Tears of Twilight

Chapitre 2

Cela fait plusieurs jours que la petite famille s'est installée dans une maison au milieu d'un village. Une maison entourée de barrières et d'un portillon, le tout recouvert de magnifiques roses rouges. Assez ironique lorsqu'on sait ce qui recouvre actuellement leur ancienne cabane. La jeune femme, aujourd'hui prénommée Ashlyn, regardait les villageois se balader devant l'habitat avec envie. Pendant que les jumeaux, dont les noms provisoire étaient Oren et Lazlo, jouaient avec des animaux de bois que leur mère, appelée pour le moment Auréline, leur avait ramené lors de ses dernières courses. Les trois enfants n'avaient plus le droit de sortir, seule Auréline le faisait en cas d'extrême nécessité et ramenait toujours, comme à son habitude, des jeux pour les jumeaux et des livres pour sa fille. Elle avait d'ailleurs dit aux villageois que ces enfants avaient une maladie dangereuse qui les obligeait à rester chez eux, pour ne pas éveiller la curiosité des habitants et des commères à la recherche de potins à se mettre sous la dent.

Ashlyn s'interrogeait quand sa mère allait enfin tout lui raconter. Elle passait énormément de temps au sous-sol, et lorsqu'elle en sortait, elle évitait tout sujet en rapport avec leur ancien toit. Mais un jour, où Auréline était sortie, Ashlyn en eut assez et descendit au sous-sol après avoir réussi à endormir les jumeaux. Elle ouvrit la porte qui, a sa grande surprise, n'était pas fermé à clé. Elle se demandait si sa mère l'avait fait exprès ou si elle avait été de nouveau discrète comme l'autre jour. Elle entra dans la pièce, découvrit des étagères remplies de livres et, au milieu de cette petite bibliothèque, une table sur laquelle étaient posés des fioles vides et un bol sale. Elle prit le récipient dans ses mains et renifla son contenu. Soudain, les meubles se mirent à tourner autour d'elle, l'objet tomba au sol, elle tenta de s'agripper à la table, mais perdit l'équilibre et chuta elle aussi. Elle sentait ses yeux se fermer. Mais une fraction de seconde plus tard, elle les rouvrit crut apercevoir sa génitrice en bas des escaliers de la cave, la toisant.

Auréline porta sa fille jusqu'à sa chambre, et la déposa délicatement sur son matelas. La chambre de sa fille était différente de son ancienne, elle était plus petite et avait des couleurs rosées, et non vertes comme dans l'autre. Elle observa sa fille et caressa doucement sa joue.

— Il fallait bien que ça arrive un jour, le danger commence à être trop important, il faudra que vous appreniez à vous défendre, comme je le redoutais... soupira-t-elle.

Auréline n'avait toujours eu qu'une chose en tête : protéger ses enfants, et tout faire pour qu'un jour ils puissent vivre en paix. Mais, visiblement, c'était impossible, le monde entier semblait vouloir l'empêcher de vivre normalement avec sa famille, qui avait déjà assez perdu par le passé. Cela faisait déjà plusieurs fois qu'elle employait toute les solutions possibles pour les protéger, mais rien ne fonctionnait, ils les retrouvaient toujours. Plus de dix ans qu'elle essayait sans relâche, de leur raconter et de leur apprendre.

Ils étaient repérés, elle devait les cacher sans que personne ne connaisse leurs existences. Ils étaient repérés, elle devait effacer tout souvenir de ces dernières années et les remplacer sans leur raconter toute l'histoire. Ils étaient repérés ! Elle ne savait plus quoi faire, elle avait promis à sa fille de tout lui avouer, mais elle n'était pas sûr de pouvoir, ça ne leur avait pas réussi la dernière fois. Ce qu'elle pouvait faire, du moins, c'était de débloquer leur Don et leur enseigner, dans le plus grand secret, à s'en servir. Elle avait donc concocté la potion qui allait redonner à sa fille sa magie d'antan. Bien évidemment qu'elle avait fait exprès de ne pas fermer la porte à clef. Elle avait prétexté se rendre dans le village pour remplir le garde-manger, en réalité elle avait juste attendu que sa fille, un peu trop curieuse, cède à son désir de savoir, que sa mère connaissait trop bien.

Oren ouvrit doucement les yeux, il se levait sur ses deux petits pieds, et regardait son frère Lazlo dormir, dans son petit lit à barreaux identique au sien.