Prologue

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- Hummm, ce que t'es bonne, toi !

Oui, tu l'as déjà dit pèpère... Bon, c'est quand tu veux pour ta promesse de me faire grimper aux rideaux.

Allongée sur le siège arrière de son SUV ultra-chicos, l'homme entreprend de m'ôter mon jeans skinny. Je me demande encore pourquoi j'ai accepté de le suivre dans sa bagnole hors de prix, d'autant plus que, physiquement, il ne me plait pas tant que ça. Je le classerais volontiers dans la catégorie « passable ». Si je ne m'étais pas enfilée cinq mojitos en un temps record, je ne l'aurais même pas remarqué. Bon, pour ma défense, il fait une chaleur du feu de Dieu et les cocktails habilement servis par le beau barman se boivent comme de la limonade ! Je reconnais que j'ai légèrement exagéré, ce soir, et il était inutile de compter sur mon amie Fanny pour calmer mes ardeurs.

Ah, Fanny ! C'est ma pote de sortie. Depuis que je me suis fait larguer après sept ans de vie commune, elle s'est auto-proclamée Marraine La Bonne Fée. Comme dans Cendrillon. Exactement. Sauf que, dans mon histoire, il n'y a pas de prince charmant à la fin du conte et encore moins de happy end. Eh non, dans le récit de ma triste vie, les mecs sont tous des salauds et il semblerait que l'amour ne soit pas fait pour moi.

Fanny a donc jugé qu'après mes sept ans d'emprisonnement, j'avais le droit - que dis-je - le devoir de m'amuser et, surtout, d'essayer différents modèles. Inutile de préciser de quel modèle il s'agit, n'est-ce pas ? Je suis certaine que vous êtes sur la même longueur d'ondes que moi et, pour celles qui auraient tout de même un léger doute, sachez que je ne parle pas de paires de chaussures, ni de soutien-gorge. Non, le modèle dont il est question ici se dégote exclusivement chez la gent masculine, environ quinze centimètres sous le nombril. Chez certains hommes, vous pouvez même suivre la ligne de poils qui vous indique très clairement la direction à prendre. Et, si vous avez la chance de coincer un spécimen musclé, il est très probable qu'il dispose de la célèbre ceinture d'adonis, ce petit V incroyablement bien placé qui pointe vers le bas, vous indiquant, telle une flèche, la cachette secrète de la bête.

Après deux mois à pleurer comme une madeleine, j'ai finalement laissé mon amie m'emmener en boîte avec elle. Bon sang, moi, en boîte ! Qui l'eût cru ? La première fois, je ne me sentais franchement pas à ma place. Tous ces corps qui se trémoussaient, toutes ses mains qui se perdaient sur un fessier, une paire de seins ou un renflement dans le pantalon, ce n'était pas pour moi. J'avais une vie rangée, sérieuse, tranquille... monotone. Mais ça me convenait, croyez-moi !

Et puis, j'ai appris que Scott était en couple. L'enfoiré. Deux mois seulement après notre rupture, il m'avait déjà remplacée. Visiblement, j'étais la seule à m'étonner de la situation. Mes amies m'ont dit que, justement, il avait pris son temps. Parait-il qu'il n'y a pas de meilleure solution pour oublier une ex que de s'envoyer en l'air avec une autre gonzesse. J'espère que ça lui a réussi. Ou plutôt, non. J'éprouve plus de satisfaction à imaginer qu'il ait eu un problème de levier. Dans tous les cas, cette découverte m'a fait l'effet d'une bonne gifle, de celles qui font un mal de chien et qui laissent une belle trainée rouge sur la joue. Moi aussi, il fallait que je l'oublie dans les bras d'un autre. Peu importe qui, du moment qu'il n'était pas trop moche et qu'il avait de quoi remplir son office. Vous pensez peut-être que j'y vais un peu fort. Auparavant, j'aurais trouvé un tel comportement choquant et peut-être pas des plus adéquats mais j'ai décidé de changer.

Avant de me faire jeter comme une vieille chaussette trouée, j'étais pure et innocente, je n'avais fait l'amour qu'avec Scott et cela me comblait parfaitement. Il était mon premier petit ami et aurait dû le rester. Je n'ai jamais éprouvé le besoin d'aller vérifier si l'herbe était plus verte ailleurs. Je me contentais de ce que j'avais, tout simplement.

Cependant, depuis quelques semaines, je suis une autre femme, ce qui m'amène à la situation présente. Situation que j'en viens peu à peu à regretter.

J'ai beau me creuser les méninges, je ne parviens plus à me souvenir du prénom de celui qui a la tête entre mes jambes en ce moment-même. Mais qu'est-ce qu'il fabrique avec sa langue ? Bon Dieu, on dirait un veau qui tète le pis de sa mère. Sa façon de procéder est franchement dégoûtante ! Normalement, cette pratique sexuelle est censée être agréable, non ? Bon, pas que j'en sache grand-chose, en réalité. Scott a essayé une fois mais il a vite rebroussé chemin devant l'odeur de - je le cite - morue en décomposition. Pourtant, j'avais pris une douche juste avant et je m'étais récurée les parties intimes avec du savon prévu à cet effet. Bref, c'était mon seul et unique essai de cunnilingus. Je n'ai plus jamais osé lui demander de recommencer et vous pensez bien qu'il ne s'est plus jamais proposé. Quelle injustice, tout de même ! Quand je pense que, moi, je ne rechignais jamais à porter ma bouche jusqu'à cet endroit qui, vous en conviendrez, ne sent pas toujours la fraicheur d'une matinée de printemps... Avec le recul, je me dis que j'ai été bien bête de lui octroyer ce plaisir sans rien demander en contrepartie.

Alors, quand le mâle ici présent a suggéré de m'embrasser là, tout en bas, j'ai accepté. Osé, vous vous dites ? C'est vrai, mais n'oubliez pas que je me suis enfilée une sacrée dose d'alcool juste avant. Ma capacité de réflexion s'en trouve donc un peu voilée par les vapeurs de menthe et de jus de citron. Néanmoins, face à cette démonstration atroce qui ne me procure pas la moindre once de plaisir, je sens l'alcool quitter peu à peu mon organisme, ma capacité de réflexion prenant le pas sur mes impulsions primales.

Je me redresse d'un bond et frappe la tête du mec qui parait encore plus bourré que moi. Il me regarde avec cet air complètement ahuri propre à ceux qui auraient mieux fait de boire de l'eau. Je resserre mes genoux, attrape mon tanga et mon jeans avant d'ouvrir la portière de sa voiture.

- Hey, tu vas où ?, bafouille-t-il.

T'en as encore un peu au coin de la bouche, mec... Beurk !

- Je me casse. La prochaine fois que tu proposes une minette à une femme, assure-toi de savoir la faire correctement !

Sans attendre sa réponse et devant son air interloqué, je referme la portière et me précipite dans le bar où la musique me donne la migraine. Je crois qu'il est temps de rentrer. Cette soirée est un véritable fiasco.

Je repère facilement Fanny installée sur les genoux d'un homme franchement quelconque qui m'accueille avec un large sourire.

- Déjà fini ?, s'étonne-t-elle.

- Ouais, je vais rentrer. Tu restes encore ?

Elle jette un œil au brun sur lequel elle est à moitié affalée. Il lui lance un sourire qui se veut, j'imagine, ultra-sexy avant de mordiller l'épaule de mon amie. Hum, homme des cavernes, bonjour !

- Je crois que je vais encore rester un peu, décide-t-elle, finalement.

- O.K. Je prends un taxi, je t'appelle demain.

- Bye Amanda !

Elle me fait un clin d'œil avant de rouler une pelle phénoménale à son amant d'un soir. Quant à moi, je me rue rapidement vers la sortie, espérant ne plus croiser la route du mec à la langue de bœuf. Je sors mon portable pour appeler un taxi et il ne me faut pas attendre plus de dix minutes avant de le voir débouler. Je m'y engouffre avec soulagement, lui précisant l'adresse de mon domicile qui se trouve à une vingtaine de minutes d'ici.

Une fois la course réglée, je me réfugie sous la douche pour me débarrasser de la salive de l'autre imbécile et m'écroule ensuite sur mon matelas Ô combien moelleux mais aussi Ô combien vide.

Attise-moi... si tu peux (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant