Comme une lame chauffée à blanc dans la gorge, elle n'arrivait plus à déglutir. Les larmes roulaient toutes seules et elle ne s'entendait pas pleurer, comme si son corps tout entier était devenu muet par la peur. Ce récit glaçant et narré sans aucune once d'émotions termina de lui arracher le cœur.

  - Faites votre choix avant l'aube, claqua-t-il en la relâchant froidement. Vous avez le choix entre moi ou la mort. C'est à vous de choisir.

Dépourvue de force, anéantie et brusquement assaillie de pensées terrifiantes, Bella leva sa main dans le vide dans l'espoir de le retenir.

  - Attendez ! S'il vous plaît !

Les doigts agrippés à sa chemise, elle exhala un soupir tremblant en plongeant son regard sur ce qu'elle pensait être son visage.

  - Je reste, lâcha-t-elle d'un souffle court et bloqué par une douleur logée dans la gorge. Je vous obéirais, je cesserai de vouloir m'enfuir...je reste avec vous.

Ce choix elle ne venait pas de le prendre sur un coup de tête, mais parce que le mafieux pourtant acerbe et impitoyable était le seul à pouvoir inverser le cours de son destin. Impitoyable, sadique, et agile de sa puissance, il était le seul à pouvoir la protéger et il était temps de se faire une raison avant que la peur ne la pousse à se tourner vers la mort.

Ce qu'il venait de lui dire et de façon cruel confirmait sa monstruosité, mais ne valait-il pas mieux se donner à lui plutôt qu'à un autre ?

  - Êtes-vous sûre ? Car c'est la dernière fois que je vous laisse la possibilité de choisir. La prochaine fois, je vous largue au port sans la moindre pitié.

  - Oui, murmura-t-elle en lâchant sa chemise.

  - Parfait, dit-il froidement. Rallongez-vous maintenant.

Elle s'allongea en ressentant une douleur dans le dos, sans doute provoquée par la crispation de son corps.

   - La journée de demain va sans doute être longue.

Le matelas reprit sa forme lorsqu'il se leva et il quitta la chambre, mais cette fois-ci il ferma la porte.

Bella ne savait plus quoi penser ni comment agir. Elle avait l'impression de ne plus posséder son corps et encore moins son esprit. Fermer les yeux et dormir ? Elle en fut incapable, et ce jusqu'à l'aube.

Le lendemain, Massimo qui se trouvait à quelques mètres de la voiture, regardait avec humeur Vincenzo qui marchait vers lui, deux cafés dans les mains. Il jeta sa cigarette par terre en glissant un regard à la jeune femme qui attendait près de la voiture.

   - Alors ? Demanda Massimo d'une voix rêche.

   - Alors je l'ai emmené dans l'hôpital le plus proche comme tu l'as ordonné, et je me suis assuré qu'il ait bien saisi ton message.

    - Je pense qu'il la saisit, dit-il en mettant ses lunettes de soleil. Il lui sera difficile de dire quoique ce soit maintenant que je lui ai coupé la langue.

     - N'oublie pas qu'il a des mains, précisa Vincenzo en s'adossant au mur de la maison.

     - Et c'est bien pour ça que je l'ai menacé de les lui couper si jamais il s'en servait pour écrire sur ce qu'il s'est passé ce soir.

Un rictus sombre creusa sa bouche entourée d'une barbe plus longue.

      - Il a bêtement pensé qu'il pourrait s'en sortir alors qu'il participe depuis des années à un trafic de femmes. Il les traque en se faisant passer pour un guide touristique et ensuite les prend en photos pour les envoyer à son patron. Qu'il s'estime heureux d'être encore en vie.

Prisonnière de la mafiaWhere stories live. Discover now