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- Bon on va faire autrement, commença Louis. Tu vas garder en tête l'image de ton loup. Celle de l'esprit que tu as vu pendant ta transformation. Je pense que c'est en lui que tu vas te transformer.

Nous étions de nouveau sortis après deux heures de repos. Louis avait décidé de changer de tactique. Tout d'abord il s'était éloigné de quelques pas. Puis il avait laissé tombé l'idée de la colère. Je devais à présent me concentrer seulement sur mon loup. Gabriel pense que ma transformation en animal, ne dépend pas de mon rythme cardiaque mais de ma volonté. Toujours d'après lui il suffit simplement que j'en ai envie.

Je fermai alors mes yeux et imaginai un loup. Un loup gris aux taches brunes sur les yeux et les oreilles. Je concentrai toute ma volonté sur cet animal. Je pensai à tous les moments où j'avais voulu aller galoper avec Louis dans les bois.

Ma peau commença à me piquer, mon coeur à s'accélérer et mes muscles à se contracter. D'un coup tout redevint normal. J'ouvris les yeux. Louis me regarda, ébahi. Quoi ? Je me suis encore trompée ? Je me retournai pour regarder mon reflet dans la vitre.

Oh !

J'étais bel et bien un loup. Mais un loup énorme. Un loup blanc -Louis- se plaça à mes côtés et étudia nos reflet quelques instants. Je devais faire à peu près le double de la taille de son loup.

- Tu m'entends ?

Je sursautai. Cette voix avait raisonnée dans ma tête.

- Apparemment oui. Ne panique pas. C'est Louis. Les loups garrous peuvent parler par télépathie quand ils sont transformés. Et maintenant je sais que toi aussi. Vas-y essaie de me dire quelque chose.

Je tentai d'assimiler se qu'il me disait. J'étais capable de l'entendre penser ? Et lui entendait-il tout ce à quoi je pensais présentement ?

- Euh... coucou ?

Sa gueule se tordit. Je pris ça pour un sourire.

- C'est très impressionnant en tout cas.

Il m'observa encore de la tête aux pieds. Il devait faire référence à ma taille.

- Pourquoi suis-je aussi grande à ton avis ?

- Je n'en ai aucune idée, répondit-il. Ça te dit d'aller courir ?

- Et si on croise quelqu'un ?

C'est vrai que si on croisait quelqu'un il risquait de mourir d'une atteinte cardiaque. Déjà que croiser des loups dans la région était exceptionnel alors croiser une louve géante !

- On ne croisera personne. Sert toi de ton odorat et de ton ouïe.

- D'accord.

Sur ce il partit en courant. J'essayai de le suivre mais je peinai. Il était beaucoup trop rapide pour moi.

- Louis !

Il ralentit puis s'arrêta.

- Ça va ? demanda-t-il.

- Je crois que je n'ai pas la vitesse d'un loup garou.

- Oh... eh bien je vais courir moins vite alors.

Je tentai quelque chose qui devais être un sourire. Et je crois qu'il essaya de me le renvoyer. C'était tellement bizarre d'être dans un autre corps. J'avais mes habitudes et mes gestes humain mais je ne pouvais pas les faire étant loup. C'était assez frustrant.

- Ça ne te dérange pas d'être loup des fois ? demandai-je. Je veux dire que quand je veux faire un geste et que je me rends compte que je ne suis pas humaine et que ça ne marche pas ça me frustre.

- Non je n'ai pas cette impression. Mais moi je suis habituée depuis ma naissance alors que toi c'est ta première transformation.

- Ouais...

- On continue ?

- Oui.

Et on se remit à courir. Plus doucement cette fois-ci.

※※※※※※※※※※※※

- Ça fait tellement de bien, soupirai-je.

On riait aux éclats en repensant à notre course à travers les bois. Nous avions croisé plusieurs animaux dont je ne soupçonnais pas la présence. C'est fou comme, humain, nos sens sont très limités et handicapant. Alors que maintenant je voyais la forêt autrement. Je voyais chaque détails, chaque insectes, chaque couleurs... j'avais entendu aussi. J'avais entendu un faucon -ce rapace silencieux- voler plusieurs dizaines de mètres au-dessus de moi. J'avais entendu un lapin creuser son terrier. J'avais entendu le vent siffler dans mes oreilles tout au long de ma course. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien. Il était là le sentiment de liberté auxquels j'aspirais tant.

Mon corps humain à présent retrouvé, j'avais tout de même conservé mes sens. Certes ils étaient moins développés mais néanmoins supérieurs à ceux d'un humain normal.

- Oui ! Tu te rappelle du cerf comment il nous a regardé ?

Je ris à nouveau. Nous avions croisé une harde de cerf. L'un d'eux buvait dans un cours d'eau. Quand il nous a entendu, il a levé la tête et nous a fixé quelques secondes. On aurait dit qu'il était incertain de savoir à quoi il avait à faire. Mais la frayeur traversant ses yeux l'avait trahi puis il avait aussitôt décampé.

Nous étions à présent rendus dans sa chambre. Il s'arrêta de rire et se plaça face à moi. Ses mains se posèrent sur mes hanches et son regard resta bloqué sur le mien. Je mis mes mains derrière son cou et approchai mon visage du sien. Ses lèvres touchèrent les miennes et il m'embrassa. D'abord doux, j'accentuai le baiser. Sa langue glissa sur ma lèvre inférieur. Je frissonnai. Ses doigts émirent une pression sur mes hanches tandis que les miens tirèrent légèrement ses cheveux. Nous nous éloignâmes, à bout de souffle mais il appuya son front au mien.

- Je t'aime, murmurai-je.

Il sourit.

- Ai-je bien entendu ? plaisanta-t-il.

Je ris.

- Je t'aime aussi, me dit-il sérieusement.

Il déposa un rapide baiser sous mon oreille et m'entraîna jusqu'à son lit.

- Bon, on a pas vraiment eu le temps la dernière fois, alors veux-tu jouer aux cartes ?

La dernière fois... je me remémorai la nuit où Matias avait essayé de me tuer. Rien que d'y penser ça me donnait la chaire de poule. Je crois que je ne pourrais plus avoir confiance en lui. En même temps qui aurait confiance en quelqu'un qui a voulu sa mort ? Pas moi en tous cas. Je secouai la tête comme pour chasser ces pensées de mon esprit.

- Oui je veux bien.

Il prit un jeu de carte sur l'une des nombreuse étagères, les sortit du paquet et commença à les mélanger. La porte s'ouvrit mais ayant entendu des pas se diriger vers nous, je ne fus pas surprise. Encore quelque chose de pratique avec des sens décuplés.

- On joue ! lança Jade en entrant dans la pièce, suivie d'Eléna et Olivia.

LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant