisexuels, 29,88 % des homosexuels et 33,57 % des asexuels présentaient d'après l'étude des problèmes d'estime d'eux-mêmes. Une tendance similaire existait pour la dépression.

Bien que la comparaison entre les humains et les autres espèces animales soit problématique, une série d'études a été menée sur les préférences sexuelles des moutons par le United States Sheep Experiment Station depuis 2001. Cette étude a montré que 2 à 3 % des animaux étudiés n'avaient apparemment pas d'intérêt pour les activités sexuelles avec l'un ou l'autre sexe. Les chercheurs ont classé ces animaux comme asexuels. Ils les ont trouvés en bonne santé, sans différence dans le niveau d'hormones avec les autres sujets.

Un article plus récent intitulé « Nouvelles orientations : l'asexualité et ses implications pour la théorie et la pratique », écrit par Karli June Cerankowski et Megan Milks, suggère que l'asexualité pourrait devenir une question à part entière pour les études de genre et de sexualité. Les auteurs estiment que l'asexualité suscite un certain nombre de questions, en particulier autour de la manière dont l'idée d'une sexualité radicale ou libératrice est articulée dans les différents courants cités plus haut.

Texte venant du site :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Asexualit%C3%A9

C'est quoi l'asexualité ? Where stories live. Discover now